Les députés kényans ont adopté une loi répressive controversée sur la presse

(Belga) Les députés kényans ont adopté jeudi une loi controversée sur la presse, qui selon ses contempteurs, « muselle » les médias en donnant des pouvoirs étendus à une instance de régulation et en prévoyant de fortes amendes contre journalistes et organes de presse.

La nuit précédente, ils avaient en revanche rejeté une série d’amendements à la législation sur les ONG, encadrant leurs activités et limitant leur financement, un texte que ses adversaires estimaient aller de pair avec la loi sur la presse pour restreindre les libertés au Kenya. Un premier projet de loi sur la presse avait été adopté début novembre, mais le président Uhuru Kenyatta avait opposé son veto et l’avait renvoyé à l’Assemblée, assorti de ses recommandations que les députés ont adoptées jeudi. Les principaux amendements présidentiels modifient légèrement la composition d’un tribunal controversé chargé de juger les atteintes au code de déontologie et celle d’une autorité de régulation des médias, deux organes sous contrôle de fait des autorités et auxquels la loi donne des pouvoirs très étendus. La société civile avait vu dans ces deux projets de loi, publiés quasi-concomitamment, une volonté de bâillonner les voix critiques au Kenya, notamment celles qui militent pour la bonne gouvernance et luttent contre l’impunité alors que le président Uhuru Kenyatta et son vice-président William Ruto sont poursuivis par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité. « C’est un moment sombre pour le secteur des médias au Kenya, l’Assemblée nationale a donné son imprimatur à une loi qui va annuler les progrès enregistrés en matière de liberté d’expression et d’indépendance des médias vis-à-vis de l’Etat. Cette loi est un grave affront à la liberté de la presse, savamment calculée pour viser les journalistes et les médias dans le but ultime de les museler via de fortes amendes et sanctions », ont estimé dans un communiqué conjoint le Syndicat des Editeurs, celui des journalistes du Kenya et l’Association des correspondants du Kenya, affirmant leur intention de contester la loi devant les tribunaux. (Belga)

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