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Gouverner sans le PS

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le CDH offre la possibilité historique de rejeter les socialistes dans l’opposition en Wallonie et à Bruxelles. Ce serait la fin d’un système. Ceux qui l’ont défié parlent d’une « libération ». Se libérer de la toile du socialisme dominant n’est toutefois pas une sinécure. Témoignages sans tabous.

Au pouvoir de façon ininterrompue depuis trente ans en Wallonie, omniprésent depuis la création de la Région bruxelloise en 1989, le PS verrouille la politique au sud du pays. Il imprime le rythme socio-économique, tandis que ses détracteurs regrettent la lenteur du redressement wallon. Il s’approprie les institutions, alors que le nord du pays fustige les complexités francophones, singulièrement à Bruxelles. Il dévoie la gouvernance, aussi, comme l’ont démontré les affaires Publifin et du Samusocial. Le PS n’est pas le seul à déraper, mais il est dominant, archidominant. Voilà pourquoi Benoît Lutgen, président du CDH, a tiré la prise des trois gouvernements régionaux et communautaire, le 19 juin.  » Le PS, présent depuis trente ans, a une responsabilité écrasante « , clame celui qui a été qualifié en retour de  » traître  » par Elio Di Rupo.

Mais gouverner sans le PS n’est pas aussi simple qu’il y paraît, tant tout est cadenassé. Le Vif/L’Express est parti à la rencontre de ceux qui ont tenté l’expérience à Molenbeek, à Namur, à Schaerbeek ou au fédéral. Ceux-là mêmes qui se sont cassé les dents, aussi, sur le  » système  » PS. Un voyage sans tabous. Qui illustre combien il pourrait être sain de voir l’inamovible parti au pouvoir suivre une cure d’opposition.  » Une mesure de salubrité publique « , pour reprendre les termes de la coprésidente Ecolo, Zakia Khattabi. Moteur.

La nuit du lundi 16 au mardi 17 octobre 2012 reste dans les mémoires comme un moment charnière de la vie politique bruxelloise. A Molenbeek, la libérale Françoise Schepmans renverse l’immuable bourgmestre socialiste Philippe Moureaux, qui faisait la pluie et le beau temps dans la capitale depuis des décennies. Ce putsch en bonne et due forme, accompli avec le soutien des écologistes et des humanistes, est la conséquence d’un jeu de dominos entamé à Schaerbeek – avec le renvoi confirmé de Laurette Onkelinx (PS) dans l’opposition par le FDF et le CDH – et prolongé à Bruxelles-Ville – avec le rejet de Joëlle Milquet (CDH) par les socialistes, en guise de représailles.  » Mon arrivée au mayorat fut un fameux choc dans la commune, se remémore Françoise Schepmans. Et plus particulièrement encore, au sein de l’administration. Parce que c’était totalement inattendu et que, en outre, j’étais une libérale.  »

Les « grandes familles » du PS

Françoise Schepmans (MR), bourgmestre de Molenbeek :
Françoise Schepmans (MR), bourgmestre de Molenbeek :  » Ce qui a été particulièrement rude les deux premières années, ce sont les rumeurs. On ne cessait de répandre l’idée que je n’avais pas les épaules assez larges ou que je ne serais pas à l’écoute des populations étrangères… « © LAURIE DIEFFEMBACQ/belgaimage

La bourgmestre se souvient d’avoir découvert un univers communal  » digne du film Les Grandes Familles avec Jean Gabin « .  » Quelques familles occupaient tous les leviers de la commune. Ce n’était pas une fiction, c’était la réalité.  » Le niveau de l’administration (1 300 fonctionnaires) laissait lui aussi à désirer, accuse-t-elle :  » Pendant des décennies, les fonctionnaires étaient engagés sans examen, certains rentraient comme niveau 2, suivaient des cours du soir, puis obtenaient un poste de direction. Nous avons relevé le niveau d’exigence pour ces fonctions. Mais un tel processus prend du temps. C’est compliqué. Il faut de la patience. Il faut donner des objectifs précis et sans cesse revenir sur ces objectifs. Nous avons mis en place une politique de ressources humaines qui était inexistante, organisé des réunions hebdomadaires entre les services… Cette rupture était indispensable.  »

