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Yémen: l’EI s’acharne contre les forces loyalistes, tuant 41 soldats

Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) s’acharne sur les forces gouvernementales yéménites et sur les jeunes soldats qu’elles tentent de recruter dans le sud du pays où un double attentat a fait au moins 41 morts lundi.

Ce double attentat contre des recrues de l’armée et une base militaire à Aden est le deuxième en moins de dix jours à viser les forces que le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, en guerre contre les rebelles, cherche à mettre sur pied pour sécuriser les zones sous son contrôle.

Les deux attaques ont eu lieu dans le quartier de Khor Maksar, non loin de l’aéroport international d’Aden, dont les accès ont été fermés par les forces de sécurité, a indiqué à l’AFP le général Nasser Al-Sarei, chef des forces spéciales à Aden.

Dans la matinée, un kamikaze a actionné sa ceinture d’explosifs parmi des dizaines de jeunes recrues rassemblées devant un bureau d’enrôlement à Khor Maksar, faisant au moins 34 morts, a-t-il expliqué.

L’attentat a eu lieu à proximité de la résidence du commandant de la base militaire Badr, le général Abdallah Soubeihi, selon lui.

Peu après, une forte explosion a secoué la base militaire Badr où « un engin explosif a été activé à distance et a visé un groupe de soldats », a-t-il ajouté.

« Au moins sept militaires ont trouvé la mort dans cette explosion survenue à l’intérieur de la base », a indiqué à l’AFP le général Al-Sarei.

Des sources médicales ont confirmé à l’AFP le bilan de 41 morts dans les deux attentats, revendiqués rapidement par l’EI qui a indiqué dans un communiqué s’en être pris à « l’armée des apostats ».

Des corps déchiquetés

Le lieu du premier attentat offrait des scènes de désolation: des flaques de sang inondaient le sol et plusieurs paires de sandales étaient éparpillées, témoignant du carnage et du grand nombre de victimes, selon des images exclusives diffusées par Sky News Arabia, la chaîne de télévision d’Abou Dhabi.

« C’est horrible: des corps ont été déchiquetés et des morceaux de chair projetés à des dizaines de mètres », a rapporté à l’AFP un habitant du quartier.

« Ces jeunes étaient venus remplir les dernières formalités pour leur enrôlement et encaisser leur première solde », a-t-il dit, indigné.

A l’hôpital public Al-Joumhouriya, où 32 victimes ont été transportées selon des témoins, des femmes en pleurs laissaient éclater leur colère dès qu’elle reconnaissaient un proche parmi les victimes, a indiqué Ramzi al-Fadhli, un témoin sur place.

Les attaques, revendiquées ou attribuées à des groupes jihadistes, contre des symboles de l’Etat se sont multipliées ces derniers mois dans le sud et le sud-est du pays, dans une apparente tentative d’entraver les efforts du gouvernement de remettre sur pied l’armée et les forces de sécurité.

Le 15 mai, un kamikaze a actionné sa ceinture d’explosifs parmi des dizaines de jeunes recrues de la police à Moukalla, chef-lieu du Hadramout (sud-est), faisant 41 morts et plus de 50 blessés. Cet attentat avait été revendiqué par l’EI.

En avril, vingt recrues de l’armée avaient été tuées dans une embuscade tendue par des jihadistes dans la province d’Abyane, voisine de celle du Hadramout. Et en février, un attentat revendiqué par l’EI avait fait 14 morts dans un centre de formation de l’armée à Aden, la grande ville du sud.

Les attentats de lundi au Yémen coïncident avec ceux revendiqués par l’EI en Syrie qui ont fait plus de 100 morts dans deux fiefs du régime, ainsi que l’offensive lancée le même jour par les forces irakiennes pour reprendre Fallouja (à l’ouest de Bagdad) aux jihadistes.

L’EI et d’Al-Qaïda ont profité de la guerre qui oppose depuis mars 2015 les forces loyalistes aux rebelles chiites Houthis, alliés aux partisans de l’ex-président Ali Abdallah Saleh, pour intensifier leurs actions dans le sud et le sud-est du Yémen.

Le Yémen est en proie au chaos depuis l’entrée en septembre 2014 dans la capitale Sanaa de rebelles Houthis, accusés par l’Arabie sunnite voisine de liens avec l’Iran chiite.

Des pourparlers de paix, engagés le 21 avril à Koweït, ont repris lundi à Koweït après une interruption de près d’une semaine à l’initiative de la délégation du gouvernement, toujours méfiante à l’égard des rebelles, selon l’ONU.

Les Etats-Unis, qui s’inquiètent de la montée en puissance de l’EI, ont inscrit cette semaine les branches du groupe au Yémen, en Arabie saoudite et en Libye sur leurs listes noires « terroristes ».

Les deux attentats ont eu lieu dans le quartier de Khor Makasr, non loin de l’aéroport international d’Aden, dont les accès ont été fermés par les forces de sécurité, selon la même source, dont le bilan été confirmé à l’AFP par des sources hospitalières. Un premier bilan concernant le premier attentat faisait état de 20 morts.

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