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Le mystère des civilisations disparues

Le Vif

Civilisations disparues… elles s’égrènent depuis quarante siècles comme un appel au monument aux morts. Celles qui ont succombé sous les coups de l’Occident ou de la chrétienté. Et les autres. La nôtre, l’occidentale, est, dit-on, elle-même menacée…

Quel avenir pour cette civilisation dont nous avons tant voulu propager – par le prêche, le fer ou le feu – les valeurs à travers le monde ? Aujourd’hui, les experts étudient son évolution, ses soubresauts, sa dégradation économique. Les scientifiques, qui accumulent les preuves de la responsabilité humaine dans le dérèglement du climat, n’en exposent pas clairement les conséquences : à l’horizon 2100 la disparition de la Floride et des Pays-Bas sous les eaux, des épidémies, des guerres civiles… D’autres rappellent que la concentration des richesses, inéluctable, écrasante, dans les mains d’une infime minorité, alors que le pouvoir d’achat de la grande majorité stagne ou baisse, provoquera à terme une déflagration rappelant 1789. Chercheurs, historiens, archéologues remontent le temps, enquêtent et se muent en futurologues. Pour quelles raisons des civilisations glorieuses se sont-elles dissoutes ? Les experts ne s’accordent pas : l’expression d’effondrement employée par l’Américain Jared Diamond exaspère ses adversaires, qui ne voient de leur côté qu’évolution ou adaptation au fil du temps. Dans cette édition, une vingtaine d’entre elles sont scrutées, analysées. Elles nous ont laissé le souvenir éclatant de leur culture : monuments, fresques, objets d’art, détruits ou menacés par de nouveaux vandales. Deux tiers des cités mayas, florissantes pendant des siècles, disparaissent, laissant la jungle se saisir de leur espace : effondrement ? L’Empire romain d’Occident, nous dit Paul Veyne, s’évertue en pure perte à intégrer des peuples, dits barbares, qui par ailleurs entendent conserver leur identité : évolution, adaptation ? L’Église, en partie responsable du naufrage, assure la continuité. Une certitude cependant, valable pour tous les peuples évoqués : nulle société dite développée ne survit sans la volonté d’affronter de nouveaux défis. Comment nier que l’hostilité menaçante des pays voisins ne provoque pour un peuple le choc salutaire, l’envie de se battre, soudé, d’avancer dans tous les domaines ? Aujourd’hui, il n’est heureusement question que de relever des défis scientifiques et économiques. Encore faut-il que la société en possède l’envie, le ressort psychologique indispensable. Un jour, les Pascuans cessèrent brutalement d’ériger des statues…

Claude Pommereau

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