Lorient fête le retour de Tara après 7 mois d’expédition dans l’Arctique

(Belga) Toute illuminée de bleu, la goélette Tara et ses 36 mètres de long scintille dans la nuit, alors qu’elle franchit lentement les dernières encablures qui la séparent du quai où des centaines de Lorientais l’attendent.

La coque massive en aluminium du voilier s’approche doucement sous les acclamations et au son d’un orchestre de cuivres, la « Pétarade de Brest », venu pour l’occasion. Mission accomplie pour le deux mâts océanographique français après sept mois à écumer la banquise et des milliers d’échantillons prélevés pour étudier la biodiversité de l’Arctique. Eliane est venue avec son petit-fils de deux ans Ewen, emmitouflé dans une grosse écharpe pour « voir le bateau, parce que ça vaut vraiment le coup ». « Ça m’intéresse énormément, je viens à chaque fois que Tara part ou revient. Pour moi c’est une vraie aventure », dit Marie-Hélène, une Lorientaise d’adoption. Il fait froid en ce début de mois de décembre à Lorient. Rien à voir toutefois avec les températures polaires (jusqu’à -8° en été dans l’Arctique canadien) bravées par l’équipe du voilier pendant sept mois autour de l’Arctique. L’expédition était partie de Lorient, son port d’attache, le 19 mai. Au total, la mission « Tara Oceans Polar Circle » aura effectué 25.000 km autour du pôle Nord en passant par les passages du Nord-Est (Sibérie) et du Nord-Ouest (Canada) et prélevé 5.000 échantillons de plancton, lors de 55 stations scientifiques. Cinquante-sept personnes se sont relayées à bord du bateau, soit 17 marins et une quarantaine de scientifiques. Pourquoi affronter la glace et des conditions de navigation parfois extrêmes, qui ont nécessité à certains moments la présence d’un brise-glace? Eric Karsenti, le directeur scientifique de la mission, répond en un seul mot: « expliquer ». « Il faut expliquer au public quels sont les enjeux autour des océans », dit-il avant d’ajouter: « Ce qu’on essaie d’expliquer, c’est le rôle de la vie océanique dans la régulation du climat ». A ses côtés, Etienne Bourgois, le président de Tara Expédition, qui a lancé l’aventure de Tara il y a 10 ans, explique sa démarche: « Il s’agissait de travailler avec les scientifiques et donner des outils pédagogiques pour comprendre (les conséquences du réchauffement climatique, ndlr). Et d’anticiper car ce sont les hommes qui vont trinquer dans quelques années ». La principale mécène de l’opération, la styliste Agnès B., également la mère d’Etienne Bourgois, a enfoncé le clou samedi soir en lançant au micro depuis le pont du bateau: « Les enfants, l’écologie c’est très important, vous le savez!  » L’arrivée à Lorient de la mission Arctique vient clore un chapitre de l’aventure de Tara. Depuis 2009, la goélette a écumé tous les océans du monde, parcouru quelque 150.000 km et prélevé 35.000 échantillons pour mieux étudier la biosphère et mieux comprendre les changements climatiques. Samedi soir, en terminant sa mission « Polar Circle », Tara a aussi fêté ses 10 ans. L’anniversaire a été dûment célébré avec du vin chaud, toujours au son de la fanfare. Cependant le travail des scientifiques ne s’arrête pas là. Les milliers de micro-organismes marins prélevés seront analysés mais les résultats ne seront disponibles que dans de longs mois, voire plusieurs années. « Analyser les données, ça va prendre quelques années mais on aura des arguments contre les climatosceptiques », se réjouit Eric Karsenti. « Pour nous ça ne fait que commencer », lance pour sa part Etienne Bourgois. En 2014, Tara rejoindra des latitudes plus chaudes avec un tour de Méditerranée, actuellement en préparation. L’objectif sera de « travailler avec des scientifiques locaux et échanger sur cette mer qui est sous pression et connaît des problèmes de pollution », précise Etienne Bourgois. (Belga)

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