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« Vent de changement » au Koweït

Le gouvernement a démissionné aujourd’hui, premier signe concret d’un changement qui est demandé par le peuple depuis deux mois.

Le gouvernement du Koweït a présenté aujourd’hui sa démission à l’émir, a annoncé le ministre d’Etat aux affaires du cabinet, Roudhane al-Roudhane, cité par l’agence officielle Kuna. Cette démission survient après que des députés eurent soumis au Parlement des demandes d’audition de trois ministres, tous membres de la famille régnante des Al-Sabah.

L’agitation politique des deux derniers mois a retardé plusieurs réformes économiques importantes et l’opposition des parlementaires a déjà provoqué plusieurs démissions ou remaniements ministériels. L’émir du Koweït, le cheikh Sabah Al Ahmad Al-Sabah, devrait maintenant charger le premier ministre sortant, le cheikh Nasser Al-Mohammad Al-Sabah, de former un nouveau gouvernement.

Des tensions avec le Bahreïn et l’Iran

Au coeur de la polémique de ces derniers jours, il y a le ministre des Affaires étrangères, le cheikh Khaled Ben Ahmed Al-Khalifa, accusé par un député de ne pas avoir arrêté la diffusion d’une émission télévisée jugée « insultante » pour la communauté chiite du Koweït. Cette émission citait de riches familles chiites koweïtiennes comme des pourvoyeurs de fonds du mouvement de contestation à Bahreïn, un pays à majorité chiite.

Le récent mouvement de protestation à Bahreïn a effectivement divisé la population koweitienne, composée à 40% de chiites et à 45% de sunnites. Le chiites sont restés solidaires avec les protestations populaires au Bahreïn, tandis que les sunnites ont lancé contre l’Iran des accusations de manipulation des chiites. Les tensions entre le Koweït et l’Iran ont conduit à la crise. De plus, le Koweït a imposé l’expulsion de diplomates iraniens accusés d’avoir conspiré contre la sécurité de l’émirat.

Les revendications du peuple A l’intérieur du pays, les Koweïtiens se distinguent quand-même de tous les autres Arabes par les relations particulières qu’ils entretiennent avec la famille régnante des Al-Sabah, à la tête de l’état depuis plus de deux siècles et aimée par le peuple. Mais si le rôle des Al-Sabah reste intouchable, les Koweïtiens ne renoncent pas pour autant à exiger des reformes. Comme dans d’autres pays arabes, la famille régnante a une propension à concentrer le pouvoir et à intervenir dans ce qui relève de la compétence du gouvernement. L’émir même n’est pas politiquement neutre, alors qu’il devrait être simplement le « père » impartial de la nation, et non le chef de l’exécutif. C’est pourtant la figure du premier ministre Nasser Al-Mohammad, membre de la famille régnante, qui pose davantage de problèmes aux yeux du peuple. Accusé de corruption en faveur de certains députés, il a été contesté dans les rues le 8 mars.

« Ce 8 mars, trois groupes de jeunes ont appelé à manifester dans la capitale malgré l’interdiction du gouvernement », relatait le quotidien Al-Qabas. Les manifestants n’exigent pas la chute du régime, mais l’application de la Constitution et donc une véritable monarchie constitutionnelle. Ils ont invoqué la démission du Premier ministre, qui incarne la mainmise de la famille royale sur le gouvernement.

A.S.

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