Ken Loach, adulé par les uns, vilipendé par les autres. © Bas Bogaerts/id photo agency

Les coulisses de l’affaire Loach

L’ULB a décerné à Ken Loach les insignes de docteur honoris causa, le 26 avril. Mais la polémique a fracturé l’université. Où les tractations ont duré des semaines. Récit.

Ken Loach ? Ce n’est pas le premier choix de l’ULB, en décembre dernier. L’université a d’abord pris contact avec Pedro Almodovar, en plein tournage à la date prévue pour la remise des insignes de docteur honoris causa (DHC). Le réalisateur espagnol a décliné. L’idée de récompenser le cinéaste britannique, bientôt 82 ans, parrainé par Muriel Andrin, qui enseigne l’écriture et l’analyse du cinéma à la Faculté de lettres de l’ULB, ne soulève alors pas le moindre problème en interne. Guy Haarscher, professeur émérite de philosophie, le confirme :  » Je savais Ken Loach très propalestinien, ce qui est tout à fait son droit, mais j’accordais avant tout de l’importance à Siegi Hirsch ( NDLR : rescapé de la Shoah, pionnier de la thérapie familiale), que l’université honorait en même temps. Et puis, il y a eu l’intervention de Jacques Brotchi, qualifiant le réalisateur de quasi antisémite. J’ai commencé à étudier la chose.  »

Le nuage radioactif qu’est l’antisémitisme ne s’arrête pas à la frontière de l’Eurostar à la gare du Midi

Anobli par le roi pour son activité scientifique et philanthropique, Jacques Brotchi, 75 ans, est un personnage. Ancien sénateur coopté MR, actuellement député régional bruxellois, il a un passé d’enfant caché et clame sa reconnaissance envers la famille modeste de Liège qui l’a hébergé pendant la Seconde Guerre mondiale. Invité dans Les Experts, sur BX1, télévision régionale bruxelloise, il doit choisir parmi quatre photos dans l’actualité du 23 mars dernier (l’émission est diffusée le 24). Il choisit celle de Ken Loach, monstre sacré du cinéma social.  » Je suis scandalisé par le fait qu’il va recevoir dans un mois les insignes de docteur honoris causa de l’ULB, envoie-t-il. Si son parcours de cinéaste est remarquable, il y a une facette que je ne peux accepter, comme son soutien inconditionnel à BDS ( boycott, désinvestissement et sanctions) et à des organisations qui militent contre l’Etat d’Israël. Cela va même beaucoup plus loin, car il a des propos quasi antisémites.  »

Le réalisateur, en toge noire lisérée de doré, reçoit les insignes de docteur honoris causa du recteur de l'ULB, Yvon Englert, le 26 avril.
Le réalisateur, en toge noire lisérée de doré, reçoit les insignes de docteur honoris causa du recteur de l’ULB, Yvon Englert, le 26 avril.© ERIC LALMAND/belgaimage

Sa sortie n’était pas préparée.  » J’ai répondu de façon spontanée, précise-t-il au Vif/L’Express. J’avais noté la date de la cérémonie. Après un rappel de l’ULB, j’ai examiné les noms. Je savais des choses sur Ken Loach. Je me suis dit que j’allais approfondir, avec l’intention de m’en ouvrir au recteur.  » Les deux hommes ont été chefs de service à l’hôpital Erasme, Yvon Englert en gynécologique obstétrique et à la tête du laboratoire de recherches en reproduction humaine, Jacques Brotchi en neurochirurgie. Né en 1955, Yvon Englert est le neveu de François Englert, Prix Nobel de physique, caché dans des familles belges de Lustin et d’Annevoie et scolarisé sous un faux nom dans un collège dinantais. C’est un progressiste, proche du PS bruxellois.