Gouverner sans le PS

Le chemin de croix de Françoise Schepmans est aggravé par les difficultés financières de la commune, apparues de façon criante à son arrivée.  » Nous sommes désormais sous plan d’assainissement, ce qui signifie que l’on ne peut plus recruter des forces vives au sein de l’administration. C’est compliqué, mais ça nous a forcés à être plus créatifs. Attaquée de toutes parts, la nouvelle équipe s’est serré les coudes. Les attentats ont forcé certains fonctionnaires à dépasser leurs contingences personnelles pour travailler au service de la commune. Mon objectif, c’était de remettre de l’ordre. De rendre le fonctionnement de nos institutions plus transparent, aussi. Le travail est en cours…  » Toujours dans l’adversité.

Aujourd’hui, la bourgmestre se félicite de l’ouverture prochaine de deux nouvelles écoles pour faire face à l’explosion démographique. Elle engrange les avancées, consciente que Rome n’a pas été érigée en un jour. Au prochain scrutin de 2018, elle affrontera d’ailleurs Catherine Moureaux, la fille de Philippe, qui a déménagé de Schaerbeek à Molenbeek.  » Elle touchera peut-être les nostalgiques de l’ancien régime parce qu’il y en a, bien sûr, lâche-t-elle, fataliste. Nous verrons bien…  »

L’araignée PS déploie sa toile

Philippe Defeyt (Ecolo), ancien président du CPAS de Namur :
Philippe Defeyt (Ecolo), ancien président du CPAS de Namur :  » L’occupation du pouvoir par le Parti socialiste en Wallonie depuis trente ans pose un problème culturel important. Il y a un déséquilibre criant entre la diversité de la société wallonne et son administration. « © Denis Closon/isopix

Son collègue libéral Richard Miller, député fédéral et patron du centre d’études du MR, connaît bien l’immense force du PS au pouvoir. Et pour cause : il vient de Mons, là où Elio Di Rupo impose sa marque depuis trente ans, et fut même son échevin. S’il n’est pas né de la dernière pluie, et s’il entretient des contacts cordiaux avec les socialistes, Miller avoue pourtant avoir réfléchi avec davantage d’acuité au poids du PS depuis la désignation de Mons comme capitale européenne de la culture en 2015.

 » C’était un formidable projet, que je suis même allé défendre avec Elio Di Rupo devant la Commission européenne, raconte-t-il. Mais une fois notre désignation acquise, les métastases de l’appareil socialiste se sont développées. Tel ou tel PS occuperait telle place. Le sponsoring passerait forcément par les administrateurs socialistes : Ethias, la RTBF, Solidaris… En deux temps trois mouvements, c’est devenu tout un bazar culturel socialiste. Et moi, je suis parti…  » La gestion de Mons 2015 a, depuis, été controversée. De même que l’absence de vision à long terme de l’événement.

 » C’est une logique d’appareil qui se développe d’elle-même, automatiquement, prolonge Richard Miller. Je ne suis même pas sûr qu’Elio ou Laurette décident vraiment ce qu’ils veulent décider au sein de leur parti, je crois en réalité que cela s’impose à eux. Un autre exemple ? Je viens d’être interviewé à l’occasion du 20e anniversaire du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). En 2003, quand j’étais ministre, je voulais lui donner un vrai statut d’indépendance. Le PS y était favorable. Mais après mon départ, c’est la même logique qui s’est imposée : l’administration était socialiste, le nouveau ministre socialiste, le patron de la RTBF socialiste et le directeur du CSA a été socialiste. C’est une pieuvre qui ne cesse d’étendre ses tentacules !  »

Alors, oui, le député goûte avec un plaisir malicieux l’expérience actuelle au fédéral, où le MR a déjà renvoyé le PS dans l’opposition, un fameux jour d’octobre 2014, avec cette suédoise qualifiée alors par le PS de  » kamikaze « . Aujourd’hui, les libéraux s’amusent de voir les socialistes boire la tasse.  » Enormément de choses sont possibles sans les socialistes, jubile Richard Miller. Je résumerais ça avec une image : sous le gouvernement Di Rupo, dans lequel le MR se trouvait aussi, on traquait les chômeurs ; sous le gouvernement Michel, on ne traque plus les chômeurs, on crée de l’emploi. Pourquoi ? Parce qu’il y avait un blocage purement idéologique de la part des socialistes contre la baisse des charges, le saut d’index, la flexibilité du marché du travail… Nous ne devons plus ferrailler en conseil des ministres contre Laurette Onkelinx pour venir en aide aux entreprises. Et on peut dire la même chose en matière de sécurité. Tout est plus facile. Le départ du PS ? C’est libératoire !  »

