© Pierre Havaux

J’étais à un « décrassage » de la Belgique avec Hendrik Vuye et Veerle Wouters, et tout est vrai

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

C’est beau, Wemmel, un soir de pluie. La drache est nationale mais c’est le parapluie jaune et noir qui est de sortie. Pratique : il suffit de suivre le monsieur et son pépin bicolore replié sous le bras pour rallier la salle de spectacle « Iedereen is welkom » au centre culturel De Zandloper. Ce soir-là, à portée de canon de la Région bruxelloise, le Vlaamse Volksbeweging régale avec un duo de choc à l’affiche.

Hendrik Vuye et Veerle Wouters sont dans un bateau. Et c’est la Belgique que ces deux députés fédéraux rêvent de jeter à l’eau. Le tandem a repris sa liberté et tourné le dos à la N-VA depuis qu’il a jugé le parti de Bart De Wever bien trop timoré sur la fin du pays. Hendrik et Veerle sont devenus inséparables. Côte à côte sur les bancs de la Chambre où ils siègent comme indépendants. Main dans la main pour tenir la plume dans l’ouvrage qu’ils viennent de commettre sur la façon d’en finir avec cette histoire belge.

A Wemmel, le duo s’avance en terrain conquis. Le microcosme flamingant (250 présents) attend que lui soient livrées les  » sleutels tot ontgrendeling  » (traduction libre :  » clés vers le déverrouillage « ) que promet, en couverture, le manuel de bricolage pondu par les deux élus. L’assistance n’est pas de première jeunesse. Elle affiche des décennies de résistance au compteur. Résistance aux fransquillons de la périphérie flamande, aux belgicains.

 » Jamais nous n’aurions pensé obtenir autant d’écho « , s’émerveille Hendrik Vuye dans un décor d’une sobriété absolue. Ni bannières ni calicots, la soirée s’annonce pédagogique. Entre gens de bonne compagnie. Quel toupet, voilà que se pointe in extremis une minidélégation N-VA : Ben Weyts, ministre flamand de la Mobilité, flanqué du vice-président du parti, Sander Loones. Pas question de livrer le terrain à la concurrence, à la direction du Vlaams Belang qui a aussi pris place dans l’auditoire, le président Tom Van Grieken en tête. Serrement de pinces entre N-VA et dissidents : même si  » l’ami Ben « , originaire de Beersel, est presque venu en voisin, c’est sympa de s’être ainsi dérangé malgré  » la brouille « .

Un peu d’humour pour détendre l’atmosphère.  » Pour cette soirée, on ne perçoit pas de jeton de présence « , entame Veerle. Place au tragique. A la reconstitution du fatal engrenage qui a livré les clés du pays à la minorité francophone. L’association Vuye & Wouters a bien potassé l’histoire de Belgique. Elle a découvert qu’une loi fondamentale, ça se foule aux pieds : on s’est assis sur la Constitution belge à 23 reprises depuis 1831. Il doit être possible de faire une ultime exception pour libérer la Flandre de ses entraves et la conduire à l’indépendance, en se passant de l’avis des francophones.  » Le parlement flamand a la légitimité démocratique « , assure le député-professeur Vuye qui enseigne aussi le droit public à l’université de Namur.

Il suffit de le vouloir. Là, Vuye se fait sceptique :  » Si vous aspirez à une pause communautaire de cinq ou dix ans, vous ne pouvez pas être un parti en V « , avec V pour Vlaanderen. Et V comme N-VA. Au premier rang,  » l’ami Ben  » ne bronche pas, sauvé par le gong. L’assistance ne reçoit pas le droit à la parole. Elle se disperse sans Vlaamse Leeuw à entonner. Direction la séance de dédicace. Comme un petit air de Foire du livre au Vlaamse Rand.

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