Après son passage sur BX1, le député MR reçoit des informations qui le confortent. Le 25 mars, il écrit au recteur pour lui faire part de sa  » stupéfaction  » et de son  » indignation « . Ses griefs ? Ken Loach refuse de condamner clairement la négation de la Shoah, il prétend que la création de l’Etat d’Israël est basée sur un nettoyage ethnique.  » Je lui mets mes sources en lien, notamment son interview à la BBC où il explique que la Shoah, comme tout fait historique, doit être mise en débat. Même s’il a tweeté 48 heures plus tard pour dire que la Shoah était un fait incontestable, c’est ce qu’on dit spontanément qui compte « , pose le baron. Yvon Englert ne répond pas tout de suite. Dans un mail du 9 avril, Jacques Brotchi précise sa pensée :  » Aujourd’hui, si je devais être interviewé à nouveau, je n’hésiterais pas à parler d’antisémitisme tout court. Dans ma vie, j’ai toujours prôné la coopération qui est un outil de paix plutôt que le boycott, qui est une arme de guerre.  »

Jean-Philippe Schreiber défend
Jean-Philippe Schreiber défend  » son recteur et son université « .© Christophe Licoppe/photo news

En réalité, l’élu régional n’est pas le premier lanceur d’alerte. Le 15 mars, Jonathan De Lathouwer, 27 ans, juif laïque, petit-fils de résistants bruxellois socialistes, vice-président du Comité de coordination des organisations juives de Belgique (CCOJB) et administrateur du Centre communautaire laïc juif (CCLJ), a déjà mis des informations inédites sur son fil Facebook. Comme le fait qu’en 2013, Ken Loach avait donné une interview au magazine New Internationalist, dans laquelle il explique sa sensibilité à la cause palestinienne par la pièce de Jim Allen, Perdition, qu’il avait mise en scène en 1987. Cette pièce de théâtre soutient que les sionistes hongrois ont collaboré avec les nazis pour sauver certains juifs et leur permettre de peupler la Palestine au détriment des Palestiniens. Une interprétation de l’histoire, également adoptée par Ken Livingstone, ancien maire travailliste de Londres. En 2016, celui-ci avait déclaré que  » Hitler soutenait le sionisme avant de devenir fou et de tuer six millions de Juifs « , ce qui lui valut d’être suspendu de son parti.  » Je venais précisément d’avoir des contacts avec des membres du Labour, confie Jonathan De Lathouwer. Je savais que Ken Loach était impliqué dans une vive polémique sur l’antisémitisme et qu’il avait soutenu Ken Livingstone. J’ai mis la question à l’agenda de l’Union des anciens étudiants de l’ULB et du CCLJ.  »

Tentatives de conciliation

C’est le temps des communiqués. Le 3 avril, cinq organisations juives, dont le CCLJ et L’Enfant caché, dénoncent la  » haine obsessionnelle d’Israël  » du réalisateur et son soutien à des militants travaillistes ouvertement antisémites et conspirationnistes. Le 4, le CCOJB écrit au recteur de l’ULB et reçoit une  » réponse insatisfaisante « , selon Jonathan De Lathouwer. Le 11, le collectif belge pour la prévention des crimes de génocide et contre les négationnismes (associations tutsi, arméniennes et autres minorités chrétiennes d’Orient) accuse Ken Loach de faire  » du doute tantôt un poison tantôt une ligne de défense. Jamais un vecteur de science ou d’élévation. Seuls les dupes feignent de ne pas le comprendre.  » Le 19, Eric David, président du centre de droit international, signe avec 17 autres académiques juifs un texte dans lequel il désigne le responsable de tout ce brouhaha :  » Si rien ne permet de justifier ces allégations ( NDLR : contre le cinéaste britannique), il est évident qu’elles s’inscrivent dans la guerre médiatique et politique que livre Israël pour justifier sa politique illégale de domination dans son conflit avec le peuple palestinien.  »

Ken Livingstone,  l'ex-maire de Londres et proche  du chef travailliste Jeremy Corbyn. Suspendu du parti pour interprétation de l'histoire.
Ken Livingstone, l’ex-maire de Londres et proche du chef travailliste Jeremy Corbyn. Suspendu du parti pour interprétation de l’histoire.© Guy Bell/isopix

Les anti-Ken Loach, tous anciens étudiants de l’ULB et viscéralement attachés à celle-ci, veulent éviter à cette dernière un faux pas tragique. Ils cherchent le dialogue, doublé d’un plan B : une carte blanche de membres de la société civile, dont l’oncle du recteur, François Englert, est d’ores et déjà signataire. Ils ne sont pas entendus.  » Ce que je reproche, c’est cette absence de réflexion, comme si le nuage radioactif qu’est l’antisémitisme s’arrêtait à la frontière de l’Eurostar à la gare du Midi « , analyse Grégoire Jakhian, avocat et fer de lance des associations de la mémoire, président de l’assemblée des représentants de la communauté arménienne de Belgique. Jonathan De Lathouwer déplore, lui, une  » paupérisation du débat « .

Ce qui est demandé au recteur ? Qu’il retarde l’hommage à Ken Loach et fasse usage de son libre examen pour départager les positions. A minima, qu’il obtienne une déclaration ferme du réalisateur.  » C’était une bonne idée, affirme Guy Haarscher. Mais la mise au point de Ken Loach m’a très fort déçu, en particulier par son manque de sensibilité. A la cérémonie du 26 avril, le recteur, lui, a su trouver les mots et un ton à la hauteur des inquiétudes légitimes.  » L’ancien professeur de philo n’apprécie pas toujours certains termes  » outranciers  » utilisés par les associations, mais  » elles sont sensibles au mécanisme commun des négationnismes : une façon de le dire sans le dire « . Lui-même est assez serein, membre des mouvements JCall et La Paix maintenant, qui militent contre la colonisation des territoires palestiniens, pour une solution à deux Etats et la défense d’Israël en tant qu’Etat :  » Je ne voulais pas attaquer l’université ni les personnes. On a envisagé toutes les possibilités, comme celle de décerner à Ken Loach une reconnaissance pour son oeuvre cinématographique.  »

Pendant ce temps, la situation évolue au Royaume-Uni. Le 11 avril, Ken Loach demande l’exclusion de la trentaine de députés travaillistes qui ont participé à la manifestation du 26 mars devant le Parlement britannique, contre le chef de l’opposition, Jeremy Corbyn, accusé de laisser l’antisémitisme se diffuser dans le parti. Il s’insurge du tollé qu’il a déclenché :  » Je n’ai fait que soulever des questions portant sur la discipline et la loyauté à l’égard du Parti travailliste.  »

Un campus exposé

Ce n’est pas la première fois que l’ULB est secouée par des incidents en lien avec l’islamisme ou le conflit au Proche-Orient : visites répétées et unilatérales de Tariq Ramadan, débat houleux entre Souhail Chichah et Caroline Fourest, simulacres de check-point israéliens sur le campus… Sous le rectorat de Didier Viviers (2010-2016), les instances dirigeantes ont reconnu BDS comme cercle universitaire ; certains professeurs ont signé une pétition qui étend le boycott d’Israël à tous les académiques et culturels israéliens. Tous les réseaux se mobilisent. Défense de la cause ? Défense du recteur ? Un peu des deux.

 » On a distillé les choses pour faire monter la pression, se plaint Jean-Philippe Schreiber, directeur du Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité. C’était une campagne indigne contre l’université et son recteur. Il n’était pas venu à l’esprit de ceux qui l’ont désigné que Ken Loach pouvait faire problème. Des doctorats honoris causa avaient déjà été accordés à des engagements militants prononcés. J’ai été de ceux qui ont vérifié les allégations contre le cinéaste britannique. Il utilise des faits historiques réels, en les réintégrant dans un ensemble discutable, à l’appui d’une thèse politique, mais ça ne fait pas de lui un négationniste ni un falsificateur de l’histoire. Ce n’est pas parce qu’il est obsédé par Israël que cet homme aux valeurs incontestables est antisémite.  »

Les allégations contre Loach s’inscrivent dans la guerre médiatique et politique que livre Israël pour justifier sa politique

Jean-Philippe Schreiber rédige un courrier de soutien à Yvon Englert :  » Nous avons scrupuleusement vérifié ces assertions ( NDLR : visant le réalisateur) : elles sont dénuées de tout fondement et autrement auraient à coup sûr valu des poursuites judiciaires au cinéaste. Au demeurant, la générosité de l’oeuvre de Ken Loach ne concorde pas avec de telles allégations, auxquelles il a lui-même répondu sans équivoque aucune.  » Plus loin, il rappelle que l’ULB entretient  » des relations académiques suivies tant avec les universités israéliennes que palestiniennes « .

