© Colin Delfosse

Il y a le ciel, le soleil et Lulu

Luc Delfosse
Luc Delfosse Auteur, journaliste

On me demanderait tout à trac un souvenir de vacances, je crois que je répondrais les affres d’un costume de bain en laine gris bitume sur la plage de ce qui ne s’appelait pas encore la Vlaamse Kust. Dame ! L’été 1955 : on n’avait même pas inventé la frontière linguistique. Bref, il y a des émois râpeux qui vous laissent des vestiges mémoriels cuisants. Sinon, quoi d’autre dans la mémoire ? Un fou rire d’anthologie dans un gîte suintant d’humidité du côté de Rosmorduc ou alors un orage dantesque sur les Murchison Falls, encore que ça grouillait d’hippos… Mais à monstres donnés, on ne regarde pas les dents mastoc, n’est-ce pas… Bref, j’hésite. Les souvenirs s’empilent et les boîtes à chaussures remplies de photos itou.

Tiens, je suis sûr que c’est aussi le cas chez le De Wever. Je vois comme si j’y étais Bart, 5 ans, ses petiotes guiboles émergeant d’une culotte de peau soutenue par des bretelles du même animal. Il patauge dans les eaux apaisées d’un torrent autrichien. Comme tous les lardons, Bartounet chasse le goujon d’une main potelée, dresse un large barrage (une vocation est née ! ) sous l’oeil fondu de pôpa. Lequel couve ses poussins comme une tigresse et perd du coup le fil de l’éditorial vieux de deux jours du Standaard qui, pourtant, n’a pas de mots assez durs pour dénoncer la Franse perversiteit. A 17 heures, tout le monde grimperait dans la Simca Aronde pour regagner à petit pied le Wirtshaus zum Griena. Après s’être peigné, on y souperait, servi par des gretchens dont les appâts a(na)tomiques aiguisent les mâles émois.

Enfin, peut-être… C’était il y a tellement longtemps… Je suis dans tous les cas bien aise de penser que ni le petit Bart ni le petit Charles ne se sont atrocement rougis les valseuses sur une plage du Nord sapés dans un slip tricoté main, en plus de remonter par dessus le nombril. Ces fières élites ont eu la chance de naître après l’invention du lycra.

Chez les Di Rupo, par contre, pas de villégiature. Pas les moyens puis pas le temps tant il fallait ascensionner. Chance ? Au train où vont les affaires et les  » trahisons  » des amis de trente ans, il y a gros à parier que le président à vie jouira bientôt de vacances forcées plus longues que celles des quatorze héros du roman de Jules Verne. Encore que ce  » bientôt  » risque de durer jusqu’à la Saint-Glinglin puisque, aujourd’hui, le seul résultat tangible de la  » félonie  » du CDH est au fond… d’avoir rangé le PS comme un seul homme derrière son chef inoxydable. Merci qui ? Merci Lulu !

Parlons-en justement du petit Lutgen, dit le Vautour de Bastogne, dit Jupiter En Marche arrière, dit la Vierge infidèle, dit Benoît XVII, dit (à Namur) le Kärcher du Grognon, dit (à Uccle) la Casaque amovible. L’été, ce sera pétanque en training au Parc royal, point à la ligne. Et encore, à tous les coups, ce sera Chastel qui lancera le cochonnet. Oui je sais : nul ne peut être mieux qu’au sein de sa patrie. Et Dieu sait s’il l’aime jusqu’au trognon son cher pays, Benoît ! D’ailleurs à sa place, j’exigerais ce que j’avais refusé à grands cris hier : monter au fédéral. Avec Charles et Lui, le nouvel Incorruptible, sûr que les dépeceurs de la NVA, déjà knockoutés par l’éviction du PS, leur indispensable ennemi, leur allié objectif, se dégonfleraient comme un banc de méduses ensablées.

Luc Delfosse

 » L’été, ce sera pétanque en training au Parc royal, point à la ligne  »

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