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Les codes-barres débarquent en rue

Des codes-barres d’un nouveau genre apparaissent à l’entrée de bâtiments communaux et équiperont bientôt 1 000 sites touristiques wallons. En les scannant avec un téléphone, on obtient des renseignements multilingues. Un entrepreneur namurois en fait un commerce international.

Pour Jo Van Hove, le déclic s’est produit en visitant un site archéologique au Brésil, il y a quatre ans. Il est déçu de constater que les panneaux d’information sont rédigés dans la seule langue nationale portugaise. Il l’ignore encore, mais cette déconvenue va réorienter sa vie professionnelle.

L’idée jaillit rapidement. « De plus en plus de touristes sont équipés de téléphones intelligents (smartphones), observe-t-il. Pourquoi ne pas y envoyer les informations voulues dans leur langue ? » Une rapide étude de marché le convainc de quitter le milieu du cinéma pour donner corps au concept.

Le procédé qu’il élabore repose sur une nouvelle génération de codes-barres, les codes QR ( quick response, en anglais). Ces pictogrammes constitués de carrés noirs et blancs cachent le plus souvent un lien vers Internet. Le principe ? On les scanne avec un smartphone et celui-ci se connecte à une page adaptée au petit écran des téléphones.

C’est près de chez lui, à Floreffe, que Jo Van Hove l’expérimente une première fois. Il y a un an, il grave un code QR dans une plaque métallique et la scelle à un poteau qu’il plante à proximité du monument dédié à Fergus Anderson. Test concluant : en le scannant, le passant accède à une photo et au résumé de la carrière du motocycliste écossais tué en 1956 sur le mythique circuit floreffois d’alors. Le texte est proposé en 11 langues que l’on sélectionne par une simple pression sur l’écran du téléphone.
Extrêmement compatible

Baptisées iBeaken, ces bornes virtuelles équipent désormais d’autres lieux marquants de la localité et ont commencé à essaimer en Wallonie. Une vingtaine de communes, musées et maisons du tourisme en ont fait l’acquisition et les ont notamment installées au château d’Olne (pays de Herve) et à l’église Saint-Martin à Arlon. Forte de ces premières expériences, la petite société namuroise a équipé plusieurs sites touristiques et culturels en Suède et en Espagne et s’apprête à le faire en France et au Burkina Faso. « Les informations sont stockées sur notre serveur informatique en Belgique, explique Jo Van Hove. Grâce aux codes QR, les visiteurs sont instantanément connectés à la page relative au lieu où ils se trouvent. »

Le système a aussi séduit le Commissariat général au tourisme qui en a commandé un millier d’exemplaires. Ils seront déployés sur les principaux lieux touristiques et monuments patrimoniaux de Wallonie au cours des deux prochaines années. A la différence des iBeaken déjà installés, ils seront connectés à une base de données publique. Baptisée Pivot, elle rassemble progressivement toutes les informations relatives au tourisme et au patrimoine en Wallonie. Sa particularité est d’être « ouverte » et, donc, compatible avec un maximum de systèmes informatiques, à l’image de celui du site Internet de la Wallonie picarde qui l’utilise déjà.

Bruxelles s’équipe

Dans la capitale, c’est sous la forme d’autocollants qu’une vingtaine de codes QR sont apparus le 8 février. Apposés aux entrées de l’Hôtel de Ville et d’autres institutions, comme les antennes décentralisées et les musées, ils offrent des renseignements complémentaires aux panneaux classiques qui se cantonnent généralement aux heures d’ouverture. « Chaque code renvoie à une page du site communal redimensionné pour les smartphones, explique Philippe Allard, chef de projet chez Gial, prestataire informatique de la Ville. Les informations sont disponibles en trois langues et peuvent être actualisées très rapidement. Elles vont du renseignement pratique à l’historique des lieux, comme dans le cas de la page consacrée à l’Hôtel de Ville. » Même si les premières statistiques d’utilisation sont encore inconnues, l’optimisme est de mise et l’échevine de l’Informatique, Karine Lalieux (PS), annonce l’équipement prochain d’autres lieux bruxellois.

Reste qu’au-delà de ses avantages le procédé a l’inconvénient d’alourdir les factures de téléphonie mobile. Chaque fois qu’un visiteur scanne un code QR, son smartphone se connecte à Internet et, à moins d’être dans une zone couverte par un réseau Wi-FI gratuit, cela se répercute sur son abonnement, les plus pénalisés étant les touristes devant se connecter sur des réseaux hors de leur pays. Aussi certains promoteurs de codes espèrent-ils obtenir la gratuité de tout ou partie de ces connexions. « Ce serait un produit d’appel pour les opérateurs téléphoniques, glisse l’un d’eux. Cela leur permettrait de séduire les abonnés et de vendre davantage de cartes prépayées aux touristes étrangers. » Et de citer l’exemple de Base qui offre à ses clients la connexion gratuite à une version allégée du site Facebook.

Les codes QR devraient en tout cas fleurir dans les prochains mois, portés par la courbe ascensionnelle des ventes de smartphones. Selon le bureau d’étude ANT Research, un Belge sur cinq en possède désormais un.

LAURENT HOVINE

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