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Le fact-checking, un bouclier contre les mensonges des politiques

Face à l’avalanche de chiffres en période électorale, le fact-checking est un détecteur de mensonges politiques. A l’aide de bases de données, l’internaute peut corriger les erreurs des discours en temps réel. Bobaromètre, Guéantomètre, Véritomètre… pour éviter le Pifomètre.

Le fact-checking, ou en français la vérification des faits, est une pratique du journalisme participatif sur le web qui se développe. Le principe est simple : l’internaute se rend librement sur une interface dédiée au fact-checking et s’amuse à vérifier les propos des politiques, en direct ou en différé. Certains sites d’info par exemple mettent à portée de clic de leurs visiteurs des chiffres publics pour faire la chasse aux erreurs.


Cette pratique de la vérification a fait ses preuves aux Etats-Unis, notamment lors de la campagne présidentielle de Barack Obama. Il s’agissait de traquer les mensonges des candidats dans leurs interventions pour rétablir la vérité.


Le bouclier anti-mensonge est souvent brandi en période électorale. Les candidats dégainent leurs argumentaires et nous assaillent de déclarations et de chiffres, parfois faux ou approximatifs. Un véritable problème que ces nouveaux médias participatifs entendent résoudre.

Pour stopper les hémorragies mensongères


Quand un chef d’Etat, en direct sur plusieurs chaînes simultanément, cite des chiffres erronés, il est difficile de rétablir la vérité. Les journaux les plus méticuleux corrigeront l’erreur le lendemain, mais le mal sera fait. La majorité des téléspectateurs aura gobé le mensonge noyé dans le flot de paroles.


De là, le fact-checking devient un outil démocratique qui prend tout son sens. Les internautes attentifs peuvent signaler les erreurs en temps réel sur les sites et recouper les sources ; un retour aux fondamentaux du journalisme et un backlash (retour de bâton) pour les politiques.

Le web graisse les rouages du fact-checking en usant de ses principaux atouts : l’instantanéité et le participatif. C’est peut-être cette pratique qui donnera ses lettres de noblesse au web journalisme. L’internet, généralement accusé de propager des rumeurs, aurait là le pouvoir d’arrêter l’hémorragie mensongère des politiques grâce à une utilisation plus responsable.

Et pour cela, nul besoin d’être un statisticien. Chaque internaute peut contribuer à la vérification des faits. Il suffit qu’il ait quelques outils à sa disposition. Pour le Véritomètre par exemple : une base de données publiques bien fournie (INSEE, OMS…), un journaliste – médiateur et un espace pour s’exprimer suffisent.

Des baromètres de crédibilité

Le site américain Politifact.com a été l’un des pionniers de cette pratique. Au départ un projet du quotidien floridien « St. Petersburg Times », ce site est devenu une référence mondiale. Il a même obtenu un prix Pulitzer en 2009. Son application « truth-o-meter » permettait d’évaluer la crédibilité des hommes politiques américains. Un « Obameter » a également vu le jour : il répertorie plus de 500 promesses faites par Barack Obama et vérifie si elles sont suivies d’actes.

Le concept a débarqué en Europe et plus particulièrement en France où il prend une place croissante dans le paysage web. Vu l’avalanche de discours et ses nuées de chiffres, le fact-checking se révèle bien utile en période de présidentielles. Les sites d’info ont donc lancé des baromètres en tous genres pour traquer les anomalies des discours : le « Bobaromètre« (Libération), le « Guéantomètre« (Slate), le « Véritomètre« (OWNI).


Cette dernière plateforme, lancée le 17 février, est la dernière en date et l’une des plus ambitieuses. Le site OWNI et la chaîne i>TELE ont combiné leurs efforts pour faire naître le « Véritomètre ». OWNI, spécialisé dans le journalisme de données a créé une interface interactive dont les résultats fluctuent au fil des contributions des internautes. La chaîne i>TELE consacre une chronique télévisée au Véritomètre, tous les mercredis à 22h45, dans laquelle la crédibilité des candidats à la présidentielle est chiffrée en pourcentage.

Astrid Thins (stg)

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