De l’importance des symboles

Dans sa chronique ( » C’est le moment de… « , Le Vif/L’Express du 8 décembre), l’auteur se réfère à un roman d’Amin Maalouf, Les Identités meurtrières. J’ai lu cet article avec une certaine consternation. Il démonte avec pertinence les fanatismes religieux qui mènent à l’intolérance et à la violence. Mais plus loin, un rapprochement est établi entre les identités meurtrières et la croix sur la mitre de saint Nicolas. A ma connaissance, aucun de ses adorateurs ne brûle des hérétiques en place publique ou ne fait exploser des bombes. La symbolique de la croix poserait donc question mais pourquoi ? Certes, saint Nicolas est un personnage chrétien, mais ce n’est pas un problème en soi, sauf à considérer que la présence de tout signe religieux dans l’espace public constitue une menace d’extrémisme religieux potentiellement violent. Si tel était le cas, il faudrait logiquement supprimer les croix des églises, les statuettes de la Vierge, et interdire la soutane, la kippa et le foulard islamique dans l’espace public. Au diable les symboles puisque seules comptent les valeurs. Pourtant, les symboles sont essentiels et leur utilité dépasse le religieux. Sans symboles, pas d’appartenance, pas d’art ; on se retrouve dans une zone hyperneutralisée et uniformisée censée créer une équivalence absolue entre les êtres. Un tel système ne serait pas sans rappeler certaines dictatures. Quant à saint Nicolas, il a effectivement vécu en Anatolie et il n’avait sûrement aucun pouvoir magique. C’est donc un mythe qui n’a qu’un rapport lointain avec la réalité. L’importance des symboles ne réside pas tant dans leur authenticité historique que dans la signification qu’ils portent ou dans les valeurs qu’ils représentent, c’est même leur utilité principale. Le mythe du grand saint n’est d’ailleurs pas négatif. Un vieux bonhomme bienveillant qui accueille tous les enfants et les encourage à être sages en leur distribuant des cadeaux. Alors, s’il vous plaît, ne nous sentons pas obligés de participer à la démolition de symboles, même chrétiens, nous pourrions nuire à des valeurs respectables par la même occasion.

Yves Michel, par courriel

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