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Washington accentue la pression sur Pyongyang mais salue sa « retenue »

Les Etats-Unis ont pris mardi de nouvelles sanctions commerciales pour accentuer la pression sur la Corée du Nord tout en saluant la récente « retenue » de Pyongyang, considérée comme un possible premier pas vers de futures négociations dans le dossier nucléaire.

La diplomatie américaine a manié dans la même journée la carotte et le bâton.

Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a ainsi tenu à profiter d’une conférence de presse sur la stratégie des Etats-Unis en Afghanistan pour expressément tenir un discours d’apaisement, après l’escalade de juillet-août. Bien loin du « feu » et de la « colère » promis il y a seulement deux semaines par le président américain Donald Trump si la Corée du Nord continuait à menacer l’Amérique avec ses ambitions nucléaires.

« Je suis content de voir que le régime de Pyongyang a montré un certain niveau de retenue que nous n’avions pas vu par le passé », depuis l’adoption d’une résolution de l’ONU sur de nouvelles sanctions draconiennes, a-t-il noté.

Il a espéré que l’absence d’essais balistiques ou nucléaires signalait la volonté du régime de Kim Jong-Un d’entamer des pourparlers directs avec Washington, « à un moment donné dans un futur proche ».

« Il faut qu’ils en fassent davantage mais je tiens à souligner les gestes qu’ils ont fait jusque-là. Je crois que c’est important de le souligner », a insisté le chef de la diplomatie américaine, qui s’est déjà montré ouvert par le passé à des négociations à condition qu’elles portent sur la dénucléarisation de la Corée du Nord –dont Kim Jong-Un ne veut pas entendre parler.

Ce message positif intervient juste après de nouvelles sanctions du Trésor américain, qui a désigné mardi dix entreprises et six individus, Chinois et Russes, accusés d’apporter leur aide financière à la Corée du Nord en important notamment du charbon.

Chine et Russie

« Le département du Trésor continuera d’accroître sa pression sur la Corée du Nord en visant ceux qui soutiennent le développement des programmes nucléaire et balistique et en les isolant du système financier américain », a prévenu le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin.

« Il est inacceptable que des individus ou des entreprises en Chine, en Russie ou ailleurs permettent à la Corée du Nord de générer des revenus utilisés pour développer des armes de destruction massive », a-t-il souligné.

Les autorités ont prononcé par conséquent le gel aux Etats-Unis de tous les biens et avoirs des personnes désignées tandis que les citoyens américains ont pour interdiction de commercer avec eux.

Les sanctions visent en particulier d’importants importateurs de charbon, dont la société chinoise Zhicheng, sur lesquels s’appuie le dirigeant nord-coréen pour développer ses programmes de développement d’armes nucléaires et missiles balistiques.

Selon Washington, les seules entreprises industrielles chinoises visées par les sanctions de mardi ont importé du charbon nord-coréen pour un demi-milliard de dollars entre 2013 et 2016.

Les Etats-Unis ont également sanctionné trois ressortissants russes, Mikhaïl Pisklin, Andreï Serbin et Irina Huish qui, au travers des entreprises Transatlantic et Velmur, ont approvisionné la Corée du Nord en pétrole.

Parmi les autres entités visées figurent les sociétés Dandong Rich Earth Trading, basée en Chine, et Gefest-M, basée à Moscou, qui auraient acheté des matières premières (vanadium, métaux) également au profit d’entreprises liées aux programmes militaires nord-coréens.

‘Corriger cette erreur’ –

Ces sanctions font suite à l’adoption le 6 août par le Conseil de sécurité de l’ONU, sur proposition des Etats-Unis, de la résolution 2.371 visant à supprimer des revenus tirés des exportations nord-coréennes, notamment dans les secteurs du charbon, du fer et de la pêche.

Un porte-parole de l’ambassade de Chine à Washington a déclaré à l’AFP que Pékin « respecte fidèlement les résolutions du Conseil de sécurité » visant Pyongyang.

« La Chine s’oppose aux sanctions unilatérales hors du cadre du Conseil de sécurité », a-t-il souligné, avant d’appeler « fermement les Etats-Unis à corriger immédiatement leur erreur, afin de ne pas affecter la coopération bilatérale ».

Les tensions entre la Corée du Nord et les Etats-Unis étaient à leur comble il y a une dizaine de jours. Des tests de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) montrant que l’Amérique était à portée de tir de Pyongyang avaient provoqué les propos tonitruants de Donald Trump.

Le régime nord-coréen avait, lui, répliqué en promettant de tirer une salve de missiles à proximité du territoire américain de Guam, dans le Pacifique.

Kim Jong-Un a finalement décidé de ne pas mettre immédiatement à exécution ce projet, tout en prévenant que la suite des opérations ne dépendait que du comportement de Washington.

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