En cas d'hémoroïdes, il est utile de faciliter l'évacuation des selles par une position adaptée sur les toilettes. Evitez de garder les genoux à angle droit, mais relevez-les légèrement grâce à un socle par exemple. © ISTOCK

Lever le tabou sur les hémorroïdes

Les hémorroïdes font partie de ces pathologies qui souffrent d’un tabou très lourd. La simple consultation peut rebuter bon nombre de personnes. Pourtant, elle est souvent nécessaire…

Démangeaisons, sensation de brûlure, de gonflement, saignements lors des selles, suintement, parfois même des douleurs anales… dans une région de notre anatomie qui est porteuse de tabous : l’anus. Les symptômes des poussées hémorroïdaires peuvent être non seulement désagréables, mais très gênants socialement.  » Les hémorroïdes sont des formations veineuses dans l’anus ou le rectum – ce qu’on appelle les hémorroïdes internes – ou sur le bord externe de l’anus, appelées hémorroïdes externes. Elles sont donc normales. Ce qui est anormal, c’est la persistance d’un gonflement et les symptômes qu’il peut provoquer « , précise le Dr Katleen Jottard, chirurgienne digestive au CHU Brugmann à Bruxelles.

Prévention avant tout

Les crises hémorroïdaires sont causées par différents facteurs, mais le plus important est la constipation :  » La personne pousse plus fort pour évacuer des selles dures. Pour éviter cette constipation ou la résoudre, il est dès lors important de manger des aliments riches en fibres et boire beaucoup d’eau « , conseille la chirurgienne. Certains médecins préconisent également des laxatifs légers temporairement afin de ramollir les selles. Par ailleurs, les mauvaises habitudes aux toilettes favorisent également ce gonflement des veines, par exemple chez les personnes qui restent longtemps assises sur les toilettes.  » Il faut aussi adopter la bonne manière de ‘pousser’ pour évacuer les selles : il est alors possible de réaliser un test pour connaître ses erreurs et les corriger par une kinésithérapie spécifique…  »

Malheureusement, il semble que d’autres facteurs de risque ne puissent pas bénéficier d’une prévention : la grossesse et l’accouchement, ou la prédisposition familiale.  » Durant la grossesse, le poids du bébé et de l’utérus pèsent sur le périnée, ce qui favorise la maladie hémorroïdaire. La méthode d’accouchement peut aussi jouer : la nécessité de pousser lors d’un accouchement par voie vaginale, peut provoquer un prolapsus, à savoir que les hémorroïdes sortent de l’anus. Enfin, il semble que des familles soient prédisposées aux problèmes veineux, dont les hémorroïdes font partie… « , poursuit le Dr Jottard.

Lever le tabou sur les hémorroïdes

Douleur… ou pas !

Les hémorroïdes peuvent causer des douleurs, mais parfois pas. Tout dépend de la zone où les veines sont gonflées : les hémorroïdes internes sont réputées moins douloureuses car elles se situent dans une zone moins innervée, donc moins sensible. Tout le contraire des hémorroïdes externes, l’anus étant très riche en terminaisons nerveuses…

Il se peut aussi que cette veine trop gonflée n’éclate, provoquant l’apparition de sang. Celui-ci se verra sur le papier toilette lorsque l’on s’essuie, mais il peut être abondant et rougir complètement l’eau de la cuvette. C’est alors que la consultation s’impose.  » Le médecin va réaliser un examen visuel de l’anus et des plis qui l’entourent, éventuellement un toucher rectal pour vérifier la présence d’autres problèmes. Enfin, il réalise une anuscopie, lors de laquelle un endoscope est introduit dans l’anus pour visualiser les hémorroïdes. Ces examens peuvent être délicats, gênants pour la personne qui doit le subir, vu le tabou autour de cette zone, mais totalement indolore s’il n’y a pas de complication.  »

Les hémorroïdes ne sont donc pas en soi une maladie dangereuse. Par contre, il est important de pouvoir faire la différence avec d’autres maladies plus importantes : en cas de saignement par l’anus chez un patient plus âgé, il faut exclure une néoplasie, par exemple.

Un traitement efficace permettra d’éviter les complications possibles des hémorroïdes.  » La plus fréquente et douloureuse est la thrombose de l’hémorroïde interne ou externe : la veine, bouchée, devient dure et la douleur est très intense. Le traitement consistera à donner des veinotoniques à hautes doses, des antidouleurs et prescrire des bains de siège pour apaiser cette douleur. Certains réalisent une incision dans la veine, mais c’est selon moi une erreur : il y a trop de récidives par la suite… « , avertit la spécialiste.

Traitements plus lourds

Les traitements chirurgicaux ont bien évolué. Auparavant, ils passaient souvent par l’hémorroïdectomie, à savoir l’ablation de l’hémorroïde. Mais vu les douleurs après l’opération, la cicatrisation qui peut prendre plusieurs semaines et un risque d’incontinence fécale, d’autres méthodes sont apparues et testées avant.  » Pour des hémorroïdes internes peu importantes, nous pouvons réaliser une ligature élastique : une bande élastique vient bloquer l’apport sanguin à la base de la veine dilatée. Cela se fait à raison de 2-3 interventions, tous les mois. Une autre méthode courante est l’hémorroïdopexie à l’aide d’un doppler anuscope : elle vise aussi à supprimer l’afflux sanguin, mais par suture de l’artère hémorroïdale.  » Avec à la clé une douleur moins importante, et un rétablissement plus rapide qu’avec une hémorroïdectomie, plutôt réservée aux prolapsus hémorroïdaires importants.

Carine Maillard

Lever le tabou sur les hémorroïdes

conseils BODYTALK: Automédication

En cas de démangeaisons, sensation de brûlure ou douleur au niveau de l’anus, vous pouvez :

– Veiller à votre hygiène, et nettoyer correctement et en douceur cette zone fragile.

– Adopter une bonne position aux toilettes (voir schéma) pour favoriser l’évacuation des selles.

– éviter la constipation.

– Appliquer une pommade anale.

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