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Volkswagen s’enfonce dans la crise avec maintenant une fraude au CO2.

Le Vif

Après le trucage à grande échelle de ses moteurs diesel, Volkswagen a avoué de nouveaux mensonges sur le CO2, précipitant le géant allemand de l’automobile encore un peu plus dans la crise mercredi.

Volkswagen, colosse aux 12 marques, a fait état d' »irrégularités » sur les émissions de dioxyde de carbone de 800.000 voitures, ajoutant un nouveau volet au scandale retentissant qui l’ébranle depuis mi-septembre.

Le gouvernement allemand a jugé ces nouvelles révélations « sérieuses » et rappelé le groupe à « son devoir de faire la lumière de manière transparente et complète » sur toutes les tricheries qu’on lui reproche. Dans la même veine la Commission européenne lui a demandé d' »accélérer son enquête interne ».

Concrètement, les émissions de CO2 – déterminant dans le réchauffement climatique – de certains véhicules de marque VW, Skoda, Audi et Seat sont plus élevées que ce que Volkswagen promet sur le papier.

Le quotidien allemand FAZ donnait mercredi en exemple la Golf Blue Motion de VW, qui émet plus de 100 grammes de CO2 par kilomètre, au lieu des 90 g/km affichés dans ses spécifications techniques.

Le plafond imposé par les normes européennes est actuellement de 130 g/km.

– secret de Polichinelle –

ONG et régulateurs s’inquiètent depuis longtemps d’émissions de CO2 supérieures à ce que publient les constructeurs. L’ONG Transport & Environment (T&E) a mesuré un différentiel de 40% sur les voitures immatriculées en Europe en 2014.

Mais même si l’écart entre les faits et les promesses est un secret de polichinelle, cette révélation tombe au pire moment pour Volkswagen, mettant à nu un groupe apparemment gangrené par mensonges et tricheries.

« La confiance (dans Volkswagen) est complètement anéantie », a estimé l’expert automobile allemand Ferdinand Dudenhöffer.

La fraude – qui contrairement à celle dévoilée il y a six semaines, n’implique pas le recours à un logiciel ou autre manipulation – a été découverte à la faveur de l’enquête interne en cours dans le groupe, où le nouveau patron Matthias Müller a promis de tout remettre à plat.

Mi-septembre Volkswagen, démasqué par les autorités américaines, avait avoué avoir équipé le moteur diesel de 11 millions de véhicules d’un logiciel capable de fausser les résultats des tests antipollution. Les voitures concernées émettent beaucoup plus d’oxydes azote (NOx), autre gaz polluant, qu’elles ne devraient.

Ces véhicules vont être rappelés pour être remis aux normes, il en coûtera des milliards d’euros à Volkswagen. Le groupe doit en outre s’attendre à des pénalités, et va être l’objet d’une kyrielle de procès, de clients floués et d’actionnaires qui ont laissé des plumes dans la dégringolade du cours de Bourse.

Le titre a perdu près de 40% en quelques semaines à Francfort, et dévissait à nouveau de 8,42% à 101,65 euros peu avant 14H GMT mercredi.

‘Qui a menti une fois …’

Volkswagen, dont les résultats ont viré au rouge au troisième trimestre du fait du scandale, évalue à 2 milliards d’euros le « risque financier » supplémentaire de cette nouvelle affaire dans l’affaire, anticipant que certains clients voudront être remboursés.

Les révélations sur le CO2 sont arrivées seulement un jour après de nouvelles accusations à l’encontre des moteurs diesel : selon l’agence pour l’environnement EPA, Volkswagen aurait triché aussi sur les émissions de NOx avec des moteurs de 3 litres, et pas seulement des moteurs plus petits comme connu jusqu’ici.

Volkswagen a démenti l’installation d’un logiciel truqueur, mais « celui qui a menti une fois, on ne le croit plus », commentait le FAZ.

Ces reproches mettent les projecteurs sur M. Müller, arrivé aux manettes au pied levé en septembre et ancien patron de Porsche, une marque désormais dans le viseur de l’EPA.

« Müller est issu du système », a critiqué M. Dudenhöffer, estimant que Volkswagen avait besoin « d’un tout nouveau départ ».

Mme Merkel de son côté réclame que Volkswagen se dote « de structures qui fassent en sorte que de tels écarts de conduite n’arrivent plus », a rappelé son porte-parole.

M. Müller prévoit une réorganisation et un changement de culture qui doivent décentraliser le groupe. Et certains observateurs ont commencé à spéculer sur un démantèlement, les noms de filiales prestigieuses mais relativement petites comme Lamborghini ou les motos Ducati circulant déjà comme possibles candidates à une vente.

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