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Videla disparaît avec ses secrets sur les disparus de la dictature

Le Vif

L’ancien dictateur argentin Jorge Videla est mort en emportant ses secrets et la lumière n’a toujours pas été faite sur les crimes de la dictature et le sort des 30.000 disparus répertoriés par les organismes de défense des droits de l’homme.

Que sont-ils devenus ? Où sont les corps ? Ont-ils été brûlés, enterrés ou jetés dans l’Atlantique ? Les questions sans réponses sont nombreuses.

Figure emblématique des Grand-mères de la Place de Mai, Estela de Carlotto a exprimé son « soulagement qu’il ne soit plus là, mais (sa) peine qu’il se soit tu (…), qu’il n’ait pas contribué à ce qu’on sache où sont les 30.000 disparus ».

« Il ne s’est pas confessé, regrette-t-elle, il n’a pas eu un geste d’humanité » pour les familles de disparus.

De leurs côtés, les militaires évoquent de 7.000 à 8.000 disparus dans une « guerre » contre les guérillas de gauche qui s’opposaient à la junte.

L’ancien prix Nobel de la paix Adolfo Perez Esquivel a lui aussi regretté que Jorge Videla emporte avec lui des informations clés. Jorge Videla, souligne-t-il, « part avec de nombreuses informations mais la justice doit élucider ce qu’il est advenu des disparus et des enfants ».

« Les militaires gardent tout pour eux mais un jour, l’information sortira », assure Perez Esquivel, distingué du prix Nobel pour son combat contre la dictature.

Au cours des dernières années, plus de 250 personnes, notamment des militaires, ont été jugées et condamnées mais aucun n’a fait de révélations sur les disparus.

Nora Cortinas, dirigeante d’une des deux associations des Mères de la Place de Mai dédiées à la recherche des disparus de la dictature (1976-1983), note « que (les dictateurs) meurent et emportent les secrets les plus importants de l’Histoire, ils meurent en emportant les secrets de cette époque tragique ».

Le député Horacio Pietragalla, 37 ans, fait partie des 108 enfants de parents disparus qui ont récupéré leur identité grâce à l’action des Grand-mères de la Place de Mai, après avoir été confiés à des proches de la junte. Il s’émeut de la disparition de l’ex-dictateur, « sans ouvrir la bouche, convaincu de ce qu’il a fait ».

Faute de pouvoir arracher des aveux aux militaires, les familles de disparus se tournent régulièrement vers l’Eglise pour réclamer l’ouverture de ses archives. Cette demande a même été transmise au nouveau pape François, qui l’a toujours refusé en tant que primat d’Argentine.

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