© ERIC VERBIEST

ÇA GRIMPE !

Le hors-piste, le top absolu. Partir en rando ou en splitboard, c’est avant tout vaincre la montagne par soi-même pour choisir ensuite la voie par laquelle redescendre. Le plaisir de prendre des virages se mérite…

À l’origine, le ski de fond était plus une nécessité qu’un passe-temps. Quand il n’existait encore ni remonte-pentes ni domaines skiables, les montagnards se déplaçaient déjà à skis d’un village à l’autre. À la fin du XIXe siècle, des patrouilles de militaires à skis ont été créées, souvent pour effectuer des missions de reconnaissance ou de sécurité. Des compétitions ont ensuite été organisées à partir de 1920, et le ski de fond a été inscrit au programme des Jeux olympiques (Chamonix, 1924). Des militaires équipés de leurs armes et de leurs paquetages franchissaient alors des distances de 30 km. Après la Deuxième Guerre mondiale, la patrouille militaire à skis a laissé la place au biathlon.

Mais réfléchissez avant de vous emballer et de vous précipiter chez le marchand : la rando à skis et le splitboard sont des sports de montagne exigeant une excellente condition physique. Vous ne vous déplacez plus sur des pistes sécurisées mais vous vous trouvez en pleine montagne. Les roches ou les falaises ne sont pas signalées ou protégées par des filets, le risque d’avalanche est réel, le temps peut très vite changer. Un risque existe et mieux vaut s’accompagner d’un guide de montagne.

LE GUIDE QUI NE PREND JAMAIS LE TÉLÉSKI

Le Queyras : une vallée attenante à un parc naturel niché au fond des Alpes françaises. Y arriver n’est pas aisé. Seules les Gorges de Guil sont accessibles en hiver. Il s’agit d’un sentier étroit et sinueux, souvent taillé dans la paroi rocheuse. S’il neige trop, il est carrément impossible d’entrer dans le Queyras. Les domaines skiables s’avèrent petits et, dans les villages, le temps semble s’être arrêté. Rares sont les téléskis qui desservent les petites stations. Dire qu’il y fait extrêmement calme est un euphémisme. Mais ce domaine – le moins fréquenté de France – se découvre telle une perle brute pour la rando à skis. Si vous adorez la nature, que vous ne craignez pas l’effort physique et que vous aimez le calme et les pentes vierges, ne manquez pas de venir le découvrir.

Le guide qu’on nous a délégué, Jean-Philippe Cherbonnier, ne prend jamais de téléski. Nous démarrons très tôt et nos lampes frontales ne sont pas inutiles pour préparer notre matériel avant de nous attaquer à notre première grimpette de la journée. Quand nous commençons à monter, nos lampes tracent des lignes bleues fantomatiques dans un paysage blanc. Le Col de l’Izoard brille dans un soleil levant qui nous donne un sentiment de douce chaleur dans de magnifiques paysages. Nous glissons à la rencontre de petits villages perdus, entièrement ensevelis sous la neige. On n’en perçoit guère que les faîtes des toits à travers la couche de neige.

Mais il ne s’agit pas seulement de se faire plaisir. Nous en voyons de toutes les couleurs. S’habiller par couches superposées s’avère précieux lors de randos à skis ou à splitboard. Lors de la montée, on ne tarde pas à avoir chaud. Mettre de bons vêtements qui respirent par couches successives peut être d’une importance capitale pour le randonneur. Au même titre que le sac à dos qui contient les repas, les boissons et le matériel pour avalanches. Deux conseils encore : adoptez un rythme que vous puissiez tenir pendant des heures, et profitez de la beauté de l’escalade qui va, évidemment, durer bien plus longtemps que la descente.

La montée devient plus raide. Jean-Philippe fixe le tempo et escalade la montagne en zigzaguant. La première fois, il n’est pas commode d’opérer les conversions (ou kick turns), mais il suffit de quelques dizaines de virages pour acquérir la technique. Quelques heures plus tard, arrivés sur un sommet, nous nous réjouissons en silence d’une vue inoubliable sur le Col de l’Izoard, l’Arpelin et La Casse Déserte. Nous cassons la croûte en plein air, de fromage et de pain savoureux. Comme par magie, Jean-Philippe sort un verre de vin rouge de son thermos. Nous rangeons les peaux de phoque et passons nos fixations et chaussures en mode ski. Le splitboard redevient snowboard et nous ne tardons pas à nous voir récompensés par une descente couverte d’une neige poudreuse toute douce. Malgré l’effort physique qu’elle exige, la randonnée à skis devient très vite un jeu dont on ne peut plus se passer. Nous réinstallons les peaux de phoque pour marcher vers la Tête du Pelvas. Même en remontant, nous remarquons à quel point la neige est douce. Notre enthousiasme s’accroît à chaque pas qui nous rapproche du sommet. La Vallée de Valpreveyre procure une grande poussée d’adrénaline et la descente qui nous ramène à notre point de départ à travers un bois de mélèzes et via Le Roux nous laisse sans voix.

TÔT LE MATIN OU TARD LE SOIR

La rando à skis est un sport d’hiver extrêmement populaire au matériel toujours plus sophistiqué et aux pistes de rando toujours mieux équipées. Certaines stations ouvrent quelques pistes tôt le matin – avant même l’ouverture officielle de la station – afin de donner accès aux randonneurs. Certes, ces pistes n’offrent pas une véritable impression de rando mais il s’agit d’une bonne introduction au sport et d’une façon dynamique de débuter la journée. D’autres stations ouvrent aussi le soir, et on remarque souvent de grands groupes arpenter les pistes pour aller dîner dans un refuge avant de redescendre à la lueur de leurs lampes frontales. Quand approche la fin de la saison officielle, l’heure du randonneur a sonné. Il n’a pas besoin de téléskis, le calme revient sur la montagne, les jours s’allongent et se réchauffent. Le côté aventureux peut encore augmenter d’un cran comme le prouvent les nombreuses randonnées qui relient une montagne à l’autre en plusieurs jours, de refuge en refuge. L’exemple le plus connu est sans doute la Haute Route. Cette randonnée relie, en environ 8 jours, Chamonix à Zermatt en passant par des sommets iconiques comme le Mont-Blanc, la Dent Blanche et le Cervin.

Texte: Jurgen Groenwals

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