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Vers des tests de résistance pour nos centrales nucléaires ?

Le très grave accident nucléaire au Japon a ravivé les inquiétudes en Europe sur ce mode de production d’énergie, poussant certains pays à geler des projets dans ce secteur et à renforcer les contrôles des nombreuses centrales du Vieux Continent pour rassurer la population.

D’ores et déjà, la chancelière allemande Angela Merkel, sous la pression d’une opinion très inquiète, a annoncé lundi un moratoire de trois mois sur l’allongement de la durée de vie des réacteurs nucléaires du pays, élément majeur du programme de sa coalition conservateurs-libéraux. Le Parlement avait décidé à l’automne d’allonger de 12 ans en moyenne la durée de vie des 17 réacteurs nucléaires du pays, alors qu’ils auraient dû s’arrêter vers 2020.

La Suisse a annoncé de son côté la suspension de ses projets de renouvellement de centrales nucléaires, en l’attente d’éventuelles « normes (de sécurité) plus strictes ».

« Ce qui se passe au Japon est manifestement un accident nucléaire très grave et le risque de grande catastrophe ne peut être écarté », a estimé lundi Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre française de l’Environnement, lors d’une réunion avec ses homologues de l’UE à Bruxelles.

« L’énergie nucléaire est une réalité et ce sera le cas pendant un certain temps »

Le Japon a officiellement demandé l’aide de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et des Etats-Unis. Malgré tout, Nikolaus Berlakovitch, ministre autrichien de l’Environnement, dont le pays a rejeté l’atome en 1978, a réclamé des « tests de résistance pour les centrales nucléaires » de toute l’Europe, qui compte au total 143 réacteurs. La France compte le parc nucléaire le plus important de l’UE, avec 19 centrales et 58 réacteurs.

L’énergie de l’atome, du fait de ses faibles émissions en CO2, semblait jusqu’à récemment avoir le vent en poupe en Europe en raison du réchauffement climatique, de l’envolée des prix des hydrocarbures et de la raréfaction attendue du pétrole. Mais avec la situation au Japon, le vent des opinions risque de tourner.

« La catastrophe au Japon suscite beaucoup d’inquiétude en Italie », a souligné à Bruxelles la ministre italienne Stefania Prestigiacomo. L’Italie a abandonné le nucléaire en 1987. Or, elle « veut entrer dans le système nucléaire européen », a précisé la ministre. Son homologue polonais, Janusz Zaleski, a abondé dans ce sens : « La Pologne est en train de travailler à son projet nucléaire et les événements au Japon vont provoquer une discussion. »

La Commission européenne a convoqué pour mardi, à Bruxelles, une réunion des ministres de l’Energie de l’UE, des autorités nationales de sûreté nucléaire et des industriels du secteur pour tirer les premières leçons de la situation au Japon et envisager des mesures. Connie Hedegaard, commissaire en charge du Climat, s’est toutefois montrée réaliste : « L’énergie nucléaire est une réalité et ce sera le cas pendant un certain temps. »

LeVif.be, avec Belga

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