« La France est le pays qui comprend le moins les Tunisiens »

(Belga) La France est « le pays qui comprend le moins l’islam et les Tunisiens », et ces derniers se sont sentis « insultés » par les propos du ministre français de l’Intérieur Manuel Valls évoquant « un fascisme islamique », a déclaré le chef du parti islamiste tunisien Ennahda.

« La relation entre la Tunisie et la France est complexe. La France est un pays si proche de nous. Malgré cela, la France est le pays qui comprend le moins l’islam et les Tunisiens », a déclaré Rached Ghannouchi dans un entretien au Journal du Dimanche. Au lendemain de l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd, tué par balles le 6 février à Tunis, M. Valls avait mis en garde contre la montée d’un « fascisme islamique » dans les pays du Printemps arabe, Libye, Tunisie et Egypte. « Ennahda, les Frères musulmans, Al-Qaida: Manuel Valls a mis tout le monde dans le même sac et, ce faisant, a montré qu’il ne comprenait rien à l’islam. À l’inverse, les Allemands, les Britanniques, les Américains y parviennent et savent que l’islam n’est pas uniforme et comporte des radicaux, des modérés, et que nous sommes à la tête des composantes modérées », a déclaré M. Ghannouchi. Le soutien français au régime mourant de Zine El Abidine Ben Ali début 2011, a laissé une certaine rancoeur en Tunisie, et les propos de M. Valls avaient suscité l’indignation des partisans d’Ennahda, illustrée par le slogan « France dégage » lors de dernières manifestations pro-islamistes. Les tractations se poursuivent pour la composition d’un nouveau gouvernement en Tunisie, enlisée dans une grave crise politique et sociale, aggravée par l’assassinat de Chokri Belaïd. Le ministre de l’Intérieur Ali Larayedh, islamiste modéré, a été désigné vendredi après la démission d’Hamadi Jebali, dont la proposition de former un gouvernement de technocrates indépendants avait été rejetée par son propre parti Ennahda. La vie politique est quasi-paralysée depuis des mois faute de consensus à l’Assemblée nationale constituante sur la future Constitution, en cours de rédaction depuis 16 mois. (DEL)

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