Londres l’illimitable

Londres est donc toujours flamboyante, capitale de la finance mondiale, de la mode et de l’avant-garde musicale. Londres est toujours aussi plurielle, guindée dans la City, dévergondée à Soho, réinventée à Nine Elms.

« C’est une des magies de Londres : elle parvient à intégrer ceux qui l’approchent. » Cette sentence délivrée par l’historien et écrivain Peter Ackroyd en entame de ce numéro hors série exceptionnel, qui mieux que le tout nouveau maire de Londres, Sadiq Khan, pourrait la symboliser aujourd’hui ? En élisant un musulman, fils de chauffeur de bus pakistanais et modèle de l’ascension sociale par la méritocratie, les Londoniens ont apporté à l’Europe la meilleure nouvelle de l’année sur le front du vivre ensemble, lourdement ébranlé par le terrorisme.

Londres-la-cosmopolite par excellence mais aussi Londres-la-résiliente. Onze ans avant Bruxelles, la capitale britannique était frappée, dans ses transports en commun, par la terreur islamiste semée par quatre enfants du pays. Faisant exception à la conviction d’Ackroyd, trois étaient de la même origine que celui censé aujourd’hui tout mettre en oeuvre pour éviter la répétition de pareille tragédie. On disait que Londres ne serait plus jamais la même. « C’est faux », clame pourtant le spécialiste de la métropole.

Londres est donc toujours flamboyante, capitale de la finance mondiale, de la mode et de l’avant-garde musicale. Londres est toujours aussi plurielle, guindée dans la City, dévergondée à Soho, réinventée à Nine Elms. Londres est toujours en avance, « en proie à la « néophilie », l’obsession du nouveau », selon la formule du romancier Jonathan Coe. « On y réinvente tout si vite qu’il n’y a plus de sentiment de connexion organique avec l’Histoire », prolonge-t-il.

Londres n’est peut-être pas la plus belle. Mais elle est assurément la plus riche, la plus innovante et la plus prometteuse. Car « Londres transcende toutes les limites, toutes les conventions […]. Londres est illimitable. Londres est infinie ».