Johnny Hallyday, le glamour Presley version Gitanes, Saint-Trop', Paris Match et blondeur décolorée. © GETTY IMAGES

Johnny forever

En 1960, qui aurait pu penser un seul instant que le timide blondinet franco-belge, déchaîné sur scène dans un répertoire yéyé, puisse incarner cinquante-sept ans plus tard une nation française, et éventuellement belge, à ce point en deuil ? La cérémonie de l’enterrement parisien du 9 décembre au casting inédit – d’Emmanuel Macron à 700 bikers – constitue un exemple unique d’artiste français devenant symbole cathartique de son pays. En tout cas depuis la disparition de Piaf. Au-delà de l’interprétation vocale hors norme – invitant la fêlure géante de l’enfance – Johnny est exceptionnel par sa façon de redéfinir la notion de populaire. Ses chansons, qu’il guidait mais n’écrivait pas, ont traversé les thèmes communs de l’amour, de la résistance et de la vulnérabilité humaine, séduisant largement les moins favorisés de la société belge ou française. Qui ne semblent jamais en avoir voulu à Jean-Philippe Smet d’être devenu Hallyday, avec tout ce que cela comporte de frasques, de sympathies droitières et de phénoménal claquage de fric. Avec des amitiés aussi fidèles que discutables (Balkany), une tentation permanente d’éluder l’impôt et une vie de Moïse dans un péplum western aux parfums franchouillards. Ce qui, d’un point de vue purement anthropologique, constituera un mystère pour quelques décennies encore. Philippe Cornet

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