Le courrier est cosigné par Carine Doutrelepont (avocate et professeur de droit), Emmanuelle Danblon (professeure de rhétorique), Andrea Rea (doyen de la Faculté de philosophie et sciences sociales) et Marco Schetgen (doyen de la faculté de médecine).  » En plein congé de Pâques et apparemment en 72 heures, 100 professeur.e.s l’ont signé pour en soutenir le contenu. J’en suis très touché et je les en remercie « , se félicite Yvon Englert sur sa page Facebook du 12 avril. C’est Andrea Rea qui a diffusé le texte et centralisé les signatures. Certains académiques, dont Guy Haarscher, ont refusé de s’y associer ; d’autres, par la suite, ont voulu retirer leur nom. Mais désavoue-t-on son patron ? La position est délicate.

Le député bruxellois MR  Jacques Brotchi  en lanceur d'alerte.
Le député bruxellois MR Jacques Brotchi en lanceur d’alerte.© LAURIE DIEFFEMBACQ/belgaimage

Autre démarche inhabituelle : la vidéo mise sur son Facebook, le 7 avril, où Yvon Englert évoque sa judéité, l’histoire de la Shoah  » dont ses parents ne se sont pas remis « , le conflit israélo-palestinien, et supplie, presque, l’université de se rassembler. Il est dépassé par la tournure des événements mais s’entête. Annuler la remise des insignes de DHC à Ken Loach provoquerait plus de grabuge que son maintien.  » Il raisonne en termes de rapport de force « , observe Jonathan De Lathouwer.  » Remettre l’événement était certes risqué : certains auraient dit qu’il avait cédé au lobby sioniste « , prolonge Guy Haarscher.

Une réunion de la dernière chance a lieu au rectorat, le soir du 19 avril. S’y retrouvent des représentants du collectif  » Not in our name  » et de l’Union des anciens étudiants de l’ULB, le recteur Englert, le prorecteur (Pierre de Maret), le président du conseil d’administration (Pierre Gurdjian), Guy Haarscher et Carine Doutrelepont. Ces derniers évoquent  » un choc des valeurs « , craignent  » une fracture  » au sein de l’ULB. Sans résultat.

Les associations ont l’impression d’avoir été menées en bateau. La seule concession du recteur : demander un statement à Ken Loach. Cette déclaration arrive officiellement le 23 avril, à 8 heures. L’homme de cinéma  » réaffirme dans les termes les plus forts que l’Holocause est un événement historique aussi réel que la Seconde Guerre mondiale et ne peut être mis en doute « . Il se déclare ulcéré par les soupçons qui pèsent sur lui. Cette déclaration permet au conseil académique de l’ULB de valider son choix, pour la troisième fois (avec le conseil d’administration, le 16 avril) et à l’unanimité.  » La gauche mélanchoniste a gagné « , s’étrangle un proche du dossier, allusion au fondateur de la France insoumise.

Dès lors, la polémique gagne d’autres milieux. Un débat sur la Première ( CQFD) oppose Jean-Philippe Schreiber et Grégoire Jakhian. Le premier souscrit systématiquement aux faits avancés par le second, en leur donnant une interprétation bénigne. Plusieurs fois remaniée, la pétition  » Not in our name  » est publiée dans L’Echo, le 24, à deux jours de la remise des insignes. Elle a démarré avec 650 signatures, en a reçu environ 1 700 à hauteur du 30 avril et enregistré trois retraits. Elle éclipse le ralliement de cinéastes ou de professeurs de cinéma à un texte du professeur Mateo Alaluf,  » Ken Loach : un procès en sorcellerie « , qui n’a pas été signé par les frères Dardenne, pourtant coproducteur de plusieurs des films du Britannique, dont Moi, Daniel Blake, Palme d’or 2016 à Cannes.