Pour autant, le Montois sait parfaitement une chose : au fédéral, ce sont surtout les vestiges de  » l’Etat CVP  » qui ont donné du fil à retordre aux libéraux. Le poids du PS y était moins problématique. Dans les Régions et en Communauté française, par contre,  » l’araignée  » socialiste contrôle tout…

« Un problème culturel grave »

Richard Miller (MR), député fédéral :
Richard Miller (MR), député fédéral :  » Une fois la désignation de Mons acquise en tant que capitale européenne de la culture, les métastases de l’appareil socialiste se sont développées. Tel ou tel PS occuperait telle place. Et moi, je suis parti… « © LAURIE DIEFFEMBACQ/belgaimage

Ancien secrétaire fédéral d’Ecolo, président sortant du CPAS de Namur où CDH, MR et Ecolo ont provoqué un séisme en boutant le PS dans l’opposition en 2012, Philippe Defeyt a un avis éclairé sur la question.  » L’occupation du pouvoir par le Parti socialiste en Wallonie depuis trente ans pose un problème culturel important, insiste-t-il. A cause de cette longue présence et d’une politisation inacceptable, il y a aujourd’hui un déséquilibre criant entre la diversité de la société wallonne et son administration…  » Selon les derniers chiffres du Gerfa (Groupe d’étude et de réforme de la fonction administrative), 86 % des fonctionnaires sont étiquetés PS ou CDH. Sans compter une surreprésentation écrasante au niveau des intercommunales ou des organismes parapublics.

 » Le résultat ? C’est que cela empêche toute autre manière de penser « , juge Philippe Defeyt. Car tout est cadenassé. L’écologiste en veut pour preuve le secteur du logement social qu’il connaît bien, en tant que président du Conseil supérieur du logement. Ecolo a récemment exprimé des critiques au sujet de la réforme proposée par la majorité PS-CDH : 38 000 personnes sont sur une liste d’attente, mais la coalition augmente encore le plafond de revenus pour favoriser la mixité.  » Le débat n’est tout simplement pas possible, dit Defeyt. Lors d’une réunion rassemblant les acteurs du secteur, il y avait une quinzaine de socialistes et un CDH. Moi, Ecolo, je n’y participais qu’à titre consultatif, en ma qualité de président du Conseil supérieur. Cette omniprésence socialiste écrase tout sur son passage.  »

Selon Philippe Defeyt, cela engendre en outre de sérieux problèmes de loyauté de la part de fonctionnaires.  » Certains privilégient les demandes de leur parti. D’autres préviennent les communes de leur bord politique avant un appel à projets afin qu’elles partent avec une longueur d’avance par rapport aux autres. C’est grave. Je défends le droit d’un fonctionnaire à donner son avis, mais lorsqu’une décision politique est prise, il doit l’exécuter ! Le problème, aussi, c’est qu’à force de devoir remplir les cases, il arrive que le parti dominant place des gens parfaitement incompétents, nommés uniquement parce qu’ils ont la bonne couleur au bon moment. Le dossier Publifin a montré comment on utilisait des structures pour récompenser des mandataires fidèles.  » Des pratiques en voie de disparition, reconnaît-il. Mais lentement, trop lentement.

Aux yeux de celui qui est devenu une sorte de sage de la politique francophone, le mal est profond :  » Je ne suis pas un antisocialiste primaire, cela n’a pas de sens. Mais ce serait intéressant que le PS vive une cure d’opposition. Et si une alliance alternative voit le jour, elle devra remettre de l’ordre.  »

Une administration aux ordres

Philippe Henry (Ecolo), ancien ministre wallon :
Philippe Henry (Ecolo), ancien ministre wallon :  » Il y avait un problème de diligence au niveau de l’administration, avec laquelle la confiance n’existait pas. On devait systématiquement refaire le travail au sein du cabinet. « © NICOLAS MAETERLINCK/belgaimage

