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Viktor Orban, un conservateur populiste hongrois, à la tête de l’UE

Le conservateur aux forts accents populistes Viktor Orban, qui prend la présidence tournante de l’Union européenne début janvier, gouverne la Hongrie d’une main de fer, ignorant les avis tant de l’opposition que du Fonds monétaire international (FMI).

Fort de son triomphe électoral en avril, après huit années de purgatoire dans l’opposition, il proclame dans son serment le début d’une nouvelle ère en Hongrie.

Sa majorité des deux-tiers au parlement, du jamais vu dans le pays depuis la chute du communisme, lui donne toute latitude pour agir à sa guise car il peut aussi modifier la constitution.

Et, depuis qu’il dirige le gouvernement avec son parti Fidesz, les réformes, souvent controversées, se sont succédées à vive allure. A son arrivée au pouvoir, le pays est en pleine cure d’assainissement, après avoir évité la faillite grâce à un prêt de 20 milliards d’euros accordés par le Fonds monétaire international (FMI), l’Union européenne et la Banque mondiale.

L’une des premières initiatives de M. Orban, 47 ans, sera d’aller à Bruxelles tenter de négocier des conditions plus souples. Budapest s’était engagé à réduire son déficit, qui plafonnait à plus de 9% en 2006, à moins de 3% pour 2011 (et 3,8% en 2010).

Mais, le bouillant Orban a besoin de plus de marge de manoeuvre pour tenir sa grande promesse électorale de baisser de façon radicale les impôts.

L’UE refuse. Irrité, il décide de « reprendre en mains la souveraineté économique » du pays, en faisant en priorité appel au marché pour se refinancer et surtout en faisant voter différentes mesures pour alimenter les caisses du pays.

Les fonds de pensions privés sont nationalisés et leur épargne, d’un montant de 11 milliards d’euros, intégrée dans les comptes de l’Etat.

Il fait adopter aussi des taxes extraordinaires dites « de crise » concernant les multinationales, souvent étrangères, dans les secteurs de la banque, des télécommunications, de l’énergie et du commerce de détail.

Pour les petites et moyennes entreprises (PME) à majorité hongroise, il fait passer une baisse de la taxe sur les bénéfices, qui descend de 16% à 10%.

Parallèlement, il place ses fidèles à tous les postes-clés des institutions indépendantes, comme la Cour des comptes, l’Office du Procureur général, la Présidence de la République ou encore l’Organe de supervision des institutions financières. Il a aussi supprimé le Conseil budgétaire, créé en 2008, pour surveiller la réduction du déficit.

Seuls à lui avoir jusqu’ici résisté, la Banque centrale (MNB) et son président, Andras Simor. Mais là aussi, M. Orban pourra bientôt, grâce à une modification de la loi de nomination, influencer aussi la politique monétaire de l’institution. Un projet qui a suscité « l’inquiétude » de la Banque centrale européenne (BCE).

Sous sa férule, le dialogue social est réduit à la portion congrue, les lois votées à la hâte: une motion déposée un vendredi tard dans la soirée est souvent votée comme loi le mardi suivant.

L’opposition hongroise, impuissante, espère que l’UE domptera ce « lion ». Il a fallu l’adoption récente d’une réforme des médias, qualifiée par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) de « menace pour la liberté de la presse », pour que l’Europe envoie à M. Orban un début de rappel à l’ordre diplomatique. L’Allemagne a ainsi rappelé que la Hongrie, « en tant que pays qui va prendre la présidence de l’UE (…), assume une responsabilité particulière pour l’image de l’ensemble de l’Union dans le monde ».

Le Vif.be, avec Belga

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