Bernard tapie brandissant une chaussure Adidas, avant les problèmes judiciaires. © GEORGES GOBET/BELGAIMAGE

Tapie virtuellement en faillite

L’homme d’affaires français est cité le 4 décembre devant le tribunal de commerce de Bruxelles pour une déclaration en faillite de deux de ses sociétés belges. L’affaire sera probablement remise.

Portant les stigmates de sa chimiothérapie mais l’allure combative, Bernard Tapie s’était présenté en personne, le 25 octobre dernier, devant le juge des saisies du tribunal civil de Bruxelles. L’homme d’affaires français et ancien ministre de François Mitterrand venait contester la saisie de ses biens ordonnée par la justice française en Belgique comme en France ou à Hong Kong. Le litige Adidas – Crédit lyonnais est définitivement tranché. Tapie doit donc procéder au remboursement des 404 millions d’euros que l’Etat français lui avait versés après l’arbitrage frauduleux de 2008 portant sur la revente d’Adidas par le Crédit lyonnais, alors propriété de l’Etat.

En soulevant le capot de ses sociétés GBT Holding et Aircraft Management Services, toutes deux basées à Watermael-Boisfort, la justice belge a-t-elle découvert des horreurs ? Leurs comptes sont manifestement dans le rouge depuis un certain temps. Le parquet de Bruxelles a décidé de les citer devant le tribunal de commerce, le 4 décembre, pour les déclarer en faillite.  » L’affaire sera remise, prédit Martin Hissel, du barreau d’Eupen, qui représente les intérêts de l’homme d’affaires français, avec le spécialiste belge du droit européen Jean-Louis Dupont. La justice s’est précipitée sans tenir compte du fait qu’il y avait des recours introduits dans le cadre de la saisie des biens de Bernard Tapie en Belgique. Le dossier devant le juge des saisies a été mis en continuation jusqu’au 24 janvier prochain.  »

Selon Martin Hissel, le parquet de Bruxelles a jugé que, vu la hauteur des sommes réclamées par l’Etat français dans l’affaire du Crédit lyonnais, les deux sociétés de Bernard Tapie étaient techniquement en faillite. D’où sa citation du 4 décembre.

Opération ralentissement ?

GBT Holding est la maison mère de toute la galaxie Tapie. Elle dispose d’un capital de 215 441 000 d’euros et son bénéfice (384 611 euros) a chuté de 56 % en 2016. En France, la justice a demandé l’avis du parquet pour saisir le contrat d’assurance-vie de 180 millions d’euros souscrit par GBT au bénéfice de Bernard Tapie.

AMS est la  » compagnie aérienne  » que le Français avait créée pour gérer l’avion Bombardier qu’il s’était acheté (18 millions d’euros) avec l’argent obtenu de l’Etat français. Possède-t-il toujours cet appareil évalué aujourd’hui à 15 millions d’euros ou l’a-t-il revendu ? En tout cas, il ne l’a pas mis en garantie auprès de la justice française comme il l’a fait récemment avec ses autres biens.

Avec son fils Laurent, Bernard Tapie possède encore une autre société en Belgique, GBT Events, située à la même adresse que les précédentes, elle aussi en difficulté. Cependant, à ce stade, il n’est pas question de faillite. La venue de Bernard Tapie à Bruxelles, le 25 octobre, s’inscrivait manifestement dans une démarche visant à ralentir le cours de la justice. Ses conseils ont demandé au juge des saisies de poser des questions préjudicielles à la Cour de justice de l’Union européenne avant de prendre toute autre décision. Ils considèrent, en effet, que, dans l’affaire Adidas, le Crédit lyonnais aurait violé plusieurs dispositions du droit public européen.

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