Avec vue sur la Meuse : des propriétés " qui ont une âme, qui allient charme et caractère ".

Namur chic à prix… choc

La capitale wallonne se targue d’une brique de charme dont la valeur est inférieure à ses homologues brabançonnes ou bruxelloises. Mais qu’en est-il exactement ?

Et si, une fois n’est pas coutume, on rêvait un peu en évoquant le luxe dans le Namurois ? Un marché d’autant plus caché qu’il est… étroit.  » Parler de l’immobilier haut de gamme en province de Namur est difficile « , avance d’emblée le courtier Laurent-Joseph Coomans de Brachène, évoquant des biens qui ne se suivent pas plus qu’ils ne se ressemblent.  » Plus que des mètres carrés ou des briques, on vend de l’exclusivité, de l’histoire, de la passion « , précise celui qui est à la tête, bicéphale, de l’agence Renaissance Properties, basée à Bruxelles mais active tant dans le Sud du pays qu’au sein de sa capitale.  » Les biens haut de gamme sont ceux qui ont une âme, qui allient charme et caractère « , renchérit son confrère Nicolas Simon, de l’agence namuroise du réseau Les Viviers Properties.  » C’est encore plus vrai à Namur qu’ailleurs.  » Et ce, malgré un autre marché émergent : celui des constructions récentes.  » Il couvre essentiellement les beaux appartements en bord de Meuse mais s’étend à tout bien neuf, ou presque, qui bénéficie d’une vue d’exception.  » Sur l’un des deux cours d’eau qui traversent la capitale wallonne, mais aussi sur la citadelle qui la surplombe.

Châteaux et propriétés équestres

S’il ne fallait toutefois retenir qu’un critère, plus objectif, ce serait celui du prix.  » On parle de haut de gamme à Namur quand le prix de vente dépasse les 600 000, voire les 700 000 euros « , estime Laurent-Joseph Coomans. Nicolas Simon place, pour sa part, la barre un peu plus bas, à 500 000 euros, mais témoigne de tarifs pouvant grimper jusqu’à 1 million, voire 1,5 million d’euros.  » Les biens qui atteignent d’aussi fortes valeurs sont peu nombreux, reconnaît-il, mais il y en a quelques-uns.  » Des petits châteaux et des grandes fermes rénovées, par exemple, parfois reconverties en… habitat groupé. Mais aussi des propriétés équestres et leurs 5 à 10 hectares de terrain.  » Un type de bien spécifique et très rare « , qui rencontre son lot d’amateurs parmi les cavaliers, assure Laurent-Joseph Coomans.

Outre ces cas particuliers, le bien de bonne facture s’assimile en règle générale, à Namur, à une grande et confortable maison de quelque 400 mètres carrés habitables, en bon état et plantée sur un terrain de 15 à 30 ares.  » Le tout dans un rayon de 10 à 15 kilomètres du centre-ville tout au plus, puisque c’est lui qui draine les plus fortes valeurs immobilières « , précise le courtier. Il y a bien certaines exceptions, note Laurent-Joseph Coomans, des micromarchés dans des villages plus champêtres tels Mozet, Gesves, Gelbressée, Assesse ou Faulx-les-Tombes, pour ne citer qu’eux.  » On peut y dénicher quelques belles propriétés de caractère, mais c’est exceptionnel, au rythme d’une ou deux par an seulement « , assure-t-il. Pour le reste, les quartiers en vue comptent Wépion et sa vue plongeante sur la Meuse, quelques coins d’Erpent, et l’indétrônable avenue de la Vecquée, qui serpente sur les hauteurs de la citadelle, ajoute Nicolas Simon.  » On s’y sent en pleine campagne tout en étant en ville « , décrit-il.  » Celui qui habite sur le mont est toujours un peu celui qui domine « , sourit Laurent- Joseph Coomans.

Quid du centre-ville ?  » Il compte de très beaux bâtiments, reprend le directeur de l’agence Les Viviers Namur, mais ceux-ci ne sont pas mis en vente. On voit de temps en temps de grosses propriétés de type villa mosane faire leur apparition sur le marché, mais elles ont souvent été préalablement transformées en bureaux pour des professions libérales.  »

L’attrait de l’hectare

De belles finitions et des prestations de qualité attisent les appétits des candidats acquéreurs, certes, mais c’est le bon état général du bien qui les décide.  » Les gens n’aiment pas les travaux, si ce n’est le rafraîchissement, voire la réfection de la cuisine ou de la salle de bains « , assène Laurent-Joseph Coomans. Le reste (toiture…) les effraie ou les ennuie.  » Plus on monte dans les prix, plus les acquéreurs veulent tout, tout de suite. Un peu comme des enfants capricieux « , glisse-t-il. Il faut dire aussi qu’il arrive que les frais de rénovation égalent ceux d’acquisition…

Côté équipements, les terrains de tennis et autres piscines sont-ils toujours en vogue ?  » Ce n’est plus du tout un must, poursuit le responsable de l’agence Renaissance Properties. Le court de tennis est devenu une denrée rare. Ceux que l’on voit ont été aménagés dans les années 1960-1970, à une époque où les gens étaient plus sédentaires. Ils voyageaient moins, avaient moins de loisirs. Aujourd’hui, l’entretien d’un « tennis » est vu comme une corvée.  » Quant à la piscine, elle ne fait guère partie des demandes spécifiques. Les amateurs préfèrent la construire eux-mêmes par la suite, complète-t-il. De même, le jardin trop grand ou trop sophistiqué, oeuvre d’un architecte-paysagiste, n’a plus la cote. La mode est plutôt aux espaces ouverts, de type parc, et ornés de parterres simples. L’attrait de l’hectare de terrain reste néanmoins prégnant, mais en vue de constituer un domaine.  » Il est souvent laissé à l’état sauvage. C’est l’espace disponible qui importe – forte densité de population oblige, en Belgique – pas celui de l’espace aménagé.  »

Cela étant dit,  » les amateurs de brique haut de gamme savent que le bien parfait n’existe pas. C’est le facteur humain qui fait la différence, le fait que tel bien accroche le regard et pas un autre « , insiste Laurent-Joseph Coomans. Ce qui ne les empêche pas d’être plus pragmatiques qu’avant.  » On voit moins l’effet émotionnel, le coup de folie. L’effet postcrise de 2008 est bien réel.  »

40 à 50 ventes par an

D’autant que le bien de luxe n’est pas de… première nécessité. S’il y a bien de riches Namurois qui se portent acquéreurs, la plupart sont des Bruxellois ou des Brabançons amoureux de la  » petite Ardenne  » et de ses prix avantageux, dépeint Nicolas Simon.  » Ils ont 45 à 60 ans et, les enfants partis, vendent leur maison pour s’acheter un appartement. En parallèle, ils ciblent le Namurois pour s’y offrir une seconde résidence, un lieu qui recrée la maison familiale, dans lequel tous, conjoints et petits- enfants, peuvent se rassembler lors des grandes réunions de famille, des événements et des fêtes « , conclut Laurent-Joseph Coomans. Bilan : tout au plus 40 à 50 ventes par an.

Par Frédérique Masquelier

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