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La musique, amie des oreilles… à certaines conditions !

La musique a cela de particulier : elle génère des émotions telles que nous pouvons avoir tendance à l’amplifier pour davantage les ressentir, à l’écouter de longues heures pour rester dans un état de bien-être. Et pourtant, cette musique que l’on aime tant peut causer de gros dégâts à notre ouïe.

Certains ne peuvent pas se passer de la musique ; d’autres en ont fait leur gagne-pain : chanteurs, musiciens, organisateurs de concerts, DJ, ingénieurs du son… et y sont soumis à temps plein.  » L’étude ‘Incidence et risques de troubles auditifs chez les musiciens professionnels’ (1) signalait, en 2014, que les musiciens ont un taux d’incidence de perte auditive, due au bruit, 3,51 fois supérieur à la population générale « , signale Marie-Caroline Mabille, journaliste française dans son ouvrage  » Ca casse les oreilles ! « .

La musique, amie des oreilles... à certaines conditions !

Cellules ciliées irrécupérables

Et d’ajouter :  » Presque tous les musiciens avouent avoir déjà ressenti des sifflements ou bourdonnements dans les oreilles. Certains réagissent en se protégeant, d’autres font… la sourde oreille… en attendant la prochaine fois. Et il y a ceux qui décident d’en parler, pour sensibiliser leurs pairs, mais aussi nous, les amateurs de musique.  »

Marie-Caroline Mabille nous révèle que des artistes comme Brian Johnson (chanteur d’AC/DC), Pete Townsend (The Who), Barbra Streisand, Neil Young, Phil Collins, Eric Clapton, Noël Gallagher (Oasis), Will.i.am (Black Eyed Peas)… souffrent d’acouphènes ou de perte auditive.  » Le leader du groupe anglais Coldplay, Chris Martin, associe ses acouphènes à son adolescence passée à écouter et jouer la musique toujours plus fort. Depuis, il encourage les jeunes à protéger leurs oreilles : ‘Faire attention à ses oreilles, on n’y pense malheureusement pas, jusqu’à ce qu’on ait un problème. J’aurais bien voulu y penser avant…’ « , témoigne-t-il dans le livre.

Nous naissons en effet avec un capital de cellules ciliées qui tapissent la cochlée, au niveau de l’oreille interne. Elles sont chargées de capter les vibrations sonores, de les transformer en signaux électriques qui vont être acheminés au cerveau via le nerf auditif. Lorsqu’elles ont été détruites par des agressions, comme des sons trop forts, elles ne peuvent pas se régénérer. C’est cette destruction qui empêche le transfert vers le cerveau (surdité) ou qui envoie des signaux qui ne proviennent pas de bruit (acouphènes). Des équipes de recherche, notamment de Brigitte Malgrange, à l’ULg, travaillent à leur restauration, mais il est encore trop tôt.

D’abord la législation

La seule option est donc la prévention. On ne le répétera jamais assez : la musique doit être écoutée dans des conditions optimales, à un niveau correct. Si la responsabilité incombe à celui qui porte ses écouteurs ou règle le son de son autoradio, il en va autrement pour les spectateurs d’un spectacle ou pour les jeunes en discothèque. En 1993, la Flandre a instauré de nouvelles mesures : dans les salles de concert, discothèques et festivals, l’intensité sonore doit être en moyenne de 85dB ; au-delà, le niveau sonore devra être affiché en temps réel ; le maximum est fixé à 100dB. Depuis 2018, Bruxelles a modifié également sa législation : elle prévoit de ne pas dépasser les 85dB ; s’il dépasse 95dB, le public doit en être informé ; quant aux établissements dont la fonction est de diffuser de la musique (salles de concert, discothèques…), ils pourront monter le son jusqu’à 100dB, mais distribuer des bouchons de protection au public et réserver des zones de repos auditif, à 85dB. En Wallonie, une ancienne loi est toujours d’application limitant toute intensité sonore à 90dB. Trop peu réaliste selon les professionnels du secteur qui aiment manifestement la musique à haute intensité, alors que c’est pourtant à ce niveau sonore que commencent à souffrir les cellules ciliées. C’est la santé publique contre la santé économique… Reste donc le problème du respect de ces normes en toutes circonstances, dont on peut douter, quelle que soit la région du pays…

Ca casse les oreilles ! Marie-Caroline Mabille éditions du rocher, 2018
Ca casse les oreilles ! Marie-Caroline Mabille éditions du rocher, 2018

Bouchons en question

La distribution de bouchons, qui est loin d’être systématique, n’est qu’un pis-aller. Il s’agit de petits bouts de mousse standardisés dont l’efficacité peut être mauvaise s’ils ne sont pas adaptés au conduit auditif qui les accueille. Les amateurs de musique regrettent aussi la moindre qualité des basses ou des aigus avec ces bouchons. C’est pourquoi ceux qui fréquentent régulièrement les spectacles de musique ne doivent pas hésiter à investir dans des bouchons de qualité. Il existe des modèles standards restituant à moindre niveau une bonne qualité de musique ; le souci c’est donc qu’ils risquent d’être peu adaptés à votre conduit. L’idéal est donc de faire réaliser des bouchons sur mesure, chez un prothésiste : l’audition est protégée et la musique respectée. Mais cela a un coût puisqu’on dépasse les 100?. Notons que cette année, la Mutualité chrétienne va distribuer des bouchons d’oreille de qualité et réutilisables aux participants de différents festivals du pays. Des bouchons qui réduisent le niveau sonore de 15dB, mais qui seront standards. Mais ça reste toujours mieux que rien ! Quant à Partena, elle intervient dans le coût de la fabrication de bouchons d’oreille sur mesure…

Références www.bodytalk.be

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