Cette difficulté à mener une politique alternative au sud du pays, l’écologiste Philippe Henry l’a expérimentée concrètement lors de la législature précédente. Ministre wallon de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire, il devait porter des réformes structurelles importantes pour la Région. Qui heurtaient de front les structures en place et les municipalistes de tous bords.  » Mon expérience ministérielle fut difficile, confesse-t-il. Une tripartite, c’est par définition plus compliqué à gérer qu’une coalition à deux. Mais ce le fut davantage encore pour nous, écologistes, car nous étions les seuls à ne pas être représentés structurellement au sein de l’administration – nous ne le voulions pas, d’ailleurs… Le PS est très professionnel dans son approche, dans la formation de ses cadres… C’est un bloc. Qui peut engendrer le meilleur, mais aussi le pire.  »

Si Philippe Henry a dû batailler ferme contre la machine socialiste, il s’est également heurté, dans ses compétences, aux résistances tout aussi coriaces du CDH.  » Ce qui nous distingue, chez Ecolo, tant du PS que du CDH, c’est notre volonté de déterminer des critères objectifs pour concrétiser notre volonté politique, explique-t-il. C’est totalement antinomique avec ce que veulent socialistes et humanistes. En entamant ma réflexion sur la réforme de l’aménagement du territoire, je proposais d’objectiver les choses, notamment sur la base du calcul de la densité de population. Immédiatement, en retour, il y a eu une très forte mobilisation du PS via une carte blanche publiée par une série de députés-bourgmestres à qui cela ne convenait pas du tout… Socialistes et humanistes défendent la liberté des communes, mais c’est surtout pour pouvoir les choisir en toute subjectivité et négocier individuellement avec elles.  » Une façon de déployer leur toile clientéliste, en somme…

Gouverner sans le PS

Portant une approche radicalement différente de ses partenaires, Philippe Henry savait qu’il n’aurait pas la tâche aisée. Mais au coeur de plusieurs négociations délicates, il s’aperçoit soudain que les ministres des deux autres formations disposent de notes confidentielles grâce à des fuites délibérées au sein de l’administration.  » Nous nous en rendions compte parce qu’ils faisaient état d’informations que nous n’avions pas communiquées. C’est tout à fait inadmissible. De même, il y avait un vrai problème de diligence au niveau de l’administration, avec laquelle la confiance n’existait pas. On devait systématiquement refaire le travail au sein du cabinet. Quand on recevait le dossier à temps : le plus souvent, les fonctionnaires concernés traînaient dans l’exécution de ce que nous leur demandions alors que les autres groupes politiques nous harcelaient parce que nous n’allions pas assez vite.  » Par contre, lorsqu’un collègue humaniste souhaite accélérer l’examen d’un dossier en fin de législature, sa requête passe comme une lettre à la poste. De quoi devenir fou…

 » La modernisation et la redynamisation de la fonction publique constituent un chantier essentiel pour la Wallonie, insiste l’ancien ministre. Jean-Marc Nollet, Ecolo lui aussi, s’y était employé en créant une école d’administration publique, mais cette volonté politique a fortement regressé depuis. Or, la politisation pose de vrais problèmes d’indépendance.  » C’est dit : PS et CDH auraient organisé au fil des années un système à leur service. Un entre soi. Dont il sera difficile de s’extirper rapidement.

« Gouverner sans le PS, c’est possible »

Bernard Clerfayt (Défi), bourgmestre de Schaerbeek :
Bernard Clerfayt (Défi), bourgmestre de Schaerbeek :  » Gouverner sans le PS, c’est possible. Nous parvenons à échapper aux enjeux purement politiciens, aux grands débats idéologiques. Nous voulons être pragmatiques. « © LAURIE DIEFFEMBACQ/belgaimage

Revenons au début du jeu de dominos consécutif aux communales de 2012. C’est à Schaerbeek que tout avait commencé. Six ans plus tôt, d’ailleurs. En 2006, Bernard Clerfayt (DéFI), bourgmestre de cette localité bruxelloise depuis 2000, renvoie le PS dans l’opposition après le parachutage de la Liégeoise Laurette Onkelinx dans la commune. Elio Di Rupo l’apprend, sidéré, en direct à la télévision. La vice-Première PS, elle, découvre la  » trahison  » – le mot était déjà à la mode – sous les huées en arrivant à la maison communale. Aujourd’hui, Bernard Clerfayt dirige toujours Schaerbeek à la tête d’une majorité comprenant des libéraux (qui ont rejoint DéFI), Ecolo et le CDH. C’est devenu un laboratoire.

