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Yémen : Ali Abdallah Saleh abandonne le pouvoir

La révolution arabe n’a pas encore propagé la démocratie de Tunis au Caire. Mais elle épingle déjà à son tableau de chasse trois potentats. Après l’éviction avérée du Tunisien Ben Ali et celle programmée de l’Egyptien Moubarak, c’est le Yéménite Ali Abdallah Saleh qui annonce son retrait.

Face à la contestation populaire qui a suivi rapidement, à Sanaa, la révolution du Jasmin en Tunisie, il a décidé le mercredi 2 février de renoncer définitivement à un amendement constitutionnel qui lui aurait ouvert une présidence éternelle. « Je suis contre un mandat à vie, et contre la transmission héréditaire du pouvoir », a justifié le président Saleh, mercredi. Le principe d’un amendement constitutionnel qui devait être examiné par les députés à partir du 1er mars et l’intention du président yéménite d’introniser son fils aîné Ahmed comme dauphin n’étaient donc que de la fiction pour amuser le peuple.

La fin du « règne » d’Ali Abdallah Saleh, arrivé à la tête du Yémen du Sud le 17 juillet 1978, est donc prévue dans les prochains mois, sauf soulèvement. Car l’opposition ne s’est pas satisfaite de cette promesse et était déterminée à poursuivre les manifestations. Il reste que la succession du président Saleh ouvrira une période d’incertitude dans un pays pauvre, fragilisé par des tensions entre le Nord et le Sud (reliquat de la division du pays jusqu’en 1990) et aux prises avec une rébellion issue de la minorité chiite et un noyau actif d’islamistes de la nébuleuse Al-Qaeda.

Des dizaines de milliers de partisans de l’opposition ont manifesté dans le calme jeudi à Sanaa. « Nous poursuivrons notre lutte pacifique jusqu’à la chute de ce régime injuste », ont clamé des orateurs du Forum commun, une alliance de l’opposition parlementaire, s’adressant à une foule estimée par les organisateurs à quelque à 100.000 personnes.

Simultanément, une contre-manifestation a été organisée par le parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CPG), sur la place Al-Tahrir (Libération), où l’opposition avait prévu de manifester, contraignant les protestataires à changer le lieu de leur rassemblement. Les organisateurs de cette contre-manifestation ont clamé eux aussi avoir réuni près de 100.000 personnes.

Mais au Yémen, aucun incident sérieux n’a été signalé durant les deux manifestations de l’opposition et du pouvoir, qui ont pris fin en début d’après-midi, à l’heure de la séance du qat, une feuille à l’effet euphorisant dont la consommation le rythme quotidien des Yéménites.

Des manifestations à l’appel de l’opposition se sont également déroulées dans plusieurs autres villes du pays, notamment à Aden (sud), Taëz et Ibb (centre), selon des correspondants de l’AFP.

G.P. et Belga

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