Kerry au Pakistan pour des entretiens sur les militants islamistes

(Belga) Le secrétaire d’État américain John Kerry est au Pakistan pour exhorter le nouveau gouvernement civil et l’armée à lutter contre les bastions des militants islamistes talibans à la frontière de l’Afghanistan.

Le chef de la diplomatie américaine, arrivé à Islamabad mercredi soir, doit s’entretenir ce jeudi avec le président sortant Asif Ali Zardari, auquel succédera prochainement Mamnoon Hussain, élu président mardi par le parlement pakistanais. Il rencontrera également le Premier ministre Nawaz Sharif et le chef de l’état-major des forces armées, le général Ashfaq Kayani. M. Kerry a salué jeudi devant le personnel de l’ambassade américaine à Islamabad la bonne tenue des élections du 11 mai qui a vu la large victoire de la Ligue musulmane (PML-N) de M. Sharif. Pour la première fois dans l’histoire du Pakistan, un gouvernement élu a achevé un mandat complet et passé le témoin à un autre gouvernement à l’issue d’une élection. « C’est une transition historique. Personne ne doit la minimiser », a souligné M. Kerry en rendant hommage au président Zardari pour son rôle dans ce processus. « C’est un énorme pas en avant », a-t-il insisté. Au cours de ses entretiens au Pakistan, M. Kerry devrait notamment presser ses interlocuteurs de renforcer les opérations visant à réduire les bastions dont disposent les insurgés islamistes en territoire pakistanais, près de la frontière afghane, au moment où les troupes américaines se préparent à quitter l’Afghanistan à la fin de 2014. Un haut responsable du département d’État a insisté sur ce point auprès des journalistes qui accompagnent M. Kerry. Les Pakistanais « ne seront en mesure de résoudre leurs propres problèmes de sécurité intérieure, d’offrir une stabilité économique aux investisseurs et d’avoir des voisins stables que s’ils renforcent leur contrôle sur les refuges » dont disposent les insurgés afghans en territoire pakistanais, a déclaré le diplomate. La visite de M. Kerry est la première d’un chef de la diplomatie américaine depuis celle de Hillary Clinton en octobre 2011. A l’époque, Mme Clinton avait déjà exhorté les dirigeants pakistanais à démanteler les refuges des insurgés afghans dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan. L’insistance américaine sur ce point depuis des années a eu « quelques succès limités », a reconnu le responsable américain. « Mais nous allons continuer à dire avec force qu’il s’agit d’une priorité essentielle pour le gouvernement » pakistanais. Selon ce diplomate américain, après plus de quatre années de fortes tensions entre Washington et Islamabad, les États-Unis espèrent que l’élection de Nawaz Sharif au poste de Premier ministre en mai dernier et le prochain retrait des troupes américaines d’Afghanistan vont permettre de rétablir des relations plus sereines. « Nous avons de toute évidence eu des relations plutôt tumultueuses avec le Pakistan au cours des derniers quatre ans et demi », a déclaré le responsable. A présent, « je crois que nous sommes entrés dans une période très constructive », a-t-il dit. Les relations bilatérales ont connu une crise particulièrement grave après l’exécution en mai 2011 par un commando américain du chef d’Al-Qaïda Oussama ben Laden, qui vivait caché en territoire pakistanais. Par ailleurs, Islamabad proteste régulièrement contre les nombreuses attaques de drones américains contre des extrémistes islamistes réfugiés dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan. Le Pakistan considère que ces opérations constituent une atteinte à sa souveraineté, mais les États-Unis estiment qu’elles sont un élément clé de la lutte contre les groupes extrémistes dans la région. Le Pakistan est lui-même le théâtre de très nombreux attentats sur son territoire qui ont fait plus de 40.000 morts depuis 2001. La visite de M. Kerry était très attendue au Pakistan, où il s’est rendu de nombreuses fois lorsqu’il était président de la commission des Affaires étrangères du Sénat et où il est très respecté. Le nouveau Premier ministre Sharif a déclaré qu’il voulait renforcer les relations entre Islamabad et Washington, mais que les États-Unis devaient davantage tenir compte des préoccupations du Pakistan à propos des frappes de drones. Outre l’insurrection islamiste, le Pakistan, seule puissance nucléaire militaire du monde musulman, fait face à de grave difficultés économiques et à une crise énergétique. « Nous voulons un partenariat avec le peuple pakistanais qui couvre un large éventail de dossiers d’importance pour nous: l’antiterrorisme, l’Afghanistan, le commerce et l’investissement, la stabilité régionale », a résumé un autre responsable américain. « Cela n’a jamais été une tâche facile, mais elle demeure essentielle ». (Belga)

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