Population déplacée entre Sanaa et Marib, au Yéman. © Reuters

Yemen : une situation « apocalyptique » à Marib

Le Vif

Une délégation sénatoriale française de retour du Yémen a fait état jeudi d’une situation « apocalyptique » dans la ville de Marib, rendant « plus que jamais nécessaire » la conférence humanitaire prévue fin juin à Paris.

Cette conférence a été confirmée il y a une semaine par l’Elysée à la suite d’un entretien téléphonique entre le président français Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane.

« Marib est passée de 400.000 habitants à un peu plus de 3 millions », a souligné la sénatrice Nathalie Goulet à l’initiative de la visite des parlementaires, la seule d’une délégation étrangère au Yémen depuis 2014, dans la perspective de la conférence.

« Le contexte y est réellement apocalyptique », a-t-elle ajouté, précisant que « la relative stabilité de la région de Marib explique que les réfugiés y arrivent de toute part ».

La délégation, formée de cinq sénateurs et un député, n’a pu séjourner que dans cette ville, y restant 24 heures.

« Les besoins sont immenses », a ajouté Mme Goulet, notamment pour les enfants, avec des conditions minimum de survie pour les enfants en bas âge.

« Marib constitue probablement la pire situation que je n’ai jamais vue », a confié la sénatrice qui a pourtant l’expérience de camps de réfugiés et de déplacés partout dans le monde.

Elle a aussi souligné les difficultés d’accès à cette ville pour les ONG. « Marib n’est accessible à la communauté humanitaire qu’à travers les lignes de front, ce qui est impossible depuis Sana. Depuis Aden, il faudrait passer par de très nombreux barrages. Reste la voie d’accès par le Nord, c’est-à-dire l’Arabie saoudite. Beaucoup d’opérateurs ne l’envisagent pas pour préserver leur neutralité », a-t-elle dit.

Pour elle, la conférence humanitaire devrait permettre la création d’un sas pour laisser passer les ONG.

Elle propose aussi de faire évoluer l’Arabie saoudite, très présente sur le terrain avec le King Salman Center, « vers plus de partage de l’action humanitaire ». « Il faut valoriser le travail saoudien sur les enfants soldats qui est exemplaire » et intégrer la question des mines antipersonnel qui « ne semble pas être la priorité des Saoudiens ».

La guerre au Yémen a fait quelque 10.000 morts depuis l’intervention en 2015 de l’Arabie saoudite et ses alliés contre les rebelles Houthis soutenus par l’Iran et qui contrôlent la capitale Sanaa.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire