© NATASHA LAPIINA

Le péril blanc

Tous les hivers, les avalanches figurent à la Une des infos. Chaque année, des gens sont ensevelis sous la neige et bien des victimes ne sont plus là pour témoigner. Autant de drames souvent évitables.

Pour comprendre les avalanches, il faut d’abord savoir ce qu’est la neige. En deux mots, la neige est un type de précipitation gelée tombant en flocons. Elle se produit à des températures inférieures à 0° C et se compose d’un mélange de gouttelettes d’eau et de cristaux de glace formant un nuage. Lorsque les cristaux s’avèrent trop lourds, ils tombent sous forme de neige. Quand il fait suffisamment froid, ces précipitations arrivent jusqu’au sol sous cette forme neigeuse. L’altitude à laquelle ces précipitations se transforment en neige est appelée, dans les bulletins météo, la limite d’enneigement. Ce n’est pas la même chose que l’isotherme 0°, l’altitude à laquelle il gèle. La limite d’enneigement se situe, en général, environ 300 m plus bas que l’isotherme 0°.

Un autre élément important réside en l’orientation de la montagne. Dans un domaine skiable, on constate souvent que l’un des versants est pratiquement vert alors que l’autre reste tout blanc. Ce phénomène est fonction de l’exposition au nord ou au sud. Les versants méridionaux demeurent plus longuement exposés au soleil, ce qui fait fondre la neige plus vite. Sur les versants nord, moins de soleil entraîne une neige plus froide et qui se maintient plus longtemps.

La neige peut être extrêmement lourde : un mètre cube de poudreuse peut facilement atteindre les 50 kg. De ce fait, les avalanches des toits (la neige fraîche glissant sur les pentes des toits) peuvent créer de sérieux problèmes.

LA POUDRE, L’AÉROSOL ET LA PLAQUE

Une avalanche représente un gros volume de neige qui glisse du haut d’une pente. Il existe des avalanches de toutes tailles et constituées de différentes sortes de neiges. On répartit les avalanches en deux catégories. L’avalanche poudreuse ou en aérosol se montre souvent comme la plus spectaculaire. Elle se produit lors de fortes chutes de neige et à de faibles températures sur des pentes escarpées. Une avalanche poudreuse présente un faible poids volumétrique mais peut atteindre des vitesses considérables et une ampleur impressionnante.

Bien plus dangereuses pour les skieurs sont ce que l’on appelle les avalanches de plaques dans lesquelles une grande coulée de neige se détache soudainement. Ces avalanches se produisent lorsque diverses couches de neige, constituées au cours de la saison, manquent de cohésion. Un peu de neige de plus ou de moins, le vent, le redoux, le soleil, le froid… tous ces facteurs exercent une influence sur la structure du manteau neigeux. Du fait de sa pression, cette couche se détache, donnant lieu à la formation d’une avalanche de plaque. Si l’on ajoute à ces facteurs l’angle d’inclinaison du flanc de montagne, tous les ingrédients de l’accident se trouvent rassemblés. Le déclenchement final du phénomène est, dans la plupart des cas, provoqué par le skieur lui-même.

UNE ÉCHELLE DE 1 À 5

Il est difficile de prévoir si une avalanche va se déclencher, où et quand. Les stations de sports d’hiver européennes utilisent une échelle de 1 à 5 pour désigner le danger d’avalanche, le niveau 1 étant celui où le risque est le moins élevé. Ces informations sont affichées aux remontées et un peu partout dans les stations.

1 – Risque faible.

Manteau neigeux stable, des avalanches ne peuvent se produire qu’en cas de forte surcharge et sur des pentes très raides.

2 – Risque limité.

Circonstances plutôt favorables, le risque d’avalanches est relativement faible et limité aux pentes très escarpées et par forte surcharge.

3 – Risque marqué.