Le philosophe  Guy Haarscher :
Le philosophe Guy Haarscher :  » La mise au point de Ken Loach m’a très fort déçu. « © Didier Lebrun/photo news

Le coup de crosse de Charles Michel

Le discours de Charles Michel à la Grande synagogue de Bruxelles, à l’occasion de la célébration du 70e anniversaire de la création de l’Etat d’Israël, marque un tournant.  » Notre fermeté doit être totale, déclare-t-il, le 25 avril. Aucun accommodement avec l’antisémitisme ne peut être toléré. Quelle que soit sa forme. Cela vaut aussi pour ma propre Alma Mater.  » Le Premier ministre a ciselé lui-même cette phrase, en évitant de nommer directement l’ULB.  » Il est conséquent avec lui-même, justifie-t-on dans son entourage. Il a toujours très fermement condamné l’antisémitisme et garde en mémoire l’attentat au Musée juif de Belgique. Il ne pouvait pas ne pas en parler, alors que la montée de l’antisémitisme est un fait d’actualité en France et en Allemagne. De plus, en tant qu’ancien étudiant de l’ULB, très attaché à ses valeurs de libre examen, il était triste du choix de Ken Loach.  »

Son intervention, si elle en a satisfait certains, en a radicalisé d’autres. Tropisme proisraélien ? Calcul électoral ?  » Le Premier ministre est souvent en désaccord avec Netanyahu, défend son entourage. Il a été le premier leader européen à protester contre le projet de déménagement de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Quant au reproche d’électoralisme, il est grotesque.  » L’attitude de Ken Loach ?  » Médiocre.  »

Car celui-ci a répliqué à Charles Michel, lors d’une conférence de presse, juste avant la cérémonie de remise des insignes DHC, le 26 avril, dans le bâtiment K de l’ULB. S’adressant à l’avocat et ancien étudiant de l’ULB, Ken Loach lui demande de façon pressante  » s’il a été bien formé « ,  » s’il a réussi ses examens « , car il ne l’a jamais entendu protester  » contre la violation par Israël des lois internationales « . Yvon Englert encaisse. Plus tard, dans l’amphithéâtre, la souffrance est perceptible du côté où se trouvent plutôt les juifs – elle se peint aussi sur le visage du recteur, très applaudi après son discours. Bruissements de triomphe là où dominent les supporters de Ken Loach. Un drapeau palestinien est agité, au fond. Le chef de cabinet du recteur, Nicolas Dassonville, a battu le rappel pour remplir la salle et éviter les incidents. Aux premiers rangs, beaucoup de socialistes bruxellois de haut rang, quelques Ecolo…

L'intervention inattendue du Premier ministre dans le débat, le 25 avril, depuis la Grande synagogue de Bruxelles (ici en 2015) :
L’intervention inattendue du Premier ministre dans le débat, le 25 avril, depuis la Grande synagogue de Bruxelles (ici en 2015) :  » Il est conséquent avec lui-même « , justifie son entourage.© LAURIE DIEFFEMBACQ/belgaimage

Dans son discours, Yvon Englert défend le choix de Ken Loach, en accord avec les principes de  » rejet de l’argument d’autorité  » et d’  » indépendance  » mais il confesse  » certains regrets et une tristesse « . Il présente ses excuses et celles de l’ULB à Jacques Brotchi et à François Englert  » pour avoir réveillé des douleurs « . Quand vient le tour du réalisateur britannique d’être honoré, derrière les applaudissements nourris, quelques huées vite éteintes. L’ancienne Garde des sceaux Christiane Taubira est ovationnée. Auteure des lois françaises sur le  » mariage pour tous  » et la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité, elle illustre le thème de la diversité à l’honneur cette année à l’ULB.

Fin de la cérémonie. Dans la file indienne qui se dirige vers la sortie, Ken Loach se retourne lestement vers les gradins et dresse son poing. Il n’y aura pas de retour en arrière. Un nouveau chantier s’ouvre pour les semeurs de ponts.

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