L'écriture inclusive a fait couler beaucoup d'encre. © BELGAIMAGE

Les désaccords du verbe

Il a suffi qu’un manuel scolaire français adopte l’écriture inclusive – qui consiste à insérer des  » points médians  » dans un mot afin d’exprimer simultanément les deux genres, comme dans  » les paysan.ne.s  » – pour que le torchon grammatical brûle dans toute la francophonie, avec l’affaire Weinstein en embuscade. Face à face : les partisans d’une féminisation du français, qui aurait trop longtemps servi de buvard au sexisme, à l’image de la fameuse règle du « masculin l’emporte  » ; et les tenants d’une certaine orthodoxie linguistique, à commencer par l’Académie française qui voit dans cette revendication un  » péril mortel  » pour notre langue. Si, d’un côté, on parle de corriger une injustice historique, qui s’exerce aussi dans les noms de métiers dont beaucoup n’ont toujours pas d’équivalent féminin, de l’autre, on rappelle, comme la linguiste Marie-Louise Moreau dans Le Soir, que certains mots ou accords au masculin n’ont pas de sexe, ils sont universels. Ils ne résultent donc pas  » d’une manoeuvre des mâles pour étendre leur impérialisme, mais d’un vieil héritage : c’est notre « masculin » qui a en effet pris en charge certains des emplois assurés en latin par le neutre.  » Comme souvent avec l’emploi des langues, c’est l’usage dominant qui finira par l’emporter.

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