Sur de nombreuses pentes, le manteau neigeux n’est que modérément stabilisé. Le seul passage d’un skieur ou d’un snowboard peut provoquer une avalanche. Sur les pentes très raides, il existe un risque d’avalanche spontanée.

4 – Risque fort.

Le manteau neigeux est instable, les circonstances sont mauvaises, nombre de pentes et tous les angles d’inclinaison s’avèrent dangereux. Le risque de fortes avalanches spontanées est réel. Skiez uniquement sur les pistes.

5 – Risque très fort.

Le manteau neigeux est très instable. D’importantes avalanches sont possibles jusque dans les vallées. Les pistes de ski, les routes et les chemins de fer sont souvent fermés.

Cette échelle de risque est exponentielle : l’indice 3 représente un risque deux fois plus élevé que l’indice 2. La plupart des accidents surviennent à l’indice de risque 3. C’est que le niveau 3 se maintient souvent pendant des semaines alors que les indices 4 et 5 représentent réellement des extrêmes qui reviennent au niveau 3 après quelques jours. Même s’il n’a pas neigé pendant plusieurs jours, un niveau de risque 3 reste possible.

LE QUART D’HEURE CRITIQUE

Il est impossible d’éliminer entièrement le risque, à moins de ne plus skier ni faire du snowboard. Hors pistes, le risque d’avalanches reste toujours présent, un point c’est tout. Si l’on reste sur les pistes, pas d’inquiétude : elles sont quotidiennement contrôlées et préparées de manière à exclure tout risque d’avalanche. Si une piste reste fermée, c’est souvent qu’elle n’a pas encore été contrôlée et n’est donc pas considérée comme sûre par les services de sécurité de la station.

Si vous quittez quand même les pistes, il est indispensable de bien connaître, sélectionner et étudier les trajets que vous voulez parcourir. Faites-vous accompagner d’un guide de montagne : il connaît la structure du manteau neigeux, sait quelles sont les descentes périlleuses et est, plus que tout autre, en mesure d’évaluer le risque. Et il sait en outre où trouver la meilleure neige !

S’il devait quand même vous arriver d’être enseveli sous la neige, vous aurez 90 % de chances de vous en tirer si on vous trouve dans le quart d’heure. Mais attendre l’intervention des services de secours risque de prendre plus que ces 15 minutes critiques. Si certains de vos compagnons de ski sont ensevelis, il sera donc indispensable de vous mettre vous-même à la tâche pour les localiser et les libérer. Aussitôt que vous sortez des pistes, équipez-vous de trois éléments indispensables : un détecteur de victime d’avalanche (DVA), une pelle et une sonde.

Quels que soient sa marque et son modèle, le DVA envoie un signal sur 457 khz, tout le monde est tenu d’en avoir un. Il est réglé de série sur position d’émission. Si quelqu’un se retrouve enseveli, les autres membres du groupe règlent aussitôt leur détecteur de manière à recevoir les signaux émis par la victime et à la secourir au plus vite. Les détecteurs modernes sont numériques et indiquent à l’aide de petites flèches et d’une indication de distance l’endroit où elle se trouve. Il est vital d’avoir testé son appareil et de bien connaître son fonctionnement. Une fois l’endroit localisé, on prend sa sonde (une espèce de piquet de tente pliable) et on l’enfonce dans la neige pour savoir si la victime se trouve bien à cet emplacement et pour estimer à quelle profondeur elle se trouve. Il est alors temps de prendre sa pelle et de creuser.

Ces trois outils représentent un minimum. Depuis quelques années, les sacs à dos airbag connaissent un grand succès. Ils contiennent des coussins à air se gonflant suite à un simple geste et vous maintiennent au-dessus de la neige. Ceci dit, comme en tout, mieux vaut prévenir que guérir.

TEXTE: JURGEN GROENWALS

La plupart des accidents surviennent à l’indice de risque 3. C’est que le niveau 3 se maintient souvent pendant des semaines.

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