© Image Globe

Viol collectif en Inde : la victime lutte contre la mort

Le Vif

Une étudiante, dont le viol en Inde est emblématique des violences faites aux femmes dans ce pays, y provoquant d’importantes manifestations, « luttait contre la mort », ce vendredi dans un hôpital de Singapour.

L’état de la jeune femme, violée par six hommes puis battue à coups de barre de fer à la mi-décembre à New Delhi, « s’est gravement détérioré », a annoncé ce vendredi l’hôpital Mount Elizabeth, où la victime avait été transférée la veille par avion sanitaire, depuis l’Inde, une décision vivement critiquée par les médecins. « Ses signes vitaux se détériorent avec indication de graves insuffisances organiques », a déclaré le directeur de l’hôpital, Kelvin Lohn.

« Le 28 décembre, à 21H00 (13H00 GMT), son état a brusquement empiré » a-t-il ajouté. « Et cela, en dépit de la lutte des médecins pour sa survie, notamment un dispositif maximal d’assistance respiratoire, des doses massives d’antibiotiques et de stimulants pour optimiser sa capacité à lutter contre les infections ». M. Loh a ajouté que l’hôpital avait informé les membres de la famille de la victime de l’aggravation de son état et qu' »ils étaient actuellement à son chevet pour l’encourager et la réconforter ».

Un peu plus tôt dans la journée, les médecins avaient indiqué que la jeune femme, qui souffrait d’une infection pulmonaire et d’une lésion cérébrale, en plus d’un arrêt cardiaque, « luttait contre la mort ».

Une vague d’indignation

Cette étudiante en kinésithérapie âgée de 23 ans, dont le nom n’a pas été révélé, avait été sauvagement agressée le 16 décembre, à bord d’un autobus, par six hommes qui l’ont violée, battue à coups de barre de fer puis jetée hors du véhicule.

Cette agression a provoqué une vague d’indignation dans le pays où les victimes de viols et d’agressions sexuelles peinent souvent à obtenir justice. Elle a donné lieu à de vastes manifestations dans le centre de Delhi, une intervention télévisée du Premier ministre Manmohan Singh et la création d’une commission d’enquête.

Opérée à trois reprises à l’hôpital Safdarjung de la capitale indienne en raison de graves blessures intestinales, la jeune femme avait été transférée jeudi à Singapour dans un état critique. La décision de la transférer par avion sanitaire a été prise lors d’une réunion mercredi du gouvernement Singh, qui a promis de prendre en charge tous les frais médicaux. Certains médias ont toutefois allégué que ce transfert était destiné à apaiser l’opinion publique et éviter la réédition des violentes manifestations qui ont ébranlées New Delhi et entraîné la mort d’un policier.

Selon des médecins indiens, l’étudiante a été transférée à Singapour pour une probable greffe d’organes. « C’est une décision politique », qui n’a aucun sens, s’est ému Samiran Nundy, chef du service de transplantation d’organes et de gastro-chirurgie de l’hôpital Sir Ganga Ram de New Delhi. « Je ne comprends pas comment on peut transférer un patient dans un état critique qui souffre d’infection du sang et du corps avec une forte fièvre et est placé sous respiration artificielle ».

Le Premier ministre indien a reconnu dans les violences contre les femmes « un problème » significatif en Inde où près de 90% des 256.329 crimes violents enregistrés en 2011 avaient une ou des femmes pour victime(s), selon les chiffres officiels.

Manmohan Singh a promis de mieux protéger les femmes contre les crimes sexuels et souhaité des peines plus sévères pour leurs auteurs. Il a également ordonné la création d’une commission d’enquête spécialement chargée de cette affaire.

Les photos, noms et adresses des violeurs condamnés seront désormais publiés sur des sites internet de l’administration fédérale. La mesure concernera d’abord New Delhi dont l’insécurité lui a valu le surnom de « capitale du viol ». Par ailleurs, davantage de femmes officiers devraient être recrutées dans la police de Delhi.

La police a indiqué ce vendredi qu’une jeune écolière de 15 ans a eu la gorge tranchée après un viol collectif, jeudi, dans l’état d’Uttar Pradesh.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire