Les Marécottes: domaine minuscule et enneigement garanti. © PG

SI DÉLICIEUSEMENT TRANQUILLE

Vous en avez assez de ces domaines skiables comptant des centaines de km de pistes où des milliers de skieurs se pressent aux remontées ? De ces immeubles d’appartements en béton qui gâchent un paysage magnifique ? Voici quelques petits domaines méconnus dont le  » charme authentique  » n’est pas un slogan marketing vide de sens.

TSCHIERTSCHEN (SUISSE)

Le nom de cet endroit est imprononçable, mais comme il est beau et tranquille ! Tschiertschen révèle une authenticité absolue. Le chemin qui y mène depuis Coire, dans la montagne, est étroit et raide et a pour destination finale le centre du village. Tschiertschen se trouve dans le canton des Grisons, à 1 350 m d’altitude. Grâce à son orientation, il bénéficie d’un maximum de soleil et d’excellentes conditions climatologiques. C’est grâce à son accessibilité difficile que le village est resté d’une taille modeste et qu’il semble bien que le temps s’y soit arrêté. La nostalgie y règne en maître. Nous n’avons pas à chercher notre hôtel : il n’en existe que quelques-uns et les rares voitures qui s’engagent ne passent pas inaperçues. Un plan des pistes s’avère également superflu : 11 pistes et 4 remontées, des chiffres que nous pouvons retenir. Dans le domaine, il n’y a pas grand monde. Ici et là, on voit une personne profiter du soleil sur une terrasse. L’été, le guide qui nous accompagne pendant ces quelques jours est éleveur. Dans une des pentes que nous abordons à sa suite, nous nous arrêtons à l’une de ses étables pour nous assurer que les bêtes ne manquent de rien.

Une station de ski sans trop de skieurs, cela signifie qu’il n’y a pas de files d’attente et que les pistes sont parfaitement préparées pendant toute la journée. Nous nous rendons d’emblée au point le plus élevé du domaine. Une fois au sommet du Gürgaletsch (2440 m), nous parcourons à grande vitesse l’entièreté du domaine et les quelques km de pistes défilent rapidement sous les skis et snowboards. Il fait délicieusement calme, les descentes sont longues, les vues incomparables. Nous profitons pleinement d’un paysage à couper le souffle. Mais le Gürgaletsch nous réserve encore d’autres surprises : une courte balade et nous voilà dans un véritable paradis du hors-piste. Nous dévalons sur les longues pentes de l’Alp Farur et du Spinazman. Ou nous plongeons de l’autre côté – loin des pistes – vers le bas. Nous filons sur de vastes surfaces de poudreuse immaculée, nous sautons par dessus des clôtures, nous nous frayons un chemin à travers bois et arrivons dans un véritable domaine skiable – Churwalden – avec foule et remontées. Nous suivons les pistes de Churwalden en direction de Parpaner Schwarzhorn, nous nous apprêtons à une courte promenade et, par le col de l’Urdenfurggli, nous nous retrouvons quelques heures plus tard à Tschiertschen.

La station a fusionné avec Praden, ce qui ouvre de nouvelles perspectives. La descente somptueuse et entièrement déserte, mis à part un couple de chamois, est ravissante. Un système de bus ponctuel nous ramène à notre point de départ. Tschiertschen n’est connu que des seuls initiés, et c’est très bien ainsi. Nous ferions donc mieux de ne pas en parler, mais bon, nous sommes d’une nature généreuse…

LES MARÉCOTTES (SUISSE)

Tout en haut de Martigny, en Suisse, se trouve Les Marécottes, un minuscule domaine skiable familial. 4 remontées et quelques pistes, une poignée d’hôtels et autant de cafés, mais un terrain de jeu fantastique pour le skieur ou l’amateur de snowboard expérimenté. Les frères cinéastes Falquet en ont fait leur base et Jérémie Heitz, coureur du Freeride World Touret amateur de descentes extrêmement raides (ne manquez pas son film La Liste), y est né et y a grandi. De ce fait, Les Marécottes a perdu son caractère secret mais, pas de panique, il y règne toujours une douce tranquillité.

Le seul moment où nous devons faire 10 secondes de file à une remontée, c’est pour laisser passer l’école qui y suit des cours de ski. Nous avons rendez-vous avec Raphi Richard, le seul guide de la station. Un statut qui présente des avantages et des inconvénients :  » Je suis chargé de la sécurité de la station et dois constamment contrôler toutes les descentes. C’est souvent un gros boulot après une chute de neige. L’avantage, c’est que je peux toujours effectuer les premières traces. « Et il vient précisément de tomber de la neige toute fraîche…

Pendant le petit-déjeuner, ses anecdotes nous mettent d’humeur enthousiaste. La neige se révèle fantastique. Nous nous amusons comme des gamins sur un terrain de jeux désert. Les pistes s’avèrent relativement faciles et – particularité – elles fonctionnent parfaitement sans installations de neige artificielle. Le souci de durabilité occupe ici une place de choix. Il faut dire que la situation des Marécottes joue un grand rôle : l’enneigement y est garanti.

