© IMAGEGLOBE

« Zéro tolérance » contre l’antisémitisme

Le Vif

Le Premier ministre conservateur hongrois, Viktor Orban, a prôné dimanche soir « la tolérance zéro » contre l’antisémitisme à l’ouverture à Budapest de la 14e assemblée générale du Congrès juif mondial (WJC) alors que les incidents antisémites se sont multipliés dans le pays au cours des derniers mois.

Le ministre israélien de l’Energie, Silvan Shalom, présent au congrès, a réagi plutôt positivement, déclarant: « Le Premier ministre Viktor Orban a adressé un signal fort et clair à la communauté juive hongroise et aux extrémistes avec son refus de tolérer l’antisémitisme ».

Dans un communiqué, le WJC s’est montré toutefois plus critique: « Nous saluons le fait que le Premier ministre ait qualifié l’antisémitisme comme inacceptable et intolérable. Mais, nous regrettons qu’il n’ait fait aucune référence à quelque incident antisémite ou raciste que ce soit et n’a pas non plus marqué avec clarté la différence entre le gouvernement et la frange d’extrême droite. Les actes sont plus forts que la parole aussi bien intentionnée soit-elle ».

Et le discours du chef du gouvernement hongrois est aussi loin d’avoir convaincu de nombreux délégués, à l’instar de Jonathan Hayoun, président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui l’a qualifié de « scandale »: « Il ne contenait aucune mesure concrète contre l’antisémitisme, aucune référence à la réalité », a-t-il déclaré à l’AFP. « Ce n’était que de la propagande, en contraste avec les actes
de son gouvernement ».

Devant plus de 500 délégués, Viktor Orban a souligné que « l’antisémitisme est intolérable et inacceptable ». « Nous avons un devoir moral de le défier avec une tolérance zéro ».

Selon lui, l’antisémitisme est « plus grave » dans d’autres pays et, en Hongrie, la montée de l’antisémitisme et du racisme est « un résultat de la crise économique ». Il a affirmé que son gouvernement était « à la recherche de solutions » pour la combattre.

Plus tôt dans la journée, en Autriche, le président de la République hongroise, Janos Ader, a participé à l’inauguration d’un nouveau Mémorial à l’ancien camp de concentration nazi de Mauthausen. « L’histoire nous apprend à ne jamais faire de concessions aux forces qui ont créé les dictatures inhumaines du 20e siècle », a-t-il déclaré.

Avant l’ouverture de l’assemblée générale, le Congrès juif mondial avait déclaré attendre du gouvernement hongrois « des mesures efficaces » contre l’antisémitisme.

Ainsi, Serge Cwajgenbaum, président du Congrès juif européen (EJC), avait demandé au gouvernement hongrois de renforcer la législation contre les auteurs d’actes antisémites: « Il faut des lois très sévères, comme celles qui ont été adoptées récemment en Grèce, où le gouvernement a pris la décision d’interdire les manifestations antisémites et de mettre en garde les députés d’extrême droite qui peuvent perdre leur immunité parlementaire et être assignés en justice. C’est ce type de législation que nous attendons de ce pays », avait-il souligné.

Samedi encore, le parti d’extrême droite Jobbik (17% des voix aux élections législatives en 2010) avait rassemblé 500 manifestants à Budapest, voulant ainsi rendre hommage aux « victimes du sionisme et du bolchevisme », tout en dénonçant « le complot israélien contre la Hongrie ».

C’est pourquoi, le congrès se déroule sous la protection d’un exceptionnel dispositif de sécurité mis en place par les autorités hongroises.

La 14e assemblée générale elle-même commencera lundi avec l’intervention du ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, suivie du compte-rendu d’activité et de l’élection de la direction du WJC. Dans l’après-midi aura lieu un débat sur la situation au Proche-orient.

Mardi, le renforcement des idéologies d’extrême droite sera à l’ordre du jour, avec la stratégie du WJC pour 2013-2017.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire