Joseph Kabila, président d'un régime à bout de souffle. © Eduardo Munoz/reuters

L’après-Kabila, horizon  » glissant « 

Les  » glissements  » de calendrier ont repoussé les élections congolaises au 23 décembre 2018. Kabila quittera-t-il le pouvoir après deux années hors mandat ?

En théorie, 2017 aurait dû être l’an 1 de l’après-Kabila : le second et dernier mandat du  » raïs  » s’est achevé le 19 décembre 2016. Mais, faute de moyens ou de volonté, le scrutin présidentiel n’a pu être organisé. L’accord de la Saint-Sylvestre 2016 n’a apporté qu’un bref répit à la crise politique. Signé par l’opposition et la majorité présidentielle (mais pas par Joseph Kabila lui-même), il prévoyait la mise en place d’une transition politique, en attendant l’organisation des élections, fin 2017. Mais la  » transition  » n’a été qu’un débauchage d’opposants par le pouvoir et l’échéance électorale est vite apparue intenable. Une impasse politique sur fond de répression, d’insécurité dans certaines provinces et de conditions de vie de plus en plus précaires pour la plupart des familles congolaises. La corruption, l’évasion fiscale et le détournement des fonds publics  » ont atteint des proportions inquiétantes à tous les niveaux « , relevaient, en juin, les évêques congolais. Après dix-sept ans de pouvoir, le régime est à bout de souffle. Pour autant, l’opposition, désunie et en partie discréditée, peine à mobiliser la rue contre lui.

En octobre, Corneille Nangaa, président de la commission électorale, réputé proche du président, prévient que les citoyens congolais devront patienter au moins jusqu’en juin 2019 avant de pouvoir voter. Causes de ce nouveau  » glissement « , considéré par l’opposition comme une  » déclaration de guerre  » : les violences au Kasaï et les opérations d’enrôlement, plus longues que prévues. Toutefois, lors de sa visite à Kinshasa, fin octobre, Nikki Haley, l’ambassadrice américaine aux Nations unies, prévient que les élections congolaises doivent impérativement se tenir avant la fin 2018, faute de quoi la RDC  » ne pourra pas compter sur l’appui de la communauté internationale et des Etats-Unis.  » La mise en garde américaine produit aussitôt ses effets : le maître du temps, Corneille Nangaa, refait ses calculs et annonce que les élections auront finalement lieu le 23 décembre 2018, date butoir désormais  » verrouillée  » par l’ONU. Dès lors, à Kinshasa, les spéculations vont bon train sur l’identité du dauphin de Kabila en cas d’élections. Car le président commencerait à réfléchir à sa succession. Pour assurer ses arrières.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire