Les jeunes ne se soucient pas d’intégration

(Belga) L’idée d’intégration, qui paraît si naturelle dans le débat sur la diversité, n’existe que depuis peu et si cela dépendait des jeunes d’aujourd’hui, qui ont vécu avec l’immigration en toile de fond, elle disparaîtrait à nouveau, estime le coordinateur de la « Federatie van Marokkaanse Verenigingen » (Fédération des associations marocaines), Mohamed Chakkar, l’un des contributeurs au livre « Migratiemaatschappij » qui sera publié mardi.

« Il y a une génération de jeunes issus de l’immigration qui est prête et qui est beaucoup mieux organisée que nous, et elle en a marre », explique-t-il. « Ils ont plein de projets, et ils ne s’occupent absolument pas d’intégration ». Selon lui, cette jeune génération veut faire partie de la société à partir de sa propre identité. « C’est cela que vise la protestation des jeunes filles qui portent le voile (…) Ce n’est pas par un tel combat que des groupes se mêlent à la société », a-t-il souligné. Et ces jeunes, à le lire, sont prêts à revendiquer leur place dans la société. « Ils vont mener le débat à partir d’une position bien plus forte que dans le passé. Le temps des personnes d’origine étrangère qui servaient d’alibi est dépassé, c’était trop individuel. Désormais, les politiciens issus de minorité disposeront d’une base électorale. Et cela rendra la discussion d’autant plus intéressante. Vous verrez: pendant que les ‘autochtones’ continueront à ne rien voir d’autre que l’intégration, les définitions de la nouvelle société, du nouveau Flamand, viendront des jeunes ‘allochtones' ». Dirk Geldof, professeur dans plusieurs Hautes écoles, décrit quand à lui un ‘exode urbain coloré’ comme forme ultine d’intégration. « Le prix des habitations dans des villes comme Bruxelles et la pénurie de logements ou d’écoles poussera des gens qui ont un passé d’immigration à quitter la ville », a-t-il fait remarquer. De ce fait, la population de petites communes se transforme, et pas toujours sans accroc. « Une illustration est l’opposition d’habitants de Brasschaat (la banlieue chic d’Anvers) à l’extension d’un ligne de tram depuis Anvers. La discussion ne porte pas tant sur un problème de mobilité que sur la volonté de certain de contenir en ville certains de ses habitants ». Autre sujet: l’emploi. Le débat sur les coûts salariaux constitue l’un des thèmes des prochaines élections, et n’est pas sans influence sur l’intégration. Un employeur aura toujours tendance à maximiser le coût salarial et donc à prendre le moins de risque possible en engageant un travailleur, a indiqué l’économiste Vincent Corluy. « Dans ce scénario, le travailleur le plus attractif est un jeune hautement qualifié, masculin, blanc, dans la trentaine ». Même une personne d’origine étrangère de la deuxième génération ne ressortit pas souvent à ce groupe. « Il y a certe une amélioration de la position sur le marché du travail de la deuxième génération en comparaison avec la première mais celle-ci reste réduite. L’écart avec le groupe moyen des personnes nées en Belgique reste très important ». (Belga)

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