Le  » nuage rose « 

Voici un livre dérangeant qui vient d’Allemagne, le pays de la bière et du schnaps. Le critique d’art Daniel Schreiber y raconte son compagnonnage problématique avec l’alcool. La force de son témoignage tient à son profil finalement assez banal : Schreiber n’a jamais été un  » poivrot  » attaquant sa première rasade de whisky à 9 heures du matin, ballotté de cure de désintoxication en hôpital. Non, il était un buveur festif et mondain, sifflait des coupes de champagne dans les cocktails, partageait une bouteille de vin au dîner avec un compagnon et se saoulait le samedi soir dans des clubs berlinois. Bien sûr, en apparence, tout cela ne l’empêchait pas d’avoir une vie professionnelle et sociale à peu près normale. Après tout, les alcooliques, ce sont toujours les autres. Mais il se surprenait à n’aller jeter ses bouteilles vides dans le conteneur qu’à la nuit tombée pour ne pas être vu des voisins et à ne plus croiser que des amis aimant lever le coude. Un beau jour, après un ultime excès de bulles aux abords d’un hippodrome, il décide de rompre avec cette spirale infernale, s’inscrit aux Alcooliques anonymes et connaît le  » nuage rose  » de l’abstinence, cette période où l’on redécouvre les matins ensoleillés sans migraine et ces soirées où vos amis vous lancent en permanence :  » Tu ne vas quand même pas trinquer à l’eau ?  » Si. Un livre non culpabilisant, tout en sobriété.

Le dernier verre. De l’alcool et du bonheur, par Daniel Schreiber, trad. de l’allemand par Alexandre Pateau. Autrement, 232 p.

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