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Wikileaks: le cas Assange provoque un tourbillon diplomatique

Le fondateur controversé de Wikileaks, qui s’est réfugié dans l’ambassade londonnienne d’Equateur, continue à troubler l’ordre international. Alors que la Suède l’attend pour un procès, Quito veut le protéger… mais les autorités britanniques ne l’entendent pas de cette oreille. LeVif.be fait le point.

Julian Assange n’abandonne jamais. Que ce soit pour divulguer des dossiers classés confidentiels qui pourraient lui valoir la peine de mort aux Etats-Unis, ou pour obtenir l’asile politique. Depuis le 19 juin, il s’est réfugié à l’ambassade d’Equateur à Londres, où il a déposé une demande d’asile politique pour éviter son extradition vers la Suède. L’Equateur,pays qui a soutenu la démarche de Wikileaks, a finalement décidé d’accéder à sa demande ce jeudi. Mais le Royaume-Uni ne veut rien savoir et tient bon: le fondateur du site d’information doit être extradé.

En effet, ni le Royaume-Unis, ni la Suède, pays où Assange est accusé de viol et d’agression sexuelle, ne l’entendent de cette oreille. La Suède rejette « fermement toute accusation » selon laquelle sa justice ne garantit pas les droits de la défense, a déclaré jeudi le ministre des Affaires étrangères Carl Bildt sur son compte Twitter. L’Australie, pays d’origine d’Assange, a elle aussi jeté l’éponge il y a quelques mois et cessé de le de soutenir. « Finalement (…) c’est une affaire entre M. Assange et l’Equateur » et « de plus en plus, il semble que ce soit une affaire entre l’Equateur et la Grande-Bretagne », a déclaré la ministre de la Justice, Nicola Roxon, à la radio ABC.

Malin, Julian Assange n’a pas fait sa demande d’asile politique au hasard. Il s’est logiquement tourné vers l’Equateur, pays qui avait déjà soutenu la démarche de Wikileaks en 2010. Par ailleurs, il s’est dirigé vers l’un des rares pays qui ne risque pas de le remettre aux États-Unis, l’Equateur étant particulièrement hermétique aux pressions américaines. Ce jeudi après-midi, Quito a d’ailleurs officiellement décidé d’accorder l’asile politique à Julian Assange. Ce dont le « cyberwarrior » s’est aussitôt réjoui, affirmant que la décision de Quito est « une victoire importante. »

Selon le chef de la diplomatie équatorienne, « la position qu’a adoptée le gouvernement de Grande-Bretagne est inadmissible, tant du point de vue politique que du point de vue juridique. Une entrée non autorisée dans l’ambassade d’Equateur serait une violation flagrante de la Convention de Vienne » sur les missions diplomatiques, a déclaré Ricardo Patino.

Ce qu’il risque

Julian Assange devra répondre aux accusations de viol et d’agression sexuelle s’il était extradé en Suède, mais il pourrait bien transiter par les Etatas-Unis. Il dit d’ailleurs redouter d’être transféré dans un second temps aux Etats-Unis pour y répondre d’espionnage après la divulgation par son site de 250.000 télégrammes diplomatiques; ce qui peut être passible de la peine de mort sur le territoire américain.

De l’autre côté, Londres a averti jeudi qu’il ne laisserait pas Julian Assange quitter l’ambassade d’Equateur – menaçant même de mener l’assaut contre le bâtiment. « Nous sommes déçus » par la décision de Quito, a indiqué le Foreign Office dans un communiqué. « Mais, conformément à notre législation, monsieur Assange ayant épuisé toutes ses possibilités d’appel, les autorités britanniques sont dans l’obligation de l’extrader vers la Suède. Nous nous soumettrons à cette obligation. La décision du gouvernement équatorien ne change rien à cela ». Le ministère britannique des Affaires étrangères a toutefois ajouté qu’il recherchait « toujours une solution négociée qui permette (aux autorités britanniques) de remplir (leurs) obligations dans le cadre du Traité d’extradition ».

Dans une note confidentielle rendue publique tôt dans la journée de jeudi par ce même Foreign Office, les dirigeants britanniques affirmaient déjà qu’ils « si nous recevions une demande de sauf-conduit pour monsieur Assange, après qu’il aura obtenu l’asile politique (de l’Equateur), ceci serait refusé, conformément à nos obligations légales. » Allant encore plus loin, le gouvernement anglais a fait savoir qu’il pourrait aller jusqu’à aller chercher Assange au sein même de l’ambassade. Londres pourrait justifier une telle intervention par une loi de 1987 sur les statuts des locaux consulaires et diplomatiques qui permet de lever l’immunité d’une ambassade sur le sol britannique.

Par Cécile Jandau

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