Le profit à tout prix

J’ai lu avec intérêt l’édito de Thierry Fiorilli (Le Vif/L’Express du 15 mars) et je partage évidemment son analyse sur les différents scandales sanitaires qui défraient régulièrement la chronique. C’est la recherche du profit à tout prix qui pousse des entreprises (pas uniquement dans le secteur alimentaire) à mettre en danger la santé des consommateurs. Mais il ne faut pas être naïf au point de minimiser la responsabilité des autres acteurs. Si 133 palettes de viande sur 200 étaient impropres à la consommation, les salariés de Veviba ne pouvaient l’ignorer. Dans leur cas, c’est l’appât du gain qui les a poussés au silence pour garder leur salaire et autres avantages. Naguère, les artisans et indépendants étaient nombreux et proches de leur clientèle. La moindre rumeur quant à la qualité de leurs produits ou services pouvait être catastrophique et mener à la faillite.

Quelle meilleure garantie pour les consommateurs ? Mais alors, pourquoi ceux-ci ont-ils déserté les commerces de proximité au profit des supermarchés et des achats en ligne ? Pour les prix bas, évidemment. Toujours cette cupidité qui, selon la belle théorie de l’économie de marché, aboutit à la satisfaction des besoins de chacun via un prix qui s’équilibre entre offre et demande. Personnellement, je trouve cette théorie d’autant plus dépassée qu’une bonne partie de nos achats ne répond qu’au besoin de posséder ou de  » paraître  » alors que dans bien d’autres parties du monde, des êtres humains meurent par manque de denrées de première nécessité. Je trouve tout aussi stupide de se fier au marché pour protéger les denrées rares. Si la raréfaction entraîne une hausse des prix, cette dernière attire la spéculation (toujours cette recherche du profit) sans éviter la disparition d’une ressource naturelle.

A force de  » marchandiser  » toutes les ressources pour en tirer un profit maximum, les jours de l’humanité semblent bel et bien comptés. N’est-ce pas précisément ce qu’annoncent Hubert Reeves et Stephen Hawking ?