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Bannir le sucre au profit de lipides, une bonne idée ?

Nina Van Den Broecke Journaliste free-lance pour Knack

Le régime cétogène a le vent en poupe. Tant dans la presse que sur les médias sociaux, il est vanté comme le nouveau régime miracle. Il n’est pourtant pas neuf. Les premiers articles scientifiques sur la diète cétogène datent du début du siècle passé. Mais qu’en penser ?

Le régime cétogène se caractérise par des apports très faibles en glucides et élevés en graisses. Il préconise de limiter la prise de glucides à maximum 50 grammes par jour ou 10 % des besoins énergétiques. Ce régime ne fait pas de distinction entre glucides complexes – plus sains – et sucres ajoutés – clairement mauvais pour la santé. Tous deux doivent être évités au maximum, et ce en contradiction flagrante avec les recommandations qui prônent, pour une alimentation saine, de puiser au moins 230 g ou 45 % de son énergie dans les glucides.

En revanche, il recommande une absorption de graisse très élevée, représentant jusqu’à 80 % des sources d’énergie quotidienne. Pourtant, le Conseil supérieur de la Santé recommande de ne pas puiser plus de 35 % de l’énergie dans les graisses… Le pourcentage de protéines conseillé par le régime cétogène est pour sa part comparable à celui préconisé dans les recommandations générales.

Au menu

Une telle répartition des glucides et des graisses influence évidemment les produits consommés : pommes de terre, pain, pâtes, riz et autres produits céréaliers ne sont plus au menu. L’offre de fruits est très limitée : seuls les fruits pauvres en glucides, comme certaines baies, le citron et le limon sont autorisés en petites quantités. Concernant les légumes, le choix s’avère plus étendu même si, ici aussi, les variétés riches en glucides sont écartées. Par contre, la consommation de produits gras est encouragée : on peut user et abuser d’huile, de beurre, de fromage gras, de crème et d’autres sources de gras. La viande, le poisson gras, les oeufs et le lait entier sont autorisés.

Pommes de terre, pain, pâtes, riz et autres produits céréaliers ne sont plus au menu.

Il apparaît d’emblée que ce régime se distancie énormément d’une alimentation saine et variée. Des aliments dont il a été prouvé qu’ils ont un effet positif sur notre santé, comme les légumes, les fruits et les céréales complètes, sont bannis. Alors qu’il est évident que de grandes portions de viande rouge, de charcuterie, de beurre et d’autres graisses animales présentent des risques pour la santé. Bref, la pyramide alimentaire est complètement renversée !

Et ça marche ?

Des études montrent que le régime cétogène fait perdre un peu plus de poids à court terme qu’un régime classique. Cela peut s’expliquer par les effets biochimiques de la diète : suite à un apport très faible en glucides, l’organisme doit brûler les graisses pour trouver de l’énergie. Mais pour ce faire, il a besoin d’une petite quantité de glucides. En l’absence de ceux-ci, les graisses ne sont dès lors pas entièrement brûlées. Résultat ? D’une part, on perd de l’énergie, ce qui fait que l’on maigrit plus facilement ; d’autre part, le foie produit des cétones qui répriment la sensation de faim. Ces cétones sont aussi responsables de la mauvaise haleine dont souffrent souvent ceux qui suivent ce régime. Constipation et fatigue sont en outre fréquemment au programme.

Par contre, à long terme, le régime cétogène ne donne pas de meilleurs résultats que le régime d’amaigrissement classique. Il y a plusieurs explications à cela, selon les chercheurs. Étant donné que ce régime est strict et peu varié, la plupart des gens ne tiennent pas sur le long terme et retombent dans leurs mauvaises habitudes alimentaires. Peut-être le régime cétogène a-t-il aussi un effet négatif sur la flore intestinale, ce qui tempère largement ses effets positifs en début de régime.

Pas sans risques

Le régime cétogène est également promu auprès des patients diabétiques en surpoids. Du fait de leur faible consommation de glucides, ils ont moins besoin d’insuline, avec des conséquences positives sur la régulation du diabète. Ici aussi, des études montrent son efficacité à court terme, mais aucune différence à long terme. Les résultats positifs au début du régime sont peut-être dus au fait que les patients maigrissent, ce qui a en soi un effet positif. Mais ce mode d’alimentation n’est pas sans risque pour les diabétiques : ceux qui s’injectent de l’insuline ou prennent d’autres médicaments qui stimulent le pancréas à libérer de l’insuline courent davantage de risque de dérégulation. Une diète cétogène ne peut donc jamais être entamée par des patients diabétiques sans accompagnement.

Précisons également que pour tout un chacun, un régime cétogène de longue durée présente un risque non négligeable de carences en vitamines et en minéraux. Sans oublier le risque accru de calculs rénaux et biliaires. L’effet du régime sur le risque de maladies cardiovasculaires et de cancer à long terme n’est pas clair et doit encore être étudié.

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