Marine Le Pen © REUTERS

Victoire de Trump: l’extrême droite française pleine d’espoir pour 2017

Le Vif

Comme Donald Trump aux Etats-Unis, la chef de l’extrême droite française Marine Le Pen, portée par une dynamique favorable, espère faire mentir les sondages qui la donnent perdante au second tour de la présidentielle en 2017.

Avant même que la victoire du candidat républicain ne soit scellée, la présidente du parti Front national (FN) a twitté: « Félicitations au nouveau président des Etats-Unis Donald Trump et au peuple américain, libre ! MLP ».

Tout au long de la nuit, alors que les Etats américains basculaient les uns après les autres en faveur du milliardaire, les tweets des responsables du FN se faisaient de plus en plus euphoriques. Le vice-président du parti, Louis Aliot s’est ainsi réjoui du « bras d’honneur de l’Oncle Sam à une élite arrogante ! »

Pour les frontistes, la victoire de M. Trump est une réplique à grande échelle de deux séismes en Europe: la défaite à quelques voix de leur allié dans la présidentielle autrichienne de mai (un scrutin depuis invalidé et qui sera rejoué début décembre) puis la « divine surprise » du Brexit fin juin.

Surtout, ils y voient une répétition générale avant le succès de leur propre candidate, Marine Le Pen, à la présidentielle française du printemps. « Aujourd’hui les Etats-Unis, demain la France ! », a twitté à l’aube le chef historique de l’extrême droite française Jean-Marie Le Pen qui a légué en 2011 les rênes du FN à sa fille.

Tout semble sourire au Front national, en progression constante depuis 2012 et arrivé en tête au premier tour de régionales l’an dernier avec un score historique de 28%. A six mois de la présidentielle, l’impopulaire chef de l’Etat François Hollande a plongé la gauche dans le marasme, à droite la primaire a déclenché une guerre des chefs.

Les multiples attentats jihadistes depuis 2015 ont concentré les discours de tous bords sur la sécurité, l’immigration, l’identité: une trilogie portée par le Front national depuis sa création en 1972.

« Avantage énorme, Marine Le Pen n’a jamais participé au pouvoir. Ca gomme beaucoup d’aspects peu crédibles de son programme », soulignait récemment le chercheur Jean-Yves Camus.

« Nous ne sommes pas du sérail », déclarait d’ailleurs Marine Le Pen dans un entretien sur CNN en septembre, en se comparant à Donald Trump. « Nous ne participons pas du système, nous ne dépendons de personne, nous n’allons pas prendre d’ordres auprès de telle puissance financière ou de tels intérêts de multinationales. »

Depuis des mois, elle s’était régulièrement prononcée en faveur d’un « tout sauf Hillary Clinton ». Le milliardaire américain s’est lui gardé jusque-là d’afficher ouvertement des sympathies pour Mme Le Pen.

Refus des alliances

Portée par cette dynamique, Marine Le Pen devrait, selon toutes les enquêtes d’opinion, se qualifier pour le second tour de la présidentielle, certains la donnent même en tête du premier tour. Mais tous les sondages également la donnent battue le 7 mai. Hypothèse la plus probable: la victoire reviendrait au candidat de droite.

Pour le politologue Joël Gombin, « l’élection présidentielle, qui a un mode de scrutin majoritaire à deux tours, impose de disposer d’une coalition électorale pour l’emporter et de convaincre au-delà de son camp ».

Or, depuis 1958 « aucun parti n’a réussi à dépasser seul la barre des 50% des voix exprimées » et « le FN est justement dans ce refus des alliances », ce qui le rend attractif mais le prive de réserves de voix au second tour, selon lui.

Loin des saillies racistes et antisémites de son père, la stratégie de « dédiabolisation » de Marine Le Pen depuis son accession à la tête du parti en 2011 lui a permis de convaincr des électeurs de droite qui adhèrent à ses arguments anti-immigration, mais aussi à gauche, où elle joue sur la déception très forte notamment sur le front endémique du chômage.

Mais, malgré ses efforts pour rassurer, son image reste clivante. Et son programme économique, notamment la sortie de l’euro, inquiète.

« Elle n’est pas battue d’avance. Ceux qui pensent (…) qu’il n’y a aucun danger du côté de l’extrême droite se trompent lourdement », mettait toutefois en garde un ministre socialiste avant même la surprise Trump.

L’élection du Républicain « veut dire que le populisme extrême peut gagner », a ajouté mercredi l’ancien Premier minsitre de droite Jean-Pierre Raffarin. « Ca veut dire que Mme Le Pen, avec des réponses simples, peut gagner en France ».

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