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Du sujet d’étude au partenaire de recherche

Les patients qui participent à l’étude INTERACT ne se bornent pas à subir leur traitement : grâce à une appli pour smartphone, ils mettent eux-mêmes la main à la pâte en contribuant à effectuer des mesures et à gérer leur prise en charge.

Environ 80 % des essais cliniques réalisés dans notre pays sont financés par l’industrie pharmaceutique. Ce n’est pas le cas d’INTERACT, qui repose sur le sponsoring de trois mécènes non commerciaux : la Commission européenne, la Fondation Roi Baudouin et l’organisation néerlandaise pour la recherche scientifique. L’étude a été mise sur pied en 2016 par des chercheurs de la KU Leuven et de l’université de Maastricht, qui collaborent aujourd’hui avec six centres psychiatriques en Flandre et six aux Pays-Bas, pour son exécution pratique. L’objectif ? Tester une nouvelle méthode de traitement chez des patients victimes de plaintes psychotiques ou ayant déjà subi un premier épisode de psychose.

À l’instar des essais cliniques portant sur des médicaments, cette étude clinique interventionnelle est surveillée par un comité d’éthique. Les participants n’encourent aucun frais supplémentaire, peuvent s’en retirer à tout moment et sont assurés du respect de leur vie privée. Sa particularité réside dans le fait qu’une partie du traitement et de l’évaluation est assurée par les patients eux-mêmes à l’aide d’une appli pour smartphone.

Du divan du thérapeute à la vie de tous les jours

 » Les participants acceptés au terme du screening sont attribués de manière aléatoire à l’un de nos deux groupes d’étude « , explique le Pr Inez Myin-Germeys du Center for Contextual Psychiatry de Louvain, l’investigatrice principale.  » L’un des deux groupes bénéficie simplement de la prise en charge standard pour les troubles psychotiques, l’autre suit en outre une thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), l’intervention dont nous cherchons à mesurer l’effet.  »

Du sujet d'étude au partenaire de recherche

En soi, l’ACT n’est pas une approche nouvelle. Ce qui est par contre inédit, c’est que les participants d’INTERACT en bénéficient non seulement sur le divan du thérapeute mais aussi dans leur vie quotidienne.  » Les patients enrôlés dans l’étude participent à huit séances d’ACT à raison d’une toutes les semaines ou toutes les deux semaines, explique le Pr Myin-Germeys. Ils disposent en outre d’une application pour smartphone, PsyMate , qui produit un signal sonore huit fois par jour à des moments aléatoires au cours des trois jours qui suivent chaque séance. À chaque ‘bip’, le patient doit répondre à une quinzaine de questions : comment vous sentez-vous, où êtes-vous, que faites-vous, qui est avec vous, etc. La fréquence de ces rappels force le patient à s’arrêter très souvent sur ce qu’il ressent ou sur ce à quoi il est confronté, ce qui peut favoriser son processus d’acceptation.  »

Mais ce n’est pas tout : à chaque bip, une métaphore ou un bref exercice lui est proposé.  » La métaphore l’aide à se remémorer les thèmes abordés au cours de la séance de thérapie – accepter les émotions difficiles, par exemple, ou se focaliser sur ce qui est vraiment important ( » engagement « ). L’exercice lui offre l’opportunité de mettre en pratique les aptitudes acquises au cours de la séance, mais sans l’aide du thérapeute et en les appliquant à ce qui se passe à ce moment précis dans son quotidien.  »

L’appli leur permet de s’entraîner à cette mise en pratique de façon structurée, et ce aussi bien lorsqu’ils n’ont pas de plaintes particulières que dans les moments plus difficiles.

Dresser son propre tableau

L’appli et l’engagement des participants permettent aussi l’évaluation de la thérapie :  » Avant et après le traitement, les patients sont soumis à un interrogatoire détaillé par un chercheur qui ignore s’ils ont bénéficié uniquement de la prise en charge standard ou également de l’ACT. Nous attendons toutefois aussi d’eux qu’ils dressent eux-mêmes le tableau de leurs émotions, pensées et comportements avant et après le traitement, en complétant à chaque ‘bip’ le questionnaire détaillé qui leur est soumis par l’application PsyMate au cours de la semaine de mesure.  »

INTERACT s’appuie donc fortement sur l’engagement et la contribution des patients participants.  » C’est aussi pour cette raison que nous avons, dès la conception de l’étude, été attentifs à l’input de personnes confrontées aux mêmes problèmes de santé que nos participants. Nous avons aussi choisi d’inclure dans notre équipe un chercheur qui est également expert du vécu dans ce domaine.  »

Envie de participer ?

Quelque 110 participants ont déjà pu être enrôlés depuis le lancement d’INTERACT, en janvier 2016, mais le recrutement des candidats court encore jusqu’en septembre 2018. Pour l’instant, le projet ne s’adresse qu’aux patients confrontés à des plaintes psychotiques ou qui ont subi un premier épisode de psychose, mais une étude de suivi sera probablement organisée chez des personnes victimes d’une psychose chronique. Plus d’informations sur www.interact-studie.eu

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