Vous désirez un peu plus d’action ? Nous tirons Raphi par la manche et nous partons pour La Golette, l’autre face du domaine, d’une incroyable beauté. Place à du pur freeride sur un terrain très varié. Ou à une descente des 7 km de piste de luge. Afin de reprendre notre souffle, nous savourons sans réserve les pistes de ski de fond ou allons nous promener sur raquettes dans des paysages envoûtants. Les Marécottes, village pur et authentique, séduit par son charme. Le domaine skiable, modeste mais très attachant, offre au skieur aguerri un potentiel incroyablement varié.

BONNEVAL-SUR-ARC (FRANCE)

25 km de pistes, 11 remonte-pentes dont la plupart en tire-fesses, pas de funpark et un lieu niché au bout de la vallée de la Haute Maurienne. Nous sommes pourtant tombés amoureux de l’un des plus beaux villages de France. Tant en été qu’en hiver, Bonneval-sur-Arc est un modèle d’authenticité, avec des maisons de pierre et de bois et d’adorables ruelles.

C’est avec plaisir que nous vous recommandons par exemple le hameau de L’Écot. En hiver, il faut y aller à pied car la route s’arrête à Bonneval, véritablement la fin de la vallée. Ce chemin vous emmène d’ailleurs au Col de l’Iseran, souvent fermé à cette saison. Si vous franchissez ce col, vous arriverez à Val d’Isère où il est nettement plus difficile de trouver charme et tranquillité.

Bonneval-sur-Arc, par contre, c’est la nature à l’état pur. Des forêts immenses, de gros paquets de neige sur des toits bas, une cuisine authentique locale et… souvent beaucoup de neige dans un domaine skiable particulièrement calme et attractif.

En compagnie d’Henri Chartier, nous prenons les remontées vers le sommet de la station. Arrivés à 3000 m d’altitude, nous découvrons le magnifique glacier de l’Albaron pour aller ensuite, sous la Pointe d’Andagne, au-delà d’un panneau de mise en garde, glisser sous le glacier scintillant de Vallonet. Nous constatons qu’il n’est pas toujours nécessaire de quitter les pistes pour bénéficier d’une neige douce. Sur des pistes soigneusement entretenues, il est aussi possible d’enfiler les kilomètres et de négocier des virages. Et de jouir pendant des jours entiers d’un paradis parfaitement inexploité avec de longues descentes vers Bessans et la piste du Troglodyte. Nous mangeons au Criou, chez la femme d’Henri, seul restaurant en montagne. Grosses portions, petits prix, délicieuse ambiance… Le soir, nous nous régalons de la meilleure fondue au fromage et au vin rouge jamais dégustée ! Bonneval-sur-Arc ne propose pas seulement de magnifiques domaines aux amateurs de neige, mais aussi la tranquillité d’un véritable village montagnard français avec une vue s’ouvrant sur des panoramas éblouissants.

GITSCHBERG-JOCHTAL (ITALIE)

Cela va peut-être vous surprendre, mais il est possible de découvrir des perles encore inexploitées dans la région très fréquentée du Sud-Tyrol. Gitschberg-Jochtal est le domaine le plus septentrional des Dolomites Superski, un mastodonte parmi les domaines skiables avec ses 1200 km de pistes. Il est pourtant possible au Gitschberg-Jochtal, à la croisée de l’Eisacktal et du Pustertal, de trouver charme et tranquillité. Avec à peine plus de 50 km de pistes, ce n’est évidemment pas vraiment étonnant. Si vous en avez fait le tour, les autres domaines skiables des Dolomites Superski sont juste à côté. Le Gitschberg-Jochtal offre beaucoup plus que du ski et du snowboard. Si vous aimez vous promener dans la neige ou vous offrir une petite cure de wellness, vous êtes à la bonne adresse. Et la cuisine italienne n’est pas à dédaigner non plus…

Sur ces 51 km à peine, il est parfaitement possible de skier. Nous empruntons la Nesselbahn et nous nous faisons déposer à un peu plus de 2100 m d’altitude. De larges pistes bleues ou de belles rouges tranquilles nous ramènent rapidement au village. Notre piste favorite est la Gaisraste qui serpente dans les bois. Maisla Jochtal et la toute proche Vals offrent aussi des pistes bien aménagées qui traversent des paysages de toute beauté et délicieusement paisibles. Le sommet du Gitschberg-Jochtal s’offre à nous seuls. Et la vue de plus de 500 sommets montagneux restera à jamais gravée dans notre mémoire.

Texte: Jurgen Groenwals

Il n’est pas nécessaire de chercher notre hôtel car il n’y en a que quelques-uns et les rares voitures ne passent pas inaperçues.

Nous filons sur de vastes surfaces de poudreuse immaculée, nous sautons par dessus des clôtures, nous nous frayons un chemin à travers bois.

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