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WikiLeaks: Manning, condamné à 35 ans, pourrait sortir dans 9

Le Vif

Après plus de trois ans derrière les barreaux, le soldat américain Bradley Manning, coupable de la plus importante fuite de documents secrets de l’histoire des Etats-Unis, s’est vu infliger une peine de 35 ans de prison, mercredi, par une cour martiale.

Cette peine, qui veut servir d’exemple pour tous les soldats qui envisageraient une fuite similaire, comme l’avait réclamé le gouvernement américain, met un point final à un procès fleuve, ouvert le 3 juin après plus d’un an d’audiences préliminaires. Elle intervient sur fond d’une autre affaire retentissante de fuites, celles de l’Américain Edward Snowden, portant sur les programmes d’espionnage de l’Agence nationale de la sécurité (NSA).

Visage pâle d’adolescent, Bradley Manning, 25 ans, menu et frêle entre ses deux avocats civil et militaire, s’est levé, raide dans son uniforme bleu marine, à l’annonce de la peine, énoncée laconiquement par la juge Denise Lind vers 10H15 (14H15 GMT). « PFC Manning vous êtes condamné à être incarcéré pendant 35 ans et à être renvoyé de l’armée pour déshonneur », a déclaré la juge, lors de cette ultime audience qui a duré moins de dix minutes.

Manning pourrait sortir après neuf ans

Son avocat David Coombs a fait savoir qu’il déposerait un appel en grâce auprès du président Barack Obama, pour implorer sa clémence, a indiqué Nathan Fuller, du Réseau de soutien de Bradley Manning.

Même s’il encourait 90 ans de réclusion pour des faits d’espionnage, de fraude et de vol de documents, et que le gouvernement en avait requis « au moins 60 ans », cette peine est la plus longue infligée en matière de fuite de documents confidentiels. Elle pourra cependant être réduite par un système de remise de peine pour bonne conduite après avoir purgé un tiers de sa peine. Si ce système lui est favorable, Bradley Manning pourrait dès lors sortir de prison après neuf ans. WikiLeaks a immédiatement salué « une victoire stratégique significative ».

La juge a rappelé que Manning bénéficiait en outre de 1.294 jours de remise de peine, correspondant à plus de trois ans de détention préventive, dont neuf mois de régime d’isolement strict.

Manning pourra ensuite faire appel devant la Cour d’appel supérieure des forces armées et devant la Cour suprême des Etats-Unis. Il peut également demander la clémence de l’armée auprès de l’autorité supérieure de la justice militaire américaine. Son jugement sera réexaminé automatiquement en appel par la Cour pénale d’appel de l’armée de terre.

En début de semaine, le procureur militaire Joe Morrow avait demandé à la juge Denise Lind « d’envoyer un message à tous les soldats qui envisageraient de voler des informations classifiées », requérant six décennies de prison.

De son côté, son avocat David Coombs avait demandé au colonel Lind de punir son client, certes, mais d’une peine qui lui donne la « possibilité de vivre » et permette la réinsertion d’un accusé « jeune », « humaniste », « très intelligent », « naïf certainement, mais bien intentionné ».

La semaine dernière, le jeune homme avait regretté « avoir fait du mal aux gens et aux Etats-Unis », quelques jours après que la juge Lind l’a reconnu coupable, entre autres chefs d’accusation, d’espionnage et de fraude. Elle l’avait en revanche acquitté de celui de « collusion avec l’ennemi », en l’occurrence Al-Qaïda.

Tout au long des audiences, sur la base de Fort Meade, près de Washington, l’avocat de Manning a fait la part belle aux troubles de l’identité sexuelle du jeune homme, mais aussi à son enfance difficile avec des parents alcooliques.

L’ancien analyste du renseignement en Irak a reconnu avoir transmis quelque 700.000 documents confidentiels au site internet WikiLeaks qui les a ensuite publiés. Ces documents, 250.000 câbles diplomatiques et 500.000 rapports militaires classés secrets défense, concernent aussi bien la diplomatie américaine que les guerres en Irak et en Afghanistan.

L’affaire Manning a pris une dimension particulière ces dernières semaines avec les révélations d’un autre « lanceur d’alertes », celles de l’Américain Edward Snowden, portant sur les programmes de surveillance de masse menés par la NSA.

Mais, s’il est inculpé d’espionnage par son pays, Snowden est en revanche réfugié en Russie, où les autorités lui ont accordé un asile temporaire d’un an.

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