Israël-Palestine : planches de salut

La Petite Bédéthèque des savoirs, sorte de  » Que sais-je ?  » en BD, consacre son 18e volume au conflit israélo-palestinien. Une gageure, sauvée par l’humanisme de ses auteurs, juif et arabe.

Dans l’une des nombreuses dédicaces qu’Abdel de Bruxelles réalise depuis la sortie du 18e volume de La Petite Bédéthèque des savoirs (une collection au sein de laquelle  » un spécialiste et un dessinateur s’unissent pour vous faire comprendre le monde en bande dessinée « ), le dessinateur se met en scène, comme dans son livre, avec le philologue et historien Vladimir Grigorieff, et assène :  » En voici deux qui ne sont pas en conflit !  » Ce qui résume finalement assez bien le contenu du Conflit israélo-palestinien, une tentative en 106 (trop ? ) petites planches, si pas de détailler le combat que se livrent, depuis maintenant des siècles, sionistes et Palestiniens, mais d’au moins l’expliquer, le plus intelligemment possible, en comprendre l’infinie complexité, et finalement en tirer la seule conclusion qui s’impose à la lecture de cet ouvrage hybride : ces deux peuples-là sont condamnés à cohabiter. Il fallait tout l’humanisme de ses deux auteurs, et peut-être aussi leurs origines, pour réussir un tel défi.

Si on ne compte plus les ouvrages historiques, scientifiques ou journalistiques qui ont tenté de faire la lumière sur ce conflit parfois obscurantiste, on se rappelle aussi que ce n’est pas la première fois que la bande dessinée se frotte à Israël, aux territoires occupés ou à la bande de Gaza. En 1991 déjà, l’Américain Joe Sacco réalisait l’extraordinaire Palestine, considéré depuis comme le premier jalon du journalisme en bande dessinée, suivi quatre ans plus tard de Gaza 1956. D’autres, depuis, s’y sont frottés mais à chaque fois – à l’exception peut-être des Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle – en y choisissant clairement son camp, qu’il soit palestinien (Torture blanche de Philippe Squarzoni, Faire le mur de Maximilien Le Roy) ou israélien (Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins) de Sarah Glidden). Impossible donc, de tenter l’impartialité sur le conflit israélo-palestinien ? Les auteurs de ce Conflit, et leur directeur de collection David Vandermeulen, viennent de prouver le contraire.

Questions et utopie

En remontant aux racines du conflit, dans l’empire Ottoman du xvie siècle, en revenant sur les racines du sionisme politique, bien avant la naissance de l’Etat d’Israël, en soulignant les torts et les logiques, toutes respectables, des deux camps, et en choisissant la forme d’un dialogue dessiné entre les auteurs et parfois leurs éditeurs, système narratif qui induit plus de questions que de réponses, Vladimir Grigorieff et Abdel de Bruxelles apportent un éclairage plein d’humanisme et d’une rare honnêteté sur ce qui reste le pire sac de noeuds de la géopolitique mondiale. Même les religions y trouvent leur place et prennent, pour une fois, les allures d’une solution :  » Au nom même de leurs traditions de paix, de justice, de miséricorde et de pardon, l’islam et le judaïsme pourraient aider à sortir du carcan idéologique en apportant une approche plus humaine à ce conflit tragique.  » Mazel tov et inch’Allah.

Par Olivier Van Vaerenbergh

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