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Zuckerberg prononce le mea culpa attendu mais laisse les députés sur leur faim

Le patron du réseau social Facebook Mark Zuckerberg a prononcé mardi, devant les chefs de groupe du parlement européen, le mea culpa qu’il avait déjà présenté il y a un mois au Sénat américain, à la suite du scandale de Cambridge Analytica. Il a toutefois laissé sans réponse plusieurs questions délicates des députés, en promettant d’y répondre par écrit par la suite.

« Nous n’avons pas empêché suffisamment l’utilisation de ces outils à des fins nuisibles: fake news, terrorisme, etc, nous n’avons pas pris acte de nos responsabilités, c’est une erreur, je la regrette et je m’en excuse », a affirmé M. Zuckerberg devant le président du parlement et les chefs de groupes.

Le jeune milliardaire (34 ans) a répété les mesures que son réseau social a prises pour contrer ces manquements, comme le doublement du nombre de collaborateurs affectés à la sécurité « pour atteindre le nombre de 20.000 d’ici la fin de cette année ».

Ces investissements « ont un impact significatif sur notre bénéfice, mais la sécurité des êtres humains passera toujours avant la maximalisation de nos bénéfices », a assuré M. Zuckerberg, énonçant diverses autres mesures de restriction d’accès aux données personnelles pour les applications numériques.

En 2016, « nous avons été trop lents à identifier les interférences russes sur notre plate-forme, nous étions focalisé sur les cyber-attaques traditionnelles telles que le fisching ou les malware », a-t-il ajouté. L’année suivante, Facebook a coopéré avec des agences gouvernementales de pays où se déroulaient des élections pour protéger ces processus démocratiques de la désinformation. « En France, en 2017, nous avons éliminé plus de 30.000 comptes faux ».

Facebook a déjà annoncé qu’il appliquerait au monde entier les mesures du nouveau règlement européen de protection des données (RGPD) qui entrera en vigueur ce vendredi.

Limitée à une grosse heure, l’audition a permis au patron de Facebook de rester dans des considérations déjà connues et d’éviter les questions les plus délicates des chefs de groupes.

Il a ainsi rapidement balayé d’un revers de main une question du libéral Guy Verhofstadt lui demandant si son activité ne constituait pas un monopole. « Êtes-vous prêts à ouvrir vos livres aux autorités européennes anti-trust ? », avait notamment demandé l’ancien Premier ministre belge. « Nous vivons dans un monde très concurrentiel, avec une moyenne de huit systèmes de communication utilisés par personne, et je vois émerger de nouveaux concurrents au quotidien », a brièvement répondu M. Zuckerberg.

Le co-président du groupe des Verts, le Belge Philippe Lamberts, s’est agacé à la fin de la réunion de constater que le trentenaire n’avait répondu à aucune de ses questions précises, comme de savoir si Facebook mettra en place un système pour refuser systématiquement les pubs ciblées, s’engagerait à éradiquer tous les faux comptes d’ici la fin du trimestre ou ne ferait plus passer les profits de son entreprise par l’Irlande ou d’autres paradis fiscaux.

Hôte de la réunion, le président du parlement européen Antonio Tajani a rappelé que tout le monde connaissait la durée limitée de la réunion vu que M. Zuckerberg devait prendre un avion. L’Américain a quant à lui promis de répondre individuellement et par écrit à chaque question qui lui avait été posée. Des cadres de Facebook seront encore entendus dans quelques jours en commission du parlement européen.

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