Les victimes des pédocriminels sexuels peuvent mettre des années à se reconstruire. © PORNCHAI SODA/GETTY

Les minutes d’un viol, les années de traumas

 » La mémoire traumatique des actes violents et de l’agression colonisera la victime.  » Le terme de la psychiatre – colonisation – est le plus approprié pour décrire les ravages, sur le corps et sur l’esprit, qu’un viol à l’âge de 9 ans a produits sur Adélaïde Bon.  » Le monsieur de l’escalier s’est immiscé dans les replis de mon cerveau. Il a laissé sa haine et sa perversité mariner dans l’antichambre de ma mémoire « , décrypte-t-elle dans La Petite Fille sur la banquise (Grasset, 256 p.). Récit dur et remarquable d’une descente aux enfers faite de honte, de solitude, de difficulté à vivre avec un corps meurtri, de violence contre soi, de mise en danger… à peine apaisée par des centaines de séances de thérapie individuelle, corporelle, de groupe… Sortir de ce cauchemar prendra vingt ans à l’auteure, touchée par une amnésie traumatique, et ne sera possible que parce qu’elle a su mettre le mot  » viol  » sur son agression, parce que la police a retrouvé son tortionnaire et parce qu’elle prendra conscience que  » c’est à lui, la boue « . Le procès de ce multivioleur apprendra encore à Adélaïde Bon que, pour une femme dans une civilisation façonnée par les hommes,  » souffrir ne suffit pas, il faut mériter l’empathie qu’on nous porte « . A lire d’urgence pour prendre définitivement la mesure du traumatisme des violences faites aux femmes.

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