Niki de Saint Phalle au BAM sera un des temps forts de l'année 2018. © OLAF KRÜGER/BELGAIMAGE

Le nouveau souffle

Le Pôle muséal, Mars et la fondation Mons 2025 se saisissent de l’héritage de Mons 2015 pour perpétuer le statut de capitale culturelle. Malgré la réduction des moyens financiers, les trois opérateurs présentent une programmation culturelle et artistique sur deux ans, avec un premier  » Temps fort  » à l’automne 2018.

Le Parlement européen recommande à toute capitale européenne de la culture de pérenniser la dynamique et l’énergie créées pendant l’année de sa consécration. Dès novembre 2015, la fondation Mons 2015 entamait un processus de modification statutaire qui, en décembre 2016, aboutissait au changement de son objet social et de son conseil d’administration pour se projeter en 2025.

Le 22 mars dernier, la fondation Mons 2025, le Pôle muséal et Mars – Mons arts de la scène (ex-Manège) – signaient un  » contrat-cadre de coopération horizontale non institutionnalisée « , qui court jusqu’au 31 décembre 2019, pour mettre en oeuvre Temps fort #1. Cette programmation artistique et culturelle, qui s’étalera de septembre 2018 à juin 2019, se veut innovante et inclusive, afin de permettre au public le plus large d’accéder à la culture locale, régionale, nationale et européenne. Elle débutera avec le Dimanche toqué, incontournable rendez-vous gastronomique dans le jardin du beffroi, Le Festin, festival de créations théâtrales d’artistes montois, le final du Grand 8, moment de festivités coconstruit par les habitants et les associations des communes du Grand Mons, et une exposition de Niki de Saint Phalle au Musée des beaux-arts de Mons (BAM).

Il s’agit toutefois d’une programmation  » prudente « , établie à partir des moyens financiers disponibles, soit 5,8 millions d’euros, reliquats de Mons 2015, utilisés dès le 1er janvier 2016, pour couvrir aussi les frais de fonctionnement. La Ville attend que soit confirmée la subvention de 1,5 million d’euros promise par la Fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre de l’après-2015, pour embrayer vers quelque chose de plus ambitieux et envisager des collaborations extraterritoriales avec d’autres villes de la FWB. Fabrice Brion, président du Club des entreprises Mons 2025 souligne que  » 200 entrepreneurs ont renouvelé leur adhésion et l’argent privé pourrait compenser les moyens manquants éventuels « .

Créer des agoras et se recentrer sur l’humain

 » Le succès, inattendu à ce point-là, de lieux comme la Guinguette littéraire ou le Jardin suspendu créés pendant Mons 2015 nous a amenés à comprendre que les gens aiment les agoras et que Mons est parfaitement dimensionnée pour cela, s’enthousiasme Xavier Roland, responsable du Pôle muséal. Nous ne sommes plus dans des grands projets, mais dans des projets de rencontre, de bien-être. L’accueil est une donnée devenue fondamentale. Les gens veulent se sentir chez eux et ils doivent se sentir bien jusqu’au coeur de la salle, du musée. Les musées vivent une révolution. Ils ne sont plus essentiellement tournés sur la conservation du patrimoine, mais doivent devenir des lieux de rencontre, des agoras ouvertes à tous et reconnectées à la société. Un deuxième aspect très important est notre capacité à intégrer les acteurs locaux, dans un processus de coconstruction.  » Philippe Degeneffe, directeur de Mars, explique :  » Notre mission première reste bien sûr de créer ou de diffuser, mais on est dans le partage d’expériences et dans une volonté d’impliquer le tissu artistique et culturel local pour proposer une expérience culturelle globale.  »

Pour assumer pleinement son identité de capitale culturelle européenne, Mons inaugurait cinq nouveaux musées en 2015. Certains investissements avaient néanmoins été reportés.  » Mons veut poursuivre la rénovation de son patrimoine, martèle le bourgmestre Elio Di Rupo. Il y a eu des efforts considérables, mais il reste du travail pour trente ans. Notamment l’hôtel de ville, qui nécessite une rénovation substantielle qui n’a pas encore été programmée.  » La rénovation de la maison Jean Lescarts, musée du folklore et de la vie montoise, et celle de la Maison espagnole, qui deviendra la maison des patrimoines Unesco, ont été retenues dans la programmation Feder 2014-2020 et ont obtenu respectivement 2,35 millions et 264 000 euros.

 » L’idée est de faire de la maison Jean Lescarts un lieu évolutif, précise Savine Moucheron, échevine de la culture. On pourrait y emmener un Montois pour qu’il raconte son Mons. Le musée doit évoluer avec l’image de la ville et se recentrer sur l’humain. Les gens ont des avis, des histoires et des connaissances. C’est ce qui donne une plus-value à une programmation.  » Quant au musée du Chanoine Puissant, dernier gros site patrimonial classé qui abrite une exceptionnelle collection d’art religieux, la Ville espère obtenir prochainement les fonds qui permettront de le rénover et de remonter le pavillon de jardin de style Renaissance, unique en Europe.

Préserver l’héritage

Dans un contexte budgétaire restreint, le défi est néanmoins de faire fonctionner les infrastructures héritées de Mons 2015.  » Arsonic et le 106 appartiennent à la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais sans moyens financiers, la part réservée aux activités était quasiment inexistante « , note Philippe Degeneffe. L’Orchestre royal de chambre de Wallonie a signé une convention avec Mars. Il occupe Arsonic quarante jours par an, en contrepartie d’une somme de 75 000 euros. Le Théâtre royal, propriété de la Ville, était géré par Mars qui l’utilisait pourtant peu. Le 1er octobre, Salvatore Anzalone a pris la barre avec Médiascène, sa société de production de spectacles.

Mons veut renforcer son statut de cité touristique et culturelle de référence sur les plans régional, national et européen, en attirant 500 000 visiteurs par an. En matière de tourisme mémoriel, elle connaîtra une belle consécration en 2018, puisque en tant que première ville belge libérée en novembre 1918, elle lancera les commémorations belges.  » La maison Van Gogh de Cuesmes est une des étapes importantes des Routes de Van Gogh, qui relient tous les lieux dans lesquels le peintre a vécu et où on trouve les grandes collections, relève Xavier Roland. Ce réseau commence à montrer ses effets et à séduire un public international.  »

PAR CAROLINE DUNSKI

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