Depuis le début de la crise amorcée par Benoît Lutgen, Bernard Clerfayt est donc l’incarnation de ce qui est devenu un slogan :  » Gouverner sans le PS, c’est possible.  »  » Je n’ai pas de recette et je n’ai pas la prétention d’être un gourou, précise-t-il dans un sourire. Mais s’il est possible de mettre ensemble des partenaires qui semblent a priori antagonistes, c’est parce que l’on se concentre sur le concret, sur le réel. Nous parvenons à échapper aux enjeux purement politiciens, aux grands débats idéologiques, que ce soit en faveur du service public ou de l’initiative privée. Nous voulons être pragmatiques pour répondre aux attentes des gens. Etre orienté résultats. Le tout en interaction avec les citoyens : nous organisons beaucoup de réunions dans les quartiers.  » Le PS version marxiste, qui brandit les dogmes face au PTB ? Très peu pour lui.

Le  » modèle schaerbeekois  » a l’ambition de mélanger les contraires, de confronter les divergences et de dépasser les idées reçues. Une attitude rendue possible par le dépassement des idéologies et l’absence d’un parti écrasant les autres.  » Généralement, le plaidoyer pour davantage de sécurité dans les rues est considéré comme un discours de droite, illustre Clerfayt. Pourtant, la présence d’agents de quartier et la réduction de l’insécurité, c’est aux pauvres que cela profite le plus. Un autre débat sensible dans la ville, c’est la place de la voiture ou du vélo qui divise libéraux et écologistes. Mais remettre la vie de quartier, n’est-ce pas aussi bon pour les restaurateurs ou les commerçants ? Et plus il y a des citoyens à vélo, plus l’espace est confortable pour les voitures, non ? Etre pragmatique, c’est faire bouger les choses en dépassant les blocages idéologiques ! Dans ma majorité, il n’y a pas de ressentiments permanents, pas de bagarres entre clans…  »

La dynamique est-elle transposable ?  » Je ne pense pas que le positionnement du MR et d’Ecolo soit forcément semblable dans une ville de tradition socialiste comme Charleroi, où le PS a appris à partager… Mais ce qui est sûr, c’est qu’il faut du pragmatisme, de la transparence, de l’ouverture aux citoyens. Il faut recréer de la confiance après les affaires parce que s’il y a une certitude, c’est que la politique continuera à exister. L’assainissement des pratiques est absolument nécessaire.  » Son président de parti, Olivier Maingain, le dit plus crûment ces derniers jours, en ciblant Joëlle Milquet, l’ex-ministre CDH inculpée dans une affaire d’emplois fictifs :  » Chacun doit nettoyer ses écuries.  »

Avec ses partenaires, le DéFI schaerbeekois entend, pour sa part, mettre en oeuvre une nouvelle culture politique, frappée du sceau du bon sens. Une métaphore de ce qui serait souhaitable à la Région ?  » Le patron Baudouin Meunier, cosignataire d’une lettre publiée il y a un an avec Johnny Thijs et Bernard Delvaux, a raison de dire aujourd’hui que l’on doit avant tout avoir une majorité régionale orientée vers les résultats, relève Bernard Clerfayt. Elle doit être capable de dire aux citoyens, les yeux dans les yeux : « Il y aura moins de bouchons et davantage de confort pour les habitants. » Nous devons tous ramer dans la barque. Et si les vents sont contraires, il faut ramer plus vite qu’eux, sans se lamenter, c’est tout !  »

L’incertitude demeure en Wallonie et à Bruxelles, deux semaines après le coup de poker du CDH. Mais pour ces intrépides de la politique, il ne faut pas manquer l’opportunité unique de renvoyer le PS dans l’opposition. Parce que ce serait une alternance saine, démocratiquement. Parce que ce serait une bouffée d’air, aussi. La possibilité de tenter une autre politique, autrement. En brisant la chape de plomb d’un socialisme dont la rose apparaît définitivement fanée avec les affaires.

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