Les négociations se poursuivent avec la guérilla de l'ELN dans l'espoir d'un cessez-le-feu. © JOSÉ JÁCOME/BELGAIMAGE

Otages en Colombie, précieux rappel

Après l’accord de paix conclu avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), le gouvernement de Bogota espère sceller un  » cessez-le-feu temporaire  » avec l’autre guérilla, l’Armée de libération nationale (ELN), avant la visite du pape François en septembre prochain. Une perspective exceptionnelle pour ce pays meurtri pendant de longues années par les conflits internes. C’est cette période de souffrances marquée par les enlèvements que remémore utilement Le Prix d’une vie (Balland, 246 p.), écrit par la journaliste Cristina L’Homme. Nous sommes en 1999. Un couple franco-mexicain, Aydée et Bernard, assiste à une messe en plein air avec leur fils quand un commando de l’ELN fait irruption et emmène tous les fidèles dans la jungle. La maman et l’enfant sont libérés après quelques heures. Bernard, à la valeur marchande appréciable parce qu’étranger, ne fera partie que des derniers élargis du groupe. Cristina L’Homme nous donne à voir le rapt des deux côtés de ce mur de séparation ; c’est un des grands intérêts de son livre. Il se révèle aussi très éclairant sur la compréhension que Bernard finit par nourrir à l’égard des revendications des guérilleros, plus de justice sociale au bénéfice des paysans ; sur la foi religieuse qui permet de conforter l’espoir d’une libération ; sur la culpabilité que ressent la conjointe libérée ; sur les tractations avec l’employeur du captif pour réunir et acheminer la rançon libératrice à l’ELN…  » Face au kidnapping, chacun protège ses prérogatives, chacun défend les avancées qu’il a réussi à se ménager. Comprendre le désarroi d’une part et avouer son impuissance de l’autre crée un sentiment d’intense frustration « , assène Cristina L’Homme dans un bon résumé de cette épreuve de vie.

Gérald Papy

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