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Léguer son corps à la science

Vous pouvez décider de votre vivant d’offrir votre corps à la science après votre décès. Ce noble geste contribue aux progrès de la médecine et de la recherche scientifique. Mais comment cela se passe-t-il concrètement ?

La médecine et la recherche scientifique n’auraient jamais pu atteindre leur niveau actuel sans les innombrables personnes qui ont décidé de léguer leur corps à la science après leur mort.  » Les donneurs le font parce qu’ils veulent être utiles même après leur décès. Il s’agit parfois de personnes qui ont elles-mêmes souffert d’une longue maladie et qui comprennent l’importance de ce genre de dons, mais parfois aussi de personnes qui n’ont plus ou guère de famille « , explique Dominique Jacobus, coordinatrice du centre de formation et de recherche en sciences anatomiques de l’Université de Gand (Cetras).

Respect

La possibilité de léguer son corps à la science reste globalement mal connue. Ferait-elle encore l’objet d’un certain tabou ?  » Peut-être, au même titre que tout ce qui touche à la mort, avance Dominique Jacobus. Notre culture occidentale n’aime pas trop donner une place à la mort dans le monde des vivants, et réfléchir à ‘l’après’ est souvent perçu comme une confrontation avec une réalité déplaisante.  »

Certains hésitent aussi à léguer leur corps à la science de peur qu’il ne soit pas traité avec tout le respect que l’on pourrait attendre.  » Pourtant, je peux vous assurer que c’est l’une des directives les plus fondamentales, et ce aussi bien pour les étudiants que pour les chirurgiens en formation. Les corps sur lesquels un chirurgien a travaillé sont aussi toujours soigneusement suturés, comme n’importe quel patient vivant après une opération.  »

Généralement, le choix de léguer le corps du défunt à la science revient aux proches survivants.  » Nous recommandons dès lors toujours aux candidats donneurs de parler de leur choix à leurs proches. Cela permettra aussi à ceux-ci de se préparer psychologiquement à cette situation lourde de conséquences sur le plan émotionnel, puisqu’il n’y aura pas de corps auquel faire leurs adieux et pas (immédiatement) de tombe à visiter. Si ce souhait leur a été exposé de façon adéquate, les proches font généralement tout ce qui est en leur pouvoir pour y accéder.  »

Don de son corps : Pourquoi ? Comment ?

Qui peut faire don de son corps à la science ?

Tout adulte peut léguer son corps à la science, sans limite d’âge.

À quoi servent les corps légués à la science ?

Principalement à l’enseignement, mais ils sont aussi indispensables à la recherche et au développement de nouvelles techniques chirurgicales.

Comment m’enregistrer en tant que donneur ?

Prenez contact avec la faculté de médecine de votre choix pour obtenir des renseignements concrets sur les démarches à entreprendre. Vos données seront reprises dans une base de données et vous recevrez une carte. Celle-ci atteste que vous souhaitez léguer votre corps à la science après votre décès, et reprend les coordonnées de contact de la faculté bénéficiaire. Conservez-la avec vos documents personnels ou avec votre carte d’identité.

Puis-je changer d’avis ?

Vous pouvez revenir sur votre décision à tout moment en le signalant par écrit à l’université auprès de laquelle vous êtes enregistré comme donneur.

Est-ce que je peux choisir d’être donneur d’organes et de léguer mon corps à la science ?

Vous pouvez vous porter candidat pour les deux, mais s’il s’avère que vos organes sont encore en bon état lors de votre décès, le don d’organes aura priorité. S’ils ne satisfont pas aux critères requis, il reste cependant parfaitement possible de léguer votre corps à la science.

Que devront faire mes proches après mon décès ?

Informez-les de votre intention et désignez une personne de confiance ou un exécuteur testamentaire qui sera responsable de l’exécution de vos dernières volontés. Cette personne, qui devrait idéalement aussi recevoir une copie de votre testament, se chargera après votre décès d’informer l’entrepreneur des pompes funèbres, qui prendra à son tour contact avec l’université.

Mon corps peut-il être refusé ?

Le corps peut être refusé lorsqu’il n’a pas été transféré au service ad hoc dans les délais prévus (généralement 48 heures), lorsque le décès est intervenu à l’étranger, après une autopsie ou un accident de la route, en cas d’obésité morbide ou lorsque le défunt souffrait de certaines maladies infectieuses (hépatite, VIH, syphilis, tuberculose…).

Peut-il y avoir des funérailles ?

Comme le corps doit être transféré à l’université dans des délais très brefs, les funérailles se dérouleront généralement en l’absence de la dépouille. L’enterrement ou la crémation ne se déroulera qu’après-coup – parfois après quelques semaines ou quelques mois, voire jusqu’à deux ans. Le corps pourra être enterré ou les cendres dispersées soit dans la commune du défunt, soit dans celle où se trouve l’université, en fonction des accords passés au préalable.

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