Sous les pavés…

Votre article évoquant l’interpellation parlementaire concernant l’utilisation de pierres irlandaises dans le grand projet du piétonnier bruxellois ( Le Vif/L’Express du 12 avril) met opportunément l’accent sur les dérives des marchés publics d’aménagement en Région bruxelloise, mais les premières phases des travaux du quartier de Brouckère ne sont que la partie émergée, certes emblématique, d’un immense iceberg qui plonge ses racines dans tous les chantiers bruxellois. En même temps a lieu la grandiose rénovation de l’avenue Franklin Roosevelt. Là, ce sont les pierres du Shandong, province chinoise au nord-est de Beijing, et les pavés dits de Kandla, qui ont la part belle. Kandla n’est que le port d’embarquement, la région d’extraction est Budhpura, en Rajasthan – carrières qui ont fait naguère l’objet d’enquêtes détaillées de la part de la presse néerlandophone. Les conclusions étaient tellement scandaleuses (exploitation anarchique des ressources, travail des enfants, risques sanitaires liés à la silicose) que des villes comme Malines et Gand ont déclaré spontanément ne plus avoir recours à ces pavés indignes. La Belgique était autrefois réputée pour la maîtrise des revêtements de sols extérieurs en pierre dont faisaient preuve ses fonctionnaires – Voltaire disait que, depuis les Romains, les chaussées belges étaient les plus durables ! On en est loin : souci absurde d’économies à court terme, prescriptions laconiques, contrôles inexistants, méconnaissance de ces sujets par les fonctionnaires, volonté de profit immédiat des entrepreneurs, tout concourt à cette Bérézina des sols urbains, à une déplorable banalisation de nos rues et places et, bien entendu, à une incroyable gabegie de deniers publics !

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