La présidente de l'Assemblée nationale constituante, Delcy Rodriguez. © AFP

Venezuela: l’ambassadeur du Brésil et le chargé d’affaires canadien personae non gratae

Le Venezuela a déclaré « personae non gratae » l’ambassadeur du Brésil, Ruy Pereira, et le chargé d’affaires du Canada, Craib Kowalik, a annoncé samedi la présidente de l’Assemblée nationale constituante, Delcy Rodriguez.

Dans le cadre des « compétences de l’Assemblée constituante, nous avons décidé de déclarer persona non grata l’ambassadeur du Brésil jusqu’à ce que soit rétabli l’ordre constitutionnel que le gouvernement a de facto violé dans ce pays frère », a déclaré Mme Rodríguez, faisant allusion au président brésilien Michel Temer.

Ce dernier a pris le pouvoir il y a un an et demi, après la destitution controversée de Dilma Rousseff (gauche), dont il était le vice-président. Les relations entre les deux pays sont gelées depuis.

Quant au chargé d’affaires du Canada, la présidente de l’Assemblée constituante vénézuélienne lui reproche « une ingérence permanente, insistante, grossière et vulgaire dans les affaires intérieures du Venezuela ».

Le Canada a haussé le ton contre le régime du président Nicolas Maduro pour l’inciter au dialogue avec l’opposition et pris contre lui des sanctions. Le gouvernement canadien a par exemple décidé vendredi de geler les avoirs au Canada et d’interdire sur son territoire 52 responsables du Venezuela, de Russie et du Soudan du Sud, qu’il accuse d’être corrompus ou liés à des violations des droits de l’homme.

En outre, le Mercosur, dont fait partie le Brésil aux côtés de l’Argentine, du Paraguay et de l’Uruguay, a appelé jeudi le Venezuela à libérer ses prisonniers politiques et à respecter les droits de l’Homme. Le Mercosur a suspendu en août dernier le Venezuela, submergé par une profonde crise politique et en plein naufrage économique, accusant Nicolas Maduro de violer les droits de l’Homme.

Demande de libération d’opposants

Une commission de l’Assemblée constituante vénézuélienne, progouvernementale, a recommandé samedi la remise en liberté de plus de 80 opposants au chef de l’Etat, dont certains détenus depuis 2014.

La présidente de l’Assemblée, Delcy Rodriguez, qui est également à la tête d’une commission de la Vérité chargée de mener une enquête sur les mouvements de protestation contre le président vénézuélien, au cours desquels ces personnes ont été arrêtées, a déclaré que cette recommandation avait été adressée à M. Maduro ainsi qu’aux institutions judiciaires compétentes.

« Nous espérons que çà sera fait dans les heures à venir », a-t-elle dit, ajoutant que les fêtes de Noël constituaient un « moment de réconciliation ».

Selon elle, ces personnes se trouvent actuellement dans des prisons ainsi que dans des centres de détention de l’armée. Elle a suggéré de remplacer leur emprisonnement par des travaux d’intérêt général. Certaines d’entre elles sont incarcérées depuis les manifestations contre le chef de l’Etat de 2014 tandis que d’autres le sont depuis les protestations de rue du printemps 2017 qui ont fait 125 morts.

Le sort des opposants incarcérés a fait l’objet de négociations entre le gouvernement et la coalition de la Table de l’unité démocratique (MUD, opposition) qui se sont récemment déroulées en République dominicaine, les deux parties cherchant à trouver une solution pour sortir le Venezuela d’une grave crise politique et économique. Une troisième session de discussions est prévue pour les 11 et 12 janvier.

L’opposition avait demandé au président Maduro cette semaine de libérer avant Noël les « prisonniers politiques », dont le nombre est estimé à 268 par des